« Il a été pour nous al-Kheir », qui signifie le bien, du prénom du jeune héros de l’opération de Nabi Yaaqoub (Navi Yaacob/Le prophète Jacob) au cours de laquelle il a tué 10 colons israéliens de la nuit de vendredi à samedi. « Et il a été pour eux aalqam », qui signifie le gout amer, qui n’est autre que son nom de famille. Et eux sont sans doute les colons israéliens. Telle est la phrase que de nombreux Palestiniens répètent au lendemain de cette opération dont le bilan en nombre de tués israéliens est le plus élevé depuis plusieurs années, selon les médias israéliens.
Habitant dans le quartier al-Chiyyah, dans le village al-Tur, à l’est de la mosquée al-Aqsa, et originaire du village Beit Thoul, dans le caza d’al-Qods, dans les territoires palestiniens occupés en 1948, d’où sa famille a été expulsée cette année-la, Kheiri Alqam (Aalqam) est arrivé vers huit heures et quart du soir, en voiture, à la colonie située sur le territoire de Beit Hanina à l’est d’al-Qods occupée.
Martyr et petit-fils d’u martyr
En planifiant son opération, en « loup solitaire », ce jeune diplômé en électricité a surement pensé à son grand-père dont il détient le prénom, Kheiri, tué par le colon Haïm Fillerman qui l’avait poignardé jusqu’à la mort en 1998.
Ce dernier, membre du parti Kahana ayant tué auparavant 3 autres palestiniens de la même manière et essayé de faire de même avec 7 autres avait été disculpé de tous ses crimes.
Kheiri Alqam a dû penser surtout à tout son peuple martyrisé depuis des décennies. Les tous derniers étant les 9 martyrs de Jénine … et les 30 depuis le début de l’an.
L’opération
La cible de Kheiri était toute prête, la rue de la synagogue de Navi Yaacob.
Il est descendu de sa voiture, à une centaine de mètres du temple, a ouvert le feu sur des colons qui venaient d’en sortir, dans plusieurs endroits de la rue qui la juxtapose, les ciblant sur la partie supérieure de leur corps. « J’ai vu les blessés disséminés sur la route. La plupart étaient atteints dans les parties supérieures », a confié un secouriste israélien de l’Etoile de David, rapporte le site web de la chaine qatarie al-Jazeera. Et d’ajouter : « je n’avais jamais vu depuis longtemps un incident aussi dangereux. Les gens fuyaient. Lorsque je suis arrivé, les tirs de feu retentissaient toujours ».
Il a tiré sur les policiers de l’occupation israélienne avant de tomber en martyr.
Selon le média israélien Walla, Kheiri a vidé deux cartouches de balles d’un revolver semi-automatique. Et pendant 20 minutes, il a tiré sur les têtes des Israéliens. En se retirant, il s’est heurté contre un barrage israélien où il y a eu un échange de tirs avant d’être tué.
Son arme n’était rien d’autre qu’un pistolet belge de type Browning 1910 de 9mm de calibre.
Nouvelle génération de loups solitaires
Dans leur analyse de cette opération « dure et sanguinaire », des médias israéliens en ont conclu qu’il a inauguré une nouvelle génération des « loups solitaires » via un nouveau genre d’opérations réussies.
Il a veillé à surprendre les Israéliens, quand bien même la police et les gardes-frontières israéliens étaient totalement mobilisés dans toutes les zones de démarcation de la ville sainte, en choisissant sa faille à savoir la colonie de Navi Yacob.
Toujours selon les médias israéliens, la première génération de ces « Loups solitaires » avait agi entre 2014 et 2015. Ses auteurs n’avaient pas utilisé d’armes à feu et visaient la plupart du temps les militaires, surtout dans les zones de leur déploiement intensif. Leurs opérations ne nécessitaient pas d’entrainement préalable.
A la différence avec la seconde génération de ces loups qui semblent s’être bien entrainés, qui effectuent un travail de surveillance et de reconnaissance au préalable, utilisent des armes a feu et les manient à la perfection. Il en a été ainsi lors de la double opération aux explosifs dans la ville de Jérusalem et celle du camp de Shu’fat réalisée par Oday al-Tamimi qui avait attaqué en octobre 2022 un check-point israélien dans une opération spectaculaire avec un revolver.
Le principe le plus dangereux pour les services de renseignements israéliens est que les opérations réussies des « loups solitaires » deviennent « une source d’inspiration et d’imitation » pour les jeunes palestiniens. « Si Oday al-Tamimi a attaqué une cible fortifiée, Kheiri Alqam a mortifié le talon d’Achille puis s’est attaqué à une patrouille militaire, inaugurant de la sorte l’ère des « opérations perspicaces aux résultats les plus dures » selon le Yediot Ahronot.
Pour faire face à ce genre d’opérations, propose le chroniqueur militaire de ce journal israélien Ron Ben Yashai ou réduire leurs séquelles il faudrait saturer le terrain par les forces fantassins.
« Nous voulons une guerre sans fin »
Avant de se rendre sur le lieu de son opération, il avait posté sur Tik Tok son testament. Ses dernières paroles. Avec sa photo à l’intérieur de la mosquée d’al-Aqsa après la prière du vendredi. « Toi, l’être, si tu ne seras pas tué alors meurs. Nous ne levons nos mains que pour Dieu. Nous ne nous prosternons que pour Dieu. Et nous n’écoutons que (la parole) du Messager de Dieu ».
Il avait auparavant publié sur sa page Facebook un message de condoléances pour le martyr Mohamad Ali qui avait été tué mercredi 25 janvier dans le camp de Shu’fat, le jour où les israéliens détruisaient la maison du martyr Oday al-Tamimi.
« Mon Dieu faites que nous soyons parmi ceux qui obtiennent ce qu’ils souhaitent », a-t-il écrit aussi, en allusion au martyre.
La majeure partie de ses photos postées sur sa page ont été prises à l’intérieur de la mosquée d’al-Aqsa même le jour où il a fêté son dernier anniversaire le 19 novembre dernier. D’autres photos lui ont été publiées à cheval.
« Qui a dit que nous voulons la paix. Nous voulons une guerre sans fin », a-t-il posté avec cette photo en octobre 2021.
Il avait auparavant écrit en juillet de la même année : « Tu peux battre en retraite pour éviter la guerre. Mais tu ne reculeras pas d’un millimètre lorsque le combat éclatera ».
En octobre 2020, il avait écrit : « un bon sniper au bon endroit est mille fois meilleur que mille soldats sur le champ de bataille ». Cette phrase semble illustrer le modus operandi de son opération du vendredi 27 janvier.
Sa dernière phrase sur Facebook est : « Ne t’inquiète pas Ton Seigneur te donneras jusqu’à ce que tu sois satisfait. Et Il te satisfera jusqu’à ce que tu oublies qu’un drame a traversé ta vie ».
Pour les Palestiniens, tous les Palestiniens qui pleurent son martyre avec autant de chaleur que de fierté, l’usurpation de leur patrie est et restera le drame le plus tragique.
Source: Divers