Trois organisations non gouvernementales ont saisi la justice en France contre les sociétés Dassault, Thalès et MBDA France, les accusant de complicité de crimes de guerre, en raison de leur vente d’armes à l’Arabie saoudite et aux Émirats arabes unis qui les ont utilisées contre des civils au Yémen.
Canel Lavit, membre du Centre européen pour les droits constitutionnels et humains (ECCHR), et l’une des parties civiles qui ont porté plainte, a expliqué que ces trois sociétés « exportent des armes à la coalition (dirigée par l’Arabie saoudite), tout en sachant qu’elle commet des crimes de guerre depuis 2015 au Yémen. »
Ces ONG accusent également ces entreprises de « complicité » de crimes contre l’humanité.
Le Centre pour les droits et le développement « Œil de l’humanité » a annoncé, le mois de mai dernier, que « le nombre total de martyrs et de blessés, pendant les 2 600 jours d’agression de la coalition contre le Yémen (à l’époque), a atteint les 46 374, dont 17 775 martyrs et 28 599 blessés. »
Le 1er avril dernier, l’Organisation internationale pour les migrations, affiliée aux Nations unies, a annoncé que plus de 25,5 millions de Yéménites vivaient désormais sous le seuil de pauvreté, en raison de la guerre menée par la coalition saoudienne contre le pays depuis plus de 7 ans.
Ces ONG accusent le groupe Dassault d’avoir permis des attaques « contre des civils et des infrastructures civiles », en vendant des avions, et surtout en assurant la maintenance de 59 avions Mirage acquis par les Emirats qui participent à la coalition, « ce qui leur a permis de continuer à les utiliser », selon les clarifications de Lavit.
La décision de vendre aux Émirats arabes unis les 80 avions Rafale le mois de décembre dernier pouvait être interprétée comme une incitation à commettre des violations du droit international humanitaire, selon ces ONG.
Quant à la société MDPA France, elle est visée pour avoir exporté des missiles « Storm Shadow » et « Scalp » pour les forces de la coalition. Tandis que Thalès est accusé de lui fournir le système de guidage de missiles « Damoclès et Talios », selon la même source.
« Si nous fournissons des armes à une entité soupçonnée d’avoir commis des crimes à répétition, nous facilitons la perpétration de ces crimes », a souligné Mme Lavit.
En 2019, 5 ONG, dont Mouwatana (Citoyenneté) , Amnesty International et le ECCHR avaient porté plainte auprès de la Cour pénale internationale contre 11 sociétés européennes d’armement, dont Dassault, Thales, MBDA France et Airbus.
En Italie, 3 ONG, dont Mouwatana, poursuivent depuis 2018 la société d’armement RWM Italia, l’accusant d’avoir fourni les bombes qui ont tué 6 civils, dont 4 enfants, en 2016 dans le nord du Yémen.
Source: Médias