Le journaliste Jonathan Cook estime que c’est une lecture superficielle des événements que de croire que les protestations croissantes sont une réponse à l’instrumentalisation de la loi par Netanyahou dans son intérêt personnel, afin de mettre fin à son procès pour corruption et se maintenir au pouvoir.
Selon lui, ce n’est pas la raison principale pour laquelle ses partenaires de la coalition d’extrême droite sont si désireux de l’aider à faire passer la loi et qui souhaitent tout autant que lui une réforme du système judiciaire.
« Il s’agit en fait de l’aboutissement d’une guerre culturelle qui dure depuis longtemps et qui risque de se transformer en guerre civile sur deux fronts liés mais distincts. Le premier concerne la question de savoir qui a l’autorité ultime pour gérer l’occupation et contrôler les conditions de la dépossession des Palestiniens. Le second concerne la question de savoir à qui ou à quoi une société juive doit rendre des comptes : à des lois divines infaillibles ou à des lois trop humaines », analyse-t-il dans son article publié pour Middle East Eye.
C’est la raison d’après lui que « les rues sont inondées de drapeaux israéliens, brandis avec la même ferveur par les opposants et les partisans de Netanyahou. Chaque camp se bat pour savoir qui représente Israël ».
« Il s’agit de savoir quel groupe de Juifs peut jouer au tyran : la loi des généraux ou la loi des voyous religieux ».
Il rappelle que pendant des décennies, c’est l’establishment militaro-sécuritaire d’Israël, soutenu par un système judiciaire laïque et déférent”, qui a gouverné.
Aujourd’hui, il voit que c’est « une communauté de colons théocratiques en plein essor” qui veut supplanter le pouvoir institutionnalisé de l’élite militaro-sécuritaire et a besoin de la Cour suprême pour atteindre son objectif.
Mais la tâche ne sera pas facile : trop d’acteurs juifs sont hostiles à la reforme, en l’occurrence l’armée, la communauté des hautes technologies, le secteur des affaires, le monde universitaire et les classes moyennes, selon Cook.
Source: Médias