Le président syrien Bachar al-Assad a entamé, ce jeudi 21 septembre, une visite officielle en Chine, la première dans ce pays en près de 20 ans, destinée à obtenir davantage de soutien financier de Pékin pour la reconstruction.
La guerre contre la Syrie a entraîné des destructions massives d’infrastructures et a réduit à néant plusieurs secteurs cruciaux pour l’économie, dont celui du pétrole, tandis que le pouvoir syrien est soumis à de lourdes sanctions internationales.
La Chine fait partie des alliés du président Assad et lui a notamment apporté son soutien au Conseil de sécurité de l’ONU, s’abstenant régulièrement lors du vote de résolutions contrariant le pouvoir syrien.
La dernière visite de Bachar al-Assad en Chine remonte à 2004 et il s’agissait de la toute première d’un dirigeant syrien depuis l’établissement des relations diplomatiques avec Pékin en 1956.
M.Assad assistera samedi à la cérémonie d’ouverture des Jeux asiatiques à Hangzhou (est), où le président chinois Xi Jinping rencontrera d’autres dirigeants étrangers, selon la télévision d’Etat chinoise.
Cette visite portera les liens Chine-Syrie à un « nouveau niveau », selon Pékin
Les autorités chinoises ont estimé que la visite du président syrien Bachar al-Assad à Pékin, qui a débuté jeudi, allait porter les relations bilatérales à « un nouveau niveau ».
« Nous croyons que la visite du président Bachar al-Assad va renforcer la confiance politique mutuelle et la coopération dans des secteurs variés entre les deux pays, portant les liens bilatéraux à un nouveau niveau », a déclaré la porte-parole du ministère des Affaires étrangères Mao Ning lors d’un point presse.
« Depuis l’établissement des relations diplomatiques il y a 67 ans, les relations sino-syriennes ont connu un développement sain et stable », a relevé la porte-parole.
Elle a déclaré que le dirigeant syrien attachait « également une grande importance au développement des relations sino-syriennes ».
« Le président Xi Jinping et d’autres responsables chinois le rencontreront pour échanger de façon approfondie sur les relations bilatérales et les questions d’intérêt commun », a-t-elle ajouté.
Rupture de l’isolement diplomatique de la Syrie
« Cette visite représente une rupture importante de l’isolement diplomatique » de la Syrie, a pour sa part déclare à l’AFP depuis Damas le politologue Oussama Dannoura.
Le pouvoir Assad a amorcé en 2023 un rapprochement avec de nombreux pays arabes, après des années d’isolement consécutif à la guerre contre son pays.
Cette normalisation des relations a été consacrée en mai par le retour de Damas au sein de la Ligue arabe, et la participation du président syrien à un sommet en Arabie saoudite.
En traitant avec des pays comme la Syrie que Washington cherche à isoler, « la Chine brise les tabous occidentaux », affirme M. Dannoura.
Le président vénézuélien Nicolas Maduro, dont le pays est placé sous sanctions américaines, était ainsi à Pékin la semaine dernière, tandis qu’une délégation du gouvernement taliban se trouve actuellement en Chine.
Plus tôt cette année, Pékin avait déroulé le tapis rouge au président bélarusse Alexandre Loukachenko et à l’Iranien Ebrahim Raïssi.
De hauts responsables russes ont également été reçus, avant une visite de Vladimir Poutine en Chine le mois prochain.
Pékin joue au Moyen-Orient un rôle grandissant, à l’image du spectaculaire rapprochement qu’il a permis en début d’année entre l’Iran et l’Arabie saoudite.
La Chine, très active dans une région historiquement stratégique pour les Etats-Unis, y promeut son ambitieux projet des Routes de la soie, qui consiste en des investissements massifs dans les infrastructures pour améliorer les liaisons commerciales entre l’Asie, l’Europe et l’Afrique.
Les forces du pouvoir syrien ont repris la majeure partie du territoire syrien grâce à l’aide militaire cruciale de ses alliés russe et iranien, mais le pays a besoin d’investissements pour la reconstruction.
La Chine s’était engagée en 2017 à investir 2 milliards de dollars en Syrie.
« La Chine dispose d’énormes capacités pour la reconstruction et pourrait très rapidement achever (les travaux d’) infrastructures », souligne Oussama Dannoura.