Taïwan a annoncé l’incursion mardi de plus de 20 avions militaires chinois dans sa zone de défense aérienne, au moment où la présidente de la Chambre des représentants américaine Nancy Pelosi a entamé une visite controversée dans cette île sur laquelle Pékin revendique la souveraineté.
« 21 avions de l’armée chinoise […] sont entrés dans l’ADIZ (Zone d’identification de défense aérienne, plus large que l’espace aérien) du sud-ouest de Taïwan le 2 août 2022 », a annoncé dans un communiqué sur Twitter le ministère taïwanais de la Défense, cité par l’AFP.
Avant l’arrivée de Mme Pelosi à Taïwan, la Chine a prévenu mardi que les États-Unis porteront la « responsabilité » de cette visite et qu’ils devront en « payer le prix ».
« Les États-Unis auront assurément la responsabilité [des conséquences] et devront payer le prix de leur atteinte à la souveraineté et à la sécurité de la Chine », a indiqué devant la presse une porte-parole de la diplomatie chinoise, Hua Chunying.
Plusieurs navires américains croisaient également mardi dans la région, dont le porte-avions USS Ronald Reagan, selon des sources militaires américaines.
Pékin considère l’île comme une partie de son territoire à réunifier, par la force si nécessaire, et a plusieurs fois mis en garde Washington contre une visite de la haute responsable qui serait vécue comme une provocation majeure.
Dans la foulée des menaces chinoises, la Russie, allié majeur de la Chine, a accusé les États-Unis de « déstabiliser le monde ». Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, avait déclaré que cette visite provoquait une « augmentation de la tension » dans la région et accusé Washington de choisir « la voie de la confrontation ».
Après que la visite de Nancy Pelosi se soit concrétisée, Moscou a estimé que la Chine avait le droit de prendre les « mesures nécessaires pour protéger sa souveraineté ».
Ambiguïté stratégique
Le ministère de la Défense taïwanais s’est dit tôt mardi « déterminé » dans un communiqué à protéger l’île contre les « menaces de la Chine ».
Les États-Unis pratiquent à l’égard de Taïwan une diplomatie dite « d’ambiguïté stratégique », consistant à ne reconnaître qu’un seul gouvernement chinois, celui de Pékin, tout en continuant à apporter un soutien décisif à Taipei.
Washington s’abstient toutefois de dire si les États-Unis défendraient ou non militairement l’île en cas d’intervention chinoise.
Le porte-parole du département américain de la Défense, John Kirby, a réitéré que cette politique restait inchangée.
La semaine dernière, lors d’un entretien téléphonique avec le président américain, M. Xi avait appelé les États-Unis à ne « pas jouer avec le feu ».
« Telle que nous la voyons, pareille visite semble très dangereuse et très provocatrice », avait renchéri lors d’une conférence de presse l’ambassadeur chinois aux Nations unies, Zhang Jun.
La semaine dernière, l’armée taïwanaise a effectué ses plus importantes manoeuvres militaires annuelles.
De son côté, la Chine organise depuis ces derniers jours de multiples exercices militaires « à munitions réelles » en mer, en général très près des côtes.