Le Conseil de sécurité de l’ONU va tenter à nouveau lundi d’adopter un texte exigeant un « cessez-le-feu immédiat » à Gaza, un appel plusieurs fois bloqué par les Etats-Unis qui ont toutefois récemment montré des signes de changement de ton face à leur allié israélien.
Vendredi, la Russie et la Chine ont mis leur veto à un projet de résolution américaine soulignant la « nécessité » d’un « cessez-le-feu immédiat » à Gaza en lien avec les négociations pour la libération des otages capturés lors de l’attaque sanglante et sans précédent du Hamas le 7 octobre sur le sol israélien.
Certains observateurs y ont vu une évolution substantielle de la position de Washington, sous pression pour limiter son soutien à Israël alors que l’offensive israélienne a fait plus de 32.000 morts à Gaza, selon le ministère de la Santé de Gaza.
Les Etats-Unis s’étaient en effet jusqu’alors systématiquement opposés au terme « cessez-le-feu » dans les résolutions de l’ONU, bloquant trois textes en ce sens.
Mais le texte américain rejeté n’appelait pas explicitement à un cessez-le-feu immédiat, utilisant une formulation estimée ambiguë par les pays arabes, la Chine et la Russie, laquelle a dénoncé le « spectacle hypocrite » des Etats-Unis.
Le projet de résolution qui doit être mis au vote lundi est issu du travail des membres non-permanents du Conseil, qui ont négocié tout le week-end avec les Etats-Unis pour tenter d’éviter un nouvel échec, selon des sources diplomatiques, qui ont fait part d’un certain optimisme sur l’issue du vote.
« Nous prévoyons, sauf rebondissement de dernière minute, que la résolution sera adoptée et que les Etats-Unis ne voteront pas contre », a indiqué dimanche un diplomate à l’AFP.
La dernière version vue dimanche par l’AFP « exige un cessez-le-feu immédiat pour le mois du ramadan » –qui a déjà commencé il y a deux semaines–, devant « mener à un cessez-le-feu durable et permanent », et « exige la libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages ».
Contrairement au texte américain rejeté vendredi, il ne lie pas ces demandes aux efforts diplomatiques du Qatar, des Etats-Unis et de l’Egypte, même s’il « reconnait » l’existence de ces pourparlers visant à une trêve accompagnée d’un échange d’otages et de prisonniers palestiniens.
Vendredi, l’ambassadrice américaine à l’ONU Linda Thomas-Greenfield avait estimé que la précédente version du texte ne soutenait pas ces efforts diplomatiques et « pire, pourrait donner une excuse au Hamas pour rejeter l’accord sur la table ».
Le nouveau projet de résolution réclame d’autre part la « levée de tous les obstacles » à l’aide humanitaire.
Le Conseil, largement divisé sur le dossier israélo-palestinien depuis des années, n’a pu adopter depuis le 7 octobre sur cette question que deux résolutions (sur huit soumises au vote), essentiellement humanitaires. Sans grand résultat : après cinq mois et demi de guerre, l’entrée de l’aide à Gaza, assiégée, reste largement insuffisante et la famine plane.
Le nouveau projet de texte condamne d’autre part « tous les actes terroristes », mais sans mentionner les attaques du Hamas du 7 octobre qui ont entraîné la mort d’au moins 1.160 personnes, pour la plupart des civils, selon un décompte de l’AFP établi à partir de données officielles israéliennes.
Aucune résolution adoptée par le Conseil ou l’Assemblée général de l’ONU depuis le 7 octobre n’a condamné spécifiquement le Hamas, une absence systématiquement fustigée par Israël.
Source: AFP