La couverture de la guerre en Ukraine présente des similarités frappantes avec celle de la guerre en Syrie. La plus déroutante est sans doute celle des événements dans la centrale nucléaire à Zarapojjia (Zaporizhzhya) dans le sud de l’Ukraine.
Depuis que cette plus grande centrale d’Europe a été conquise par les forces russes et leurs alliés du Donbass, le mois de mars dernier, elle fait l’objet de pilonnages. Ils sont devenus presque quotidiens ces dernières semaines.
La dernière attaque a eu lieu dans la nuit de mercredi à ce jeudi. 01H57 GMT, selon l’AFP.
« Le système d’urgence a été activé et l’unité numéro 5, arrêtée », a indiqué l’opérateur ukrainien des centrales atomiques Energoatom dans un communiqué sur Telegram.
Une ligne électrique de secours a par ailleurs été endommagée, a précisé le groupe tout en ajoutant qu’un des six réacteurs de la centrale continuait de fonctionner.
Dans toutes ces attaques, dont cette dernière, les autorités ukrainiennes ne cessent d’accuser la Russie de bombarder la centrale et les Russes leur rendent la balle les accusant d’être derrière ces bombardements.
« Les Russes effectuent des frappes d’artillerie sur l’itinéraire par lequel la mission de l’AIEA doit aller vers la centrale », a accusé ce jeudi sur Telegram le maire en exil d’Energodar, Dmytro Orlov.
Précisant que l’armée russe tirait sur Energodar « avec des mortiers et des armes automatiques et bombardent avec des roquettes ».
Selon la version du ministère de la Défense russe, les troupes ukrainiennes ont envoyé « deux groupes de saboteurs », qui ont « débarqué à bord de sept embarcations (…) à trois kilomètres au nord-est de la centrale nucléaire de Zaporijjia et ont tenté de prendre la centrale ».
Il a précisé que l’armée russe avait pris « des mesures pour anéantir l’ennemi, en faisant notamment usage de l’aviation militaire ».
Le site Intel Slava a diffusé sur Telegram des photos indiquant qu’il s’agit de la péniche, sur laquelle ce matin le débarquement ukrainien a tenté d’atterrir sur la rive sud du réservoir de Kakhovka et de capturer la centrale nucléaire de Zaporozhye.
Pourtant, logiquement , la version des Russes semble bien plus plausible que l’ukrainienne pour la simple raison que la centrale est occupée par eux et par leurs alliés ukrainiens. De plus, elle se trouve aux confins avec les zones qu’ils occupent, dont Kherson, la Crimée, et le Donbass, lesquelles seraient les plus affectées si les frappes provoquent des fuites nucléaires.
Plus est-il, comme le montre la carte, elle est plus proche de la frontière russe que de la capitale Kiev située à 445 km.
Il est certes vrai que le timing de la frappe de jeudi permet de soupçonner les deux belligérants.
Elle a eu lieu quelques heures avant l’arrivée de la délégation de 14 experts de l’Agence internationale de l’Energie atomique, présidée par Raphaël Grossi. « Pour y évaluer la situation sécuritaire » selon lui et envisager une présence permanente au motif de vouloir éviter une catastrophe nucléaire.
Il se peut très bien que les Ukrainiens aient tenté de profiter de la présence de cette délégation pour lancer ce coup de force afin de la restituer. Comme il est possible que les Russes l’aient réalisée pour dissuader l’AIEA de rester.
Mais cette attaque n’est pas sans rappeler une attaque au gaz sarin qui avait été perpétrée pendant la guerre en Syrie, en 2013, contre la Ghouta orientale en périphérie de Damas. Elle avait eu lieu le jour même où venait d’arriver en Syrie une délégation de l’ONU envoyée pour inspecter dans cette région sur l’utilisation d’agents chimiques.
Les rebelles et opposants syriens, et avec eux les médias et les régimes occidentaux n’ont pas manqué de lancer une campagne d’accusations arbitraires contre les forces régulières syriennes. Mais elles n’ont jamais expliqué comment le pouvoir syrien aurait pu mener une telle attaque qui ne ferait que le compromettre davantage, alors qu’il avait donné son autorisation à l’ONU d’envoyer sa délégation !!!
Pour les deux guerres, ukrainienne et syrienne, les agences internationales s’en tiennent à rendre compte des deux versions des faits, aussi bien celle de Kiev et de Moscou pour la première, que celle des opposants syriens et de Damas pour la seconde. Ce qui donne un semblant d’impartialité au traitement de l’information. Sachant néanmoins que ces agences ne manquent pas de privilégier celle du régime ukrainien et celle des rebelles syriens, placées généralement au début des papiers. Sans compter que sur le plan quantitatif, les déclarations émanant des Ukrainiens sont bien plus importantes.
« Les deux belligérants s’accusent depuis des semaines », rapportent en boucle ces agences sur les bombardements qui visent la centrale Zarapojjia.
Or, ce traitement de l’information sème la confusion auprès du public. Force est de constater qu’il est utilisé pour couvrir insidieusement l’agression de la partie soutenue par l’agence. Le conflit israélo-palestinien en a souffert pendant bien longtemps.
Source: Divers