La chaîne d’information yéménite Al-Masirah émettant depuis Sanaa a diffusé samedi 12 novembre des images d’une « fosse commune contenant des dizaines de victimes africaines tuées par les gardes-frontières saoudiens ». Ces images montrent des gardes-frontières saoudiens filtrant des dizaines de migrants éthiopiens, qui auraient été capturés dans les instants précédant leur assassinat.
Selon Amnesty international, des milliers de migrant·e·s éthiopiens travaillaient dans le nord du Yémen, pour gagner de l’argent et payer leur passage en Arabie saoudite.
Citant des survivants africains du massacre, al-Masirah rapporte que « des soldats saoudiens ont délibérément électrocuté des dizaines de migrants éthiopiens dans une pièce où ils étaient rassemblés ».
Des migrants éthiopiens ayant survécu aux sévices rapportent que les gardes-frontières saoudiens tiraient directement sur les migrants, souvent à l’aide de mortiers. Ils ont affirmé à al-Masirah que « les gardes-frontières saoudiens tuent environ 5 migrants à la frontière chaque jour et en blessent beaucoup d’autres ».
Depuis des années, les organisations de défense des droits de l’homme dénoncent les conditions de détention des migrants éthiopiens en Arabie saoudite.
« Des milliers de migrant·e·s éthiopiens, partis de chez eux en quête d’une vie meilleure, se retrouvent confrontés à une cruauté inimaginable. Confinés dans des cellules sales, cernés par la mort et la maladie, la situation est si dure qu’au moins deux personnes ont tenté de se suicider, a déclaré Marie Forestier, chercheuse et conseillère sur les droits des personnes réfugiées et migrantes à Amnesty International.
Et de poursuivre :
« Les femmes enceintes, les bébés et les petits enfants sont détenus dans les mêmes conditions et trois personnes ont déclaré avoir eu connaissance de décès d’enfants. Nous exhortons les autorités saoudiennes à libérer immédiatement tous les migrants détenus de manière arbitraire et à améliorer nettement les conditions de détention pour éviter d’autres morts. »
Un rapport du 7 mai 2022 paru dans le Middle East Eye révélait que les autorités du royaume cachaient des violations généralisées des droits de l’homme et les conditions désastreuses dans des centres de détention pour migrants.
Les migrants éthiopiens en attente d’expulsion affirment que les autorités saoudiennes ont effectué des perquisitions massives dans les centres de détention, confisquant les téléphones et tout appareil pouvant être utilisé pour témoigner de leurs souffrances au monde entier.
« Ils sont venus ici à la recherche de téléphones parce qu’ils ne veulent pas que le monde voie nos souffrances, a déclaré un migrant éthiopien. Chaque fois qu’ils ont trouvé un téléphone portable, ils ont matraqué son propriétaire. »
En avril dernier, le site d’information arabophone New al-Khalij rapportait que les autorités saoudiennes avaient expulsé des centaines de travailleurs migrants éthiopiens après les avoir gardés pendant des mois dans des centres de détention à travers le royaume dans les pires conditions possibles.
« Nous sommes retournés dans notre pays béni après six mois de prison… mais beaucoup de nos frères souffrent encore, surtout dans les prisons pour hommes », a déclaré à l’époque une femme de 28 ans.
« Nous avons pleuré tous les jours. Ils nous ont donné du pain et une marmite de riz cuit pour 300 personnes. Parfois, ils mettaient jusqu’à 400 personnes dans la même pièce et nous ne pouvions pas voir la lumière du soleil », a déclaré Jamila Shafi à l’agence de presse AFP à son arrivée en Éthiopie.
Source: Divers