Des explosions ayant fait un mort et des blessés se sont produites mardi dans un dépôt de munitions sur le site d’un aérodrome militaire de la péninsule ukrainienne de Crimée, annexée par la Russie, qui a arrêté ses livraisons de pétrole via l’Ukraine.
L’armée russe a affirmé qu’aucun tir ni bombardement n’avait été à l’origine de ces déflagrations, d’abord signalées par les autorités de cette presqu’île.
« Plusieurs munitions destinées à l’aviation ont explosé dans un dépôt situé sur le territoire de l’aérodrome militaire de Saki, près de la localité de Novofiodorovka », a déclaré dans un communiqué l’armée russe, rapporte l’AFP.
Des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux montraient une boule de feu se former après une forte déflagration, tandis que d’épaisses volutes de fumée noire s’élevaient dans le ciel et que des vacanciers paniqués quittaient la plage située à proximité.
Le dirigeant de la Crimée, Sergueï Aksionov, a fait état d’une personne tuée dans ces explosions et son ministre de la Santé, Konstantin Skoroupski, de cinq blessés, parmi lesquels un enfant.
« Les touristes ne sont pas en danger. Nous vous demandons de garder votre calme », a dit un député russe élu dans cette péninsule, Alexeï Tcherniak.
Malgré le conflit, la Crimée est restée un important lieu de villégiature pour de nombreux Russes qui continuent de profiter de l’été sur ses rivages.
La Crimée, rattachée à la Russie en 2014 après un référendum basé sur le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, est en première ligne de l’opération que mène la Russie en Ukraine depuis fin février.
Des avions russes décollent régulièrement de Crimée pour frapper des cibles dans des régions sous le contrôle de Kiev et plusieurs zones de cette presqu’île sont situées dans le rayon d’action des canons et des drones ukrainiens.
Interruption des livraisons de pétrole russe
Mardi, l’entreprise russe responsable du transport des hydrocarbures, Transneft, a annoncé que les livraisons de pétrole russe par le territoire ukrainien à destination de la Hongrie, de la Slovaquie et de la République tchèque, Etats membres de l’Union européenne dépourvus d’accès à la mer, ont été interrompues le 4 août.
Transneft a expliqué que le paiement portant sur le droit de transit par l’Ukraine pour le mois d’août, effectué le 22 juillet, avait été refusé le 28 juillet à cause de l’entrée en vigueur de certaines sanctions contre la Russie.
Il s’agit des approvisionnements via une branche de l’oléoduc Droujba traversant l’Ukraine et qui dessert les trois pays concernés.
Les livraisons à la Pologne et à l’Allemagne, à travers le Bélarus, « se poursuivent » en revanche « normalement », a assuré Transneft.
L’UE s’efforce depuis le début du conflit en Ukraine de réduire sa dépendance énergétique à l’égard de la Russie, qu’elle accuse d’utiliser ses livraisons d’hydrocarbures comme une « arme de guerre », et a opté en juin pour un embargo progressif sur le pétrole russe.
Est en particulier prévu un arrêt des importations de brut par bateau dans les six mois, cependant que les Russes ont fortement diminué leurs envois de gaz à l’Europe ces dernières semaines.
L’approvisionnement par l’oléoduc Droujba a en revanche été autorisé à se prolonger « provisoirement », sans date limite.
Une concession obtenue par le Premier ministre hongrois Viktor Orban, qui cultive ses relations avec le président russe Vladimir Poutine et dont le pays dépend pour 65% de sa consommation de ce pétrole russe bon marché.
Parallèlement, les rotations régulières par la mer Noire pour ravitailler les marchés agricoles mondiaux, entamées la semaine dernière en vertu d’un accord signé le 22 juillet par les belligérants, se sont poursuivies, avec le départ mardi du port ukrainien de Tchornomorsk de deux navires chargés de 70.000 tonnes de céréales.
Selon l’état-major de l’armée ukrainienne, les Russes ont continué mardi de bombarder plusieurs localités de l’est de l’Ukraine, des environs de Tcherniguiv, dans le nord, de Kharkiv, dans le nord-est, ainsi que la ville de Mykolaïv, dans le sud.
Les Russes vont raccorder la centrale de Zaporijjia à la Crimée
La situation reste complexe à la centrale nucléaire ukrainienne de Zaporijjia, la plus grande d’Europe. Le site situé dans la partie méridionale de l’Ukraine a été la cible à la fin de la semaine dernière de frappes d’origine pour le moment indéterminée, les Russes et les Ukrainiens s’en renvoyant la responsabilité.
Actuellement, les militaires russes « mettent en oeuvre le programme (du groupe russe) Rosatom visant à la faire basculer sur les réseaux électriques de Crimée », a dénoncé dans la soirée le patron de la compagnie ukrainienne Energoatom, Petro Kotine.
89 millions de dollars d’aides
Sur un autre plan, le président américain Joe Biden a de son côté paraphé mardi la ratification par les Etats-Unis des adhésions de la Suède et de la Finlande à l’Otan.
Les Etats-Unis vont en outre consacrer 89 millions de dollars pour aider l’Ukraine à détruire les mines antipersonnelles posées, selon eux, volontairement par les soldats russes dans des zones habitées du nord du pays avant de s’en retirer en mars.
Le président français Emmanuel Macron et le Premier ministre britannique démissionnaire Boris Johnson ont pour leur part souligné lors d’un entretien téléphonique mardi soir l’importance de continuer à « soutenir l’Ukraine aussi longtemps que nécessaire ».