« Israël va dans la mauvaise direction, tandis que l’Iran va dans la bonne direction », est la conclusion du prix Nobel de chimie 2011, le professeur israélien Dan Shechtman, au terme d’une comparaison réalisée sur le système éducatif chez les religieux israéliens et les religieux iraniens.
Entre les sages israéliens et les ayatollah iraniens
Dans l’interview qui a été réalisée avec lui lors d’un événement culturel à Bir as-Sabea (Be’er Sheva), il assure surtout avoir peur des Haredim (haredi), une communauté juive très attachée a la pratique religieuse et aux préceptes de la Thora. Le lien avec l’Iran semble découler chez lui de la comparaison entre les approches des deux religions sur des questions liées à la science et à la femme, celle du judaïsme haredi et celle l’islam chiite (voire l’islam en général), l’Iran étant une de ses applications les plus affirmées.
“L’éducation est interdite chez eux (les haredi) , il n’y a pas d’études de base. Les sages israéliens de Jérusalem et d’autres villes disent aux jeunes d’apprendre la Gemara. Que disent les ayatollahs aux Iraniens ? On ne leur dit pas d’étudier le Coran, mais l’ingénierie. Combien d’ingénieurs y a-t-il en Israël ? Moins de 7 000. Combien en Iran ? “Près d’un quart de million », a expliqué le prix Nobel qui lui a été décerné pour ses travaux de recherche sur les quasi-cristaux.
« Y a-t-il aussi des femmes ingénieures en Iran? 70% des ingénieurs en Iran sont des femmes diplômées chaque année », a-t-il poursuivi.
Et de s’interroger : « Qui donc fait-il des progrès ? ».
Chez les Haredi, qui comptent dans leurs rangs plusieurs courants dont les hassidim (hassidi), la science n’a aucune valeur. En Iran, nombreux sont les religieux qui cumulent les sciences universitaires, mathématiques, sociales, biologiques ou autres avec les sciences religieuses acquises dans les séminaires (hawza).
La montée démographique des haredim inquiète
Selon le professeur israélien, avec la montée des haredi, la démographie israélienne va dans la mauvaise direction. « Ce n’est pas bon et nous, en tant que démocratie, nous allons nous détériorer. À l’avenir, il ne sera pas possible d’établir une coalition sans les Haredis. Maintenant, cela peut encore être corrigé », a-t-il averti. Shechtman leur reproche aussi leur antisionisme et craint « qu’ils ne prennent Israël « .
A la question de la modératrice si ses paroles pourraient être comprises comme une sous-estimation du public haredi, il a répondu : « Non, j’ai une peur bleue d’eux ».
Avec des familles nombreuses, (de 5 à 10 enfants) le poids démographique des Haredim est en pleine expansion en « Israël » de même que leur pouvoir, appréhendent des observateurs israéliens qui craignent par-dessus tout leur rébellion contre la loi et leur attachement aux lois religieuses juives. Ils refusent entre autres le service militaire. Ils ont refusé de se faire vacciner pendant la pandémie du Covid-19…
Selon les chiffres publiés par la Direction centrale des recensements, le nombre des juifs religieux en 2018-2019 s’élève à un million 250 mille. Une grande partie d’entre eux vivant dans la ville sainte d’al-Qods (Jérusalem).
Dans ce contexte, Rogel Alver a écrit dans le journal israélien de gauche Haaretz que le pourcentage de naissances haredi est un problème qui menace l’existence d’ ‘ »Israël ». Selon lui, « Israël » ne pourra lui résister dans les décennies à venir.
Dans les élections parlementaires, la part des partis religieux ultra-orthodoxes ne cesse de s’amplifier.
Selon les médias israéliens, le gouvernement de l’occupation israélienne projette de leur édifier dans les prochaines années une ville à part, à proximité de la ville Bir as-Sabea. Il sont actuellement plus de 36% à vivre dans la ville sainte d’al-Qods (Jérusalem)
Elle devrait être construire sur des terres appartenant à des bédouins après les avoir expulsés ses habitants sous prétexte que leur séjour y est illégal. Cette ville sera baptisée Kassif et devrait pouvoir accueillir 100 mille haredi.
Les déclarations du professeur israélien interviennent dans un climat israélien explosif, sur fond de manifestations monstres organisées par la gauche israélienne contre les tentatives du gouvernement actuel, formé d’une coalition entre le Likoud et des partis d’extrême droite et ultra-orthodoxes, et présidé par Benjamin Netanyahu, de faire approuver des amendements judiciaires.
Cette crise, la plus grave depuis la création de l’entité sioniste faisant craindre un conflit interne, de l‘aveu de responsables israéliens politiques et militaires, dévoile des clivages profonds au sein de la société israélienne : entre sépharades et ashkénazes, entre autres. Mais aussi entre religieux et laïcs.
Dernière illustration de cette crise : ce dimanche, aucun des pilotes de la compagnie aérienne El Al ne s’était inscrit pour transporter Netanyahu et son épouse, Sara, en Italie pour une visite officielle prévue le week-end prochain.
Source: Divers