Le magazine américain Bloomberg Businessweek a révélé dans un article comment les entreprises high-tech de sécurité israéliennes font des affaires dans plusieurs pays du Golfe, dont l’Arabie saoudite et les Emirats. Bien qu’elles soient connues par les autorités de ces pays, ces entreprises opèrent en catimini.
L’article du magazine explique que ces entreprises travaillent avec les gouvernements des pays du Golfe dans divers domaines.
Les services de Shamuel Bar
Shamuel Bar, qui a travaillé pour les services de renseignements israéliens, a œuvré avec les forces de sécurité saoudiennes pour les aider à identifier des terroristes potentiels sur les réseaux sociaux, affirme Businessweek.
Et d’expliquer : « il y a deux ans, un e-mail est arrivé de manière inattendue. Quelqu’un appartenant à l’échelon supérieur du pouvoir en Arabie Saoudite, a invité Bar à discuter d’un éventuel projet par Skype. Il n’y avait qu’un hic : Bar devait installer une société-écran à l’étranger afin de masquer l’identité israélienne de son entreprise : IntuView. Ce n’est pas un problème, a t-il dit et il s’est mis à travailler pour démasquer les terroristes saoudiens avec un programme de logiciel appelé IntuScan, qui peut gérer 4 millions de messages Facebook et Twitter par jour. Un peu plus tard, ce travail s’est élargi pour mener des recherches sur ce que pense l’opinion publique de la famille royale saoudienne ».
« Si c’est un pays qui n’est pas hostile à Israël et qu’on peut aider, eh bien nous le ferons! », dit Bar à propos de l’Arabie.
« Bar affirme qu’il rencontre librement, ces temps-ci, des Saoudiens et d’autres Arabes du Golfe lors de conférences à l’étranger et d’événements privés. Le commerce et la collaboration dans les technologies de pointe et le renseignement sont florissants entre Israël et un panel d’Etats Arabes, même si les gens et les entreprises s’impliquent rarement à en parler publiquement », poursuit le magazine, cité par Jforum.
Et d’ajouter : IntuView dispose de licences d’exportation israéliennes et du soutien entier de son gouvernement, afin d’aider tout pays confronté à des ‘menaces de l’Iran’ et des groupes takfiristes. « Si c’est un pays qui n’est pas hostile à Israël que nous pouvons aider, nous le faisons », dit Bar, selon lequel il n’y a que la Syrie, le Liban, l’Iran et l’Irak qui sont exclus de cette assistance.
Les Saoudiens et d’autres Etats arabes riches en pétrole sont semble-t-il bien contents de payer pour cette contribution; « Le boycott arabe? », s’interroge Bar, « Ca n’existe tout simplement pas ».
Les entreprises israéliennes aux secours d’Aramco
Le domaine de la cybersécurité est particulièrement propice à la collaboration, écrit le magazine américaine. Et d’expliquer : En 2012, quand des hackers ont percé le système des ordinateurs d’Aramco, la société saoudienne d’hydrocarbures, les entreprises israéliennes ont été appelées à contribuer à déverrouiller le trafic et « certaines d’entre elles sont impliquées quotidiennement » par l’intermédiaire de compagnies off-shore, déclare Erel Margalit, spécialiste du capital-risque et membre du Parlement israélien.
6 millions de $ d’infrastructures sécuritaires pour les Emirats
Le volume et l’étendue de l’activité israélienne dans au moins six pays du Golfe deviennent de plus en plus difficiles à dissimuler, révèle Bloomberg.
Un entrepreneur israélien a mis sur pied des entreprises en Europe et aux Etats-Unis. Celles-ci ont installé des infrastructures sécuritaires pour les Emirats Arabes Unis, pour le coût de plus de 6 millions de $, en employant des ingénieurs israéliens.
Bracelet électronique lors du pèlerinage
Les mêmes entreprises ont ensuite coopéré avec l’Arabie Saoudite sur la façon de gérer le surpeuplement de La Mecque, lors du grand pèlerinage. L’article cite notamment le bracelet électronique imposé à chaque pèlerin.
D’autres affaires commerciales israéliennes sont en cours dans le Golfe, par le biais de sociétés-écran, portant sur la désalinisation, les infrastructures de protection, la cybersécurité et la collecte de renseignements.
« Sont actives toutes les grosses entreprises et certaines parmi les petites », déclare Shabtaï Shavit, qui a dirigé le Mossad entre 1989 et 1996 et qui est actuellement le patron de l’entreprise israélienne de sécurité Athena GS3.
Les ventes d’Elbit à l’Arabie Saoudite
La discrétion est particulièrement prisée quand il est question de ventes d’armes, indique le magazine américain.
Sur le site d’Elbit pour l’Amérique, dans le New Hampshire, une filiale d’Elbit Systems qui est ausi le plus grand contractant de défense privée d’ »Israël », il y avait une procédure particulière quand des clients en visite sont originaires du Koweït, du Qatar ou d’Arabie Saoudite.
Quant les visiteurs sont arrivés dans l’enceinte de la société, on a demandé d’oter tous les autocollants israéliens écrits en hébreu ainsi que les noms des employés inscrits sur les emballages.
La relation entre Elbit et l’Arabie Saoudite a fini par attirer une certaine attention, il y a deux ans, lorsque l’un des techniciens du New Hampshire, un Américain appelé Chris Cramer, est mort mystérieusement avant l’expérience faite sur un système de missiles dans le Royaume.
Selon le carnet de route que Cramer a posté sur Facebook, il avait été envoyé pour aider l’armée saoudienne par une série de démonstrations de mise à feu en direct du nouveau système de ciblage récemment amélioré pour les missiles TOW.
Les projets sur lesquels travaillent Kara
L’article de Bloomberg cite en outre le ministre israélo-arabe du Likoud, Ayoub Kara, qui œuvre pour le développement du projet d’acheminement Mer Rouge-Mer Morte pour la Jordanie, « Israël » et les Palestiniens.
Il s’agit d’un pipeline de 10 milliards de $ et d’une entreprise de désalinisation, en partie appuyé par la Banque Mondiale, qui siphonnera l’eau de la Mer Rouge vers la Mer Morte, à 426 mètres sous le niveau de la mer.
Le ministre très proche de Netanyahu incite les pays du Golfe à investir dans le projet d’un second pipeline de la Mer rouge, qui existe déjà et a été construit il y a 50 ans en partenariat avec le Shah d’Iran. Kara dit que la perspective d’utiliser le pipeline revient sans cesse dans les discussions avec les Saoudiens.
Par ailleurs, lors de la conférence EcoPeace pour le Moyen-Orient financé par la Suède, portant sur le partage régional des eaux, Kara s’est aussi arrangé pour rencontrer son homologue jordanien afin de discuter d’une possible route commerciale en provenance d’Europe et de Turquie, par l’entremise du port de Haïfa, àdestinantion de la Jordanie, l’Arabie Saoudite et des pays du Golfe.
Source: Sites