Quelques heures après les opérations douloureuses du Hamas à Khan Younes au cours desquelles 14 militaires israéliens ont été tués, l’armée d’occupation israélienne a décidé de retirer toutes ses troupes du sud de la bande de Gaza. Une décision prise à l’improviste sans avoir été annoncée au préalable.
« L’armée a retiré toutes ses forces terrestres du sud de la bande de Gaza, excepté une seule brigade », a assuré son porte-parole à l’agence Reuters. Les médias israéliens ont précisé que la division 98 a retiré ses trois brigades après 4 mois de combats, faisant remarquer que c’est la première fois que cela se passe depuis le début de l’offensive terrestre.
Désormais, il ne reste plus dans la bande de Gaza que la division 162 et la brigade Nahal, laquelle est chargée de la mission de sécuriser le passage de Netzarim pour empêcher les Palestiniens de revenir chez eux au nord, toujours selon ces médias hébraïques.
Une délégation au Caire
Cette décision est intervenue avant que ne se tienne la réunion du cabinet de guerre, destinée entre autres à discuter de l’envoi, une énième fois, d’une délégation au Caire pour négocier les termes d’un cessez-le-feu à Gaza. Une délégation du Hamas s’y est rendu ce dimanche. Selon Israel Hayom, le cabinet a décidé d’envoyer une délégation présidée par les chefs du Mossad et du Shin Bet.
“J’ai précisé à la Communauté internationale qu’il n’y aura pas de cessez-le-feu avant le retour de tous les otages », a déclaré le Premier ministre israélien pendant cette réunion.
Selon Benjamin Netanyahu, « la guerre se poursuivra et nous sommes à un pas de réaliser la victoire. Le coût que nous avons payé a été certes douloureux, mais nous avons éliminé 19 brigades sur les 24 du Hamas et avons éliminé de hauts dirigeants ».
Un premier retrait en février
Ce n’est pas la première fois que l’armée israélienne annonce son retrait de Khan Younes. Ayant entamé l’offensive début décembre, elle devait la terminer au bout de deux mois. Mais ce n’est qu’en février, qu’elle a entamé un premier retrait, après avoir assuré l’avoir nettoyé. Lorsqu’elle s’est rendu compte que le Hamas et les factions s’y trouvaient encore, elle est revenue et depuis, Khan Younes était devenu l’épicentre des combats.
Les opérations de samedi dans la région d’al-Zanna et le quartier al-Amal, les plus douloureuses après celles de janvier au cours desquelles 21 militaires israéliens avaient péri, montrent que le Hamas est toujours aussi présent et performant.
Quelques heures après le retrait israélien, la radio de l’armée israélienne a signalé que 5 roquettes ont été tirées depuis Khan Younes en direction des colonies de l’enveloppe de Gaza.
Sans réaliser ses objectifs
Commentant la décision de retrait israélien, les brigades al-Qassam ont assuré que « l’occupation a été contrainte de mettre fin à ses opérations sans réaliser ses objectifs ». En tête de ces objectifs figurait l’élimination du Hamas.
« L’occupation est entrée dans la plupart des régions de la bande de Gaza et les a détruites entièrement et elle se vante d’avoir démantelé le Hamas. Mais chaque fois que l’occupation revenait vers une région où la résistance était censée avoir été éliminée, elle a été surprise par une résistance ferme et de qualité », a poursuivi le bras armé du Hamas.
Vers la bataille de Rafah?
L’armée israélienne a justifié son retrait de Khan Younes au motif de vouloir entamer l’étape « C » qui devrait comprendre « les perquisitions et les opérations ponctuelles basées sur les informations d’intelligence ».
« Nous nous apprêtons pour poursuivre les opérations à Deir al-Balah et Rafah. Nous pouvons revenir à Khan Younes s’il le faut », a-t-elle souligné. Elle a aussi fait remarquer que « l’une des raisons du retrait est de laisser de la place pour les déplacés qui seront sommés de quitter Rafah ».
En outre, l’armée israélienne a rejoint sa voix à celle du Premier ministre faisant remarquer « qu’il n’y a aucun lien entre les pressions américaines exercées sur Israël et le retrait de Khan Younes ».
Des pressions américaines
Ces allégations semblent contredire les rapports des médias américains.
La télévision CNN a fait part que lors de son dernier contact téléphonique avec Netanyahu, le président américain Joe Biden l’a menacé « de conséquences désastreuses si Israël ne change pas la façon de sa guerre ».
Le réseau américain rapporte aussi que Biden l’a averti que les USA pourraient revenir sur leur soutien à Tel Aviv si les conditions des civils à Gaza ne sont pas améliorées ».
Un responsable israélien a confié sous le couvert de l’anonymat pour le site américain Axios que cet appel téléphonique a été « le plus difficile depuis le début de la guerre », et que Netanyahu et ses adjoints ont été surpris par la demande de Biden de cessez-le-feu à Gaza qui soit séparé de la libération des captifs.
Samedi, les médias américains avaient rendu compte que 40 sénateurs américains, dont la cheffe des Démocrates Nancy Pelosi, ont réclamé la suspension des armes à Israël afin de le pousser à admettre le cessez-le-feu.
Diminution des raids
Force est de constater que ce retrait israélien est accompagné d’une baisse d’intensité des raids israéliens ces derniers jours. Et avec une baisse du chiffre des victimes palestiniennes.
Le ministère de la Santé de Gaza a rendu compte ce dimanche de 38 martyrs qui ont péri dans 4 massacres perpétrés ces dernières 24 heures et de 71 blessés. Au milieu de la journée, il a été question que 7 Palestiniens sont tombés en martyrs, dont 4 dans un raid israélien sur une maison à Shouja‘iyeh à l’est de l’enclave et 3 dans un raid sur le quartier al-Zahra dans le centre.
Source: Médias