Une vaste opération d’échange de prisonniers a débuté, ce vendredi 14 avril, au Yémen entre les forces d’Ansarullah et celles soutenues par l’Arabie saoudite, a annoncé le Comité international de la Croix-Rouge (CICR), au moment où l’Arabie saoudite cherche à négocier une trêve avec Ansarullah dans ce pays ravagé par une guerre dirigée par Ryad, depuis mars 2015.
« Le premier avion a quitté Sanaa » dans le cadre de cet échange, a indiqué à l’AFP Jessica Moussan, chargée des relations avec les médias au CICR, qui supervise l’opération.
L’avion, en partance de la capitale contrôlée par Ansarullah, se dirige vers Aden, où siège temporairement le gouvernement démissionnaire soutenu par l’Arabie saoudite. Un autre avion est parti peu après d’Aden pour Sanaa.
A l’aéroport de Sanaa et d’Aden, les familles de proches de prisonniers les attendent avec impatience. « Mon fils est détenu depuis 2018 », a raconté à l’AFP un habitant de Sanaa, Abdallah Al-Hajouri: « Ca fait cinq ans maintenant. Il me manque tellement ».
« Des milliers d’autres familles attendent toujours d’être réunies », a rappelé l’émissaire de l’ONU pour le Yémen, Hans Grundberg, tout en saluant l’opération qui a débuté vendredi.
Celle-ci rappelle que « le dialogue constructif et les compromis mutuels sont des outils puissants permettant d’aboutir à de grands résultats », a-t-il ajouté dans un communiqué.
La guerre saoudienne contre le Yémen a provoqué l’une des pires crises humanitaires au monde, avec des centaines de milliers de morts et des millions de déplacés, dans un contexte d’épidémies, de manque d’eau potable et de faim aiguë. Plus des trois quarts de la population dépendent d’une aide internationale qui ne cesse pourtant de diminuer.
Le processus d’échange de prisonniers doit se dérouler sur trois jours dans diverses régions du Yémen et de l’Arabie saoudite, a précisé dans un communiqué le CICR.
« Avec ce geste de bonne volonté, des centaines de familles déchirées par le conflit seront réunies pour le mois ramadan, apportant une lueur d’espoir au milieu de grandes souffrances », a déclaré Fabrizio Carboni, directeur du CICR au Moyen-Orient, en référence au mois de jeûne musulman en cours.
Cité dans le communiqué, il a émis l’espoir que « ces libérations donnent un élan pour une solution politique plus large ».
Fin mars, les deux parties avaient conclu un accord à Berne, en Suisse, pour échanger plus de 880 prisonniers incluant des Saoudiens et des Soudanais. La dernière opération de cette ampleur remonte à octobre 2020, lorsque plus de 1.000 prisonniers avaient été libérés.
L’accord de Berne avait été conclu après un réchauffement inattendu des relations entre l’Arabie saoudite et l’Iran, deux poids lourds du Golfe qui s’opposent sur divers dossiers.
Dans ce contexte, l’Arabie saoudite accueille vendredi une réunion de plusieurs pays arabes pour discuter d’un possible retour de la Syrie, soutenue par l’Iran, au sein de la Ligue arabe dont elle a été exclue depuis le début de la guerre en 2011.
Discussions positives
Jeudi, une délégation saoudienne est repartie de Sanaa avec un « accord préliminaire » de trêve et la promesse de « nouveaux pourparlers », selon un responsable d’Ansarullah qui a souhaité garder l’anonymat.
Les discussions à Sanaa ont été « sérieuses et positives » avec des « progrès sur certaines questions », a assuré sur Twitter le négociateur en chef d’Ansarullah, Mohammed Abdelsalam.
Les discussions portent sur une trêve de six mois ouvrant la voie à une période de pourparlers de trois mois au sujet d’une transition qui durera deux ans, au cours de laquelle la solution finale sera négociée entre toutes les parties.
La trêve doit permettre de répondre aux deux exigences principales d’Ansarullah: le paiement des salaires des fonctionnaires dans les zones sous leur contrôle et la réouverture de l’aéroport de Sanaa, soumis à un blocus saoudien.
L’année dernière, les parties avaient déjà observé une trêve de six mois. Si elle n’a pas été officiellement reconduite après son expiration début octobre, la situation est restée relativement calme sur le terrain.