Le conflit russo-ukrainien pourrait être stoppé par l’attribution d’un statut neutre à l’Ukraine, a estimé l’ancien secrétaire d’État américain Henry Kissinger dans son livre Leadership: six leçons de la stratégie mondiale, cité par le magazine Foreign Affairs.
La mise en place de garanties de sécurité et le refus de l’Ukraine d’adhérer à l’Otan pourraient affranchir la Russie de « la perception permanente d’insécurité », a-t-il écrit dans cet ouvrage auquel le média américain a consacré un compte-rendu.
Dans le cas contraire, si l’Ukraine rejoignait l’Otan, la frontière de l’Alliance se trouverait « à moins de 300 milles [482 km, ndlr] de Moscou », éliminant ainsi la profondeur stratégique sur laquelle la Russie a toujours compté, soulignait M.Kissinger à l’époque. Et d’ajouter que Moscou garderait son influence mondiale encore pendant des décennies.
Tel était son point de vue initial dans ce livre paru fin avril 2022, soit deux mois après le début de l’opération militaire spéciale. Mais depuis, l’ex-chef de la diplomatie américaine l’a révisé.
Il change d’avis
En août dernier, M.Kissinger a déclaré auprès du Washington Post que depuis le début de l’opération militaire russe, l’Ukraine devrait être considérée comme membre de l’Otan, officiellement ou officieusement. Et ce, alors qu’il croyait auparavant que transformer l’Ukraine en État neutre ou tampon serait le mieux.
En décembre, l’ex-chef de la diplomatie américaine est revenu sur cette question dans un article intitulé Comment éviter une autre guerre mondiale, publié dans l’hebdomadaire britannique The Spectator.
Il a estimé que la plupart des pays se prononçaient contre l’escalade du conflit et l’utilisation d’armes nucléaires. Appelant à un règlement pacifique de la crise, M.Kissinger a cette fois rejeté toute neutralité de l’Ukraine. Notamment parce que ces démarches diplomatiques « amèneraient l’Ukraine à l’Otan dans tous les cas ».
Avançant les modalités d’une trêve, il a proposé d’établir une ligne de cessez-le-feu le long des frontières qui existaient avant le 24 février 2022, sauf les territoires qui ont changé de main en 2014.
Quant à la Crimée et à d’autres régions qui ont plusieurs fois changé d’appartenance au cours des siècles, elles devraient faire l’objet de négociations après la fin des hostilités, selon lui. Une solution possible pourrait être d’y organiser des référendums sous une surveillance internationale.
« Le chemin de la diplomatie peut paraître compliqué et frustrant », mais c’est la solution, conclut M.Kissinger.
Il faut rappeler que la Russie exhortait l’Otan, en décembre 2021, à lui garantir la non-adhésion de l’Ukraine, compte tenu du renforcement de la présence militaire de l’Alliance près des frontières russes.
Source: Avec Sputnik