L’euro a brièvement touché la parité exacte avec le dollar, le mardi 12 juillet, sapé par le spectre d’une coupure prolongée des approvisionnements russes en gaz pour l’Union européenne.
Mais les investisseurs semblaient hésiter à franchir nettement ce cap symbolique et l’euro se stabilisait face au billet vert à 1,0035 dollar vers 20H00 GMT, quasiment inchangé (-0,04%).
« C’est évidemment un seuil très important, techniquement et psychologiquement », a souligné Mazen Issa, de TD Securities, pour justifier le petit rebond qui a suivi le passage à l’équilibre, une première depuis décembre 2002, quand les interrogations sur la jeune devise pesaient sur son cours.
L’analyste s’attend à ce que la monnaie unique profite, à court terme, de résistances techniques liées aux contrats à terme et autres instruments de couverture.
« Mais ce n’est que partie remise », selon lui, avant que l’euro ne se replie sous un dollar.
Le marché s’inquiète d’une crise énergétique majeure sur le Vieux Continent, doutant du rétablissement par la Russie des flux de gaz après une interruption pour maintenance sur le gazoduc Nord Stream 1. Cette situation accentue les craintes de récession en Europe.
L’énergie en provenance de Russie « est au cœur de la tourmente en Europe » et l’annonce par le Canada samedi qu’il restituerait à l’Allemagne des turbines destinées au gazoduc Nord Stream pour atténuer la crise énergétique avec la Russie « est sans impact positif », commente Jeffrey Halley, analyste chez Oanda.
Lundi, le géant russe de l’énergie Gazprom a entamé dix jours de maintenance sur le gazoduc Nord Stream 1.
L’Allemagne et d’autres pays européens attendent de voir si la livraison de gaz sera rétablie.
« La question clé est de savoir si le gaz reviendra après le 21 juillet. Les marchés semblent avoir déjà pris leur décision », note M. Halley.
Pour Mark Haefele, analyste chez UBS, un arrêt des livraisons russes de gaz en Europe « causerait une récession dans toute la zone euro avec trois trimestres consécutifs de contraction de l’économie ».
La Banque centrale européenne (BCE) aura donc du mal à resserrer sa politique monétaire pour lutter contre l’inflation galopante sans aggraver la situation économique.
La Réserve fédérale américaine (Fed) a plus de marge de manœuvre pour poursuivre ses hausses des taux, les chiffres de l’emploi publiés vendredi ayant montré que l’économie des Etats-Unis résiste pour l’instant mieux.
Valeurs refuges recherchées
Mercredi, les données sur l’inflation en France, en Allemagne et aux Etats-Unis pourraient nourrir les inquiétudes des investisseurs sur une divergence des économies des deux côtés de l’Atlantique.
« Si l’inflation américaine est plus forte que le marché ne le prévoit, cela pourrait profiter au dollar », les investisseurs pariant que la Fed va devoir agir encore plus vite pour remonter ses taux, estime Fawad Razaqzada, analyste chez Forex.com.
« Les investisseurs peinent à franchir le cap symbolique de la parité » et à faire tomber l’euro sous ce niveau, estime Walid Koudmani, analyste chez XTB.
« Ce rythme lent prouve qu’il s’agit d’un mouvement dans la durée de vente de l’euro et d’achat du dollar, et pas une manipulation du marché », ajoute M. Razaqzada.
L’euro est aussi en difficulté face au franc suisse, également une valeur refuge: il a reculé à 0,9836 franc suisse, un plus bas depuis 2015.
Le dollar brille également face aux autres monnaies considérées comme vulnérables au risque: la livre sterling a plongé jusqu’à 1,1807 dollar, un niveau plus atteint depuis mars 2020, quand le début de la pandémie de Covid-19 en Europe, en pleines négociations sur le Brexit, avait fait reculer la devise britannique à son plus bas niveau depuis 1985.
Source: Avec AFP