Brandissant des drapeaux du Kurdistan d’Irak, quelques centaines de manifestants se sont rassemblés dimanche à Souleimaniyeh pour fustiger les bombardements récurrents menés par la Turquie voisine, deux jours après une attaque à proximité de l’aéroport de la ville.
Depuis des décennies, l’armée turque dispose de positions militaires dans le nord de l’Irak où elle lance régulièrement des opérations contre les combattants kurdes turcs du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). Mais le bombardement de vendredi, qui n’a fait aucun blessé, a eu lieu au moment où se trouvaient à l’aéroport de Souleimaniyeh des soldats américains et le commandant d’une influente coalition arabo-kurde de Syrie.
Dimanche dans le centre de Souleimaniyeh, deuxième ville du Kurdistan irakien, environ 400 manifestants ont défilé, certains brandissant une banderole sur laquelle était écrit « l’attaque contre l’aéroport de Souleimaniyeh est un acte terroriste », selon un correspondant de l’AFP.
« Erdogan dictateur », ont notamment scandé les manifestants en allusion au président turc, au cours de ce rassemblement organisé par des militants et d’anciens parlementaires.
« Ce n’est pas la première agression turque contre des cibles civiles dans la région », a fustigé Ali Amine, fonctionnaire à la retraite de 66 ans. « C’est devenu une agression permanente, parfois c’est des villages, parfois des cibles civiles: des terrains agricoles, des installations d’eau ou d’électricité. »
Face aux opérations turques, la militante Fatma Hamid, 55 ans, a dénoncé « les positions laxistes » des autorités de la région du Kurdistan, autonome depuis trois décennies.
« Les citoyens kurdes ont fait des sacrifices pour obtenir la liberté. Ces sacrifices n’étaient pas pour être dirigés par le pouvoir familial des Barzani ou des Talabani », s’est-elle emportée, en allusion aux deux clans historiques qui se partagent la direction du Kurdistan.
Le ministère de la Défense à Ankara a démenti toute implication dans l’incident de vendredi.
Le Kurdistan irakien est une victime collatérale du conflit opposant la Turquie au PKK, mouvement classé « terroriste » par Ankara et ses alliés occidentaux, et qui dispose de bases arrières dans le nord de l’Irak.
En Syrie voisine, l’armée turque a aussi lancé plusieurs offensives contre les combattants kurdes qui dominent les Forces démocratiques syriennes (FDS), les accusant d’être une extension du PKK même s’ils sont alliés à Washington dans la lutte antijihadistes.
Les FDS ont finalement admis que leur chef Mazloum Abdi se trouvait à l’aéroport de Souleimaniyeh au moment de l’attaque. Dans une vidéo mise en ligne samedi M. Abdi a assuré que des « drones turcs » avaient bombardé alors qu’il s’apprêtait à rentrer en Syrie par avion.
Source: Avec AFP