Depuis le déclenchement de la bataille pour la libération des quartiers Est d’Alep, occupés depuis 2012 par les milices takfiristes et leur alliés soutenus par les Occidentaux, le ton des dirigeants et des sources américains est à la hausse . Menaces insidieuses et scénarios éventuels sont proférées dans les déclarations officielles ou sous couvert de l’anonymat.
Washington prise par surprise
La Maison Blanche « se penche sur les mesures à prendre afin de renforcer son appui militaire à l’opposition syrienne », a fait part pour Reuters une source de l’administration américaine.
En évoquant la situation dans la province d’Alep, cette indique que l’offensive syrienne, qui s’y déroule avec succès, a pris par surprise l’administration américaine qui estime que la reprise du contrôle de cette province donnerait au président syrien Bachar al-Assad un avantage considérable dans sa lutte contre l’opposition.
À l’heure actuelle, les discussions sur ce sujet se déroulent au niveau des experts, les propositions concrètes n’ont pas encore été présentées au président américain. La Maison Blanche qualifie de telles démarches de « mesure de contrainte » sur fond d’aggravation du dialogue russo-américain sur la Syrie.
En même temps, il est question qu’elle est en train d’examiner la possibilité de frapper les positions de l’armée gouvernementale en Syrie.
Une autre éventualité est envisagée et a été signalée dans le message que le chef de la diplomatie américaine a adressé à son homologue russe, celle entre autre d’autoriser les pays du Golfe qui soutiennent l’opposition syrienne de fournir aux rivaux du président Bachar el-Assad des armements de hautes technologie, a révélé son porte-parole John Kirby dans un communiqué.
Jusqu’à présent, la Maison Blanche s’oppose catégoriquement aux livraisons à l’opposition des lance-missiles portables. Les représentants de l’administration déclarent cependant que les débats concernent la fourniture de systèmes « moins mobiles » en vue de diminuer le risque de les voir tomber entre les mains de terroristes.
Envoyer des forces spéciales
Selon le Wall Street Journal (WSJ), se référant à des fonctionnaires de l’administration américaine, le rôle de la CIA et de ses partenaires régionaux est lui aussi au centre des débats.
Et il n’est pas exclu par ailleurs d’envoyer en Syrie un important contingent des forces spéciales américaines afin de soutenir les combattants syriens et kurdes hostiles au gouvernement d’Assad. Il y en a déjà sur le terrain.
« Certains fonctionnaires estiment que l’occasion (de prendre ces mesures, ndlr) a été manquée et que l’administration doit envisager des actions militaires directes des États-Unis contre le régime d’el-Assad », signale l’article du WSJ.
Des conseillers militaires de Barack Obama et des représentants des services de renseignement appellent, depuis février, le président américain à mettre au point un plan alternatif d’aide à l’opposition syrienne, écrit le quotidien, tout en constatant l’existence, depuis 2013, d’un programme secret de soutien des rebelles syriens prévoyant des livraisons d’armes.
Pourtant, beaucoup dans l’administration s’opposent à l’idée d’une ingérence armée directe, craignant les risques d’un conflit avec la Russie. Contrairement au directeur de la CIA John Brennan et au secrétaire à la Défense Ashton Carter qui sont les principaux partisans du recours à la force.
Mercredi, le département d’État a annoncé que le secrétaire d’État John Kerry a informé par téléphone son homologue russe Sergueï Lavrov que les États-Unis étaient disposés à suspendre les communications bilatérales avec la Russie sur la Syrie, plus particulièrement relatives à la mise en place d’un centre conjoint « si la Russie ne prend pas des mesures immédiates en vue d’arrêter l’offensive à Alep et de rétablir le régime de trêve ».
Des attaques dans les villes russes
S’ajoutent à ces mises en gardes, des menaces bien plus musclées. Elles ont été exprimées par le porte-parole de Washington John Kirby , qui a prophétisé des attaques terroristes dans des villes russes et des pertes militaires en Syrie.
Et qui a a averti aussi que « la Russie continuerait de rapatrier dans des sacs ses militaires tués, et ils (les Russes — ndlr) continueraient de perdre des ressources, peut-être de nouveaux avions ».
Moscou poursuivra son opération militaire
Pour sa part, la Russie a fait la sourde oreille à ces menaces poursuivant sa campagne de bombardements aériens, en soutien aux forces gouvernementales syriennes.
Selon le porte-parole du président russe Dmitry Peskov, cette déclaration de M. Kirby est « plutôt maladroite » et a noté la «rhétorique non constructive » émise par Washington ces derniers temps.
« Moscou poursuit son opération aérienne en soutien à la lutte antiterroriste des forces armées syriennes », a déclaré aux journalistes le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.
« Nous prenons malheureusement note du caractère non constructif de la rhétorique de Washington ces derniers jours », a-t-il ajouté.
« Nous déclarons pour une énième fois que nous sommes prêts à poursuivre le dialogue avec la partie américaine et à développer des actions conjointes pour lutter contre les terroristes en Syrie. Néanmoins, ce dialogue doit exclure tout type d’allusion de menaces envers nos militaires ainsi qu’envers les citoyens russes. Nous ne marchanderons pas au sujet de la sécurité des Russes, peu importe où ils se trouvent. C’est notre priorité principale et absolue », a martelé le porte-parole du ministère russe de la Défense.
Les USA doivent respecter leurs obligations
« Moscou maintient son intérêt pour la coopération avec Washington à la fois pour la mise en œuvre des accords qui figurent dans les documents et pour accroître l’efficacité de la lutte contre le terrorisme en Syrie », a poursuivi M. Peskov.
« Mais Moscou espère aussi que les obligations que Washington a accepté d’assumer seront respectées. Jusqu’à présent, elles ne l’ont pas été », a-t-il ajouté.
Il faisait allusion à l’accord qui avait été conclu au début de ce mois, et au cours duquel Kerry s’était engagé à coopérer avec Moscou en faisant pression sur les miliciens syriens pour qu’ils prennent leurs distances avec les groupes jihadistes wahhabites tels que le Front al-Nosra , branche d’Al-Qaïda, rebaptisé front Fateh al-Sham
L’engagement donné par Kerry n’a jamais vu le jour, et les Américains ont même refusé de rendre public les clauses de l’accord, pour . C’est alors la Russie qui l’a fait.
Sources: Sputnik; AFP