C’est comme si « la catastrophe » du 7 octobre, Déluge d’al-Aqsa, ne suffisait pas aux dirigeants israéliens. Au 7eme mois de la guerre Épées de fer, « la plus féroce depuis la seconde guerre mondiale », selon les termes du médecin palestino-britannique Ghassan Abou Sita, contre l’une des enclaves les plus petites et les plus surpeuplées de la planète, l’entité sioniste cumule les échecs. Aucun des objectifs fixés par sa direction politique et militaire n’a encore été réalisé.
Sinwar est sorti voir le soleil
Jusqu’à présent, le Hamas n’a pas été éradiqué comme avait promis de le faire le premier ministre Benjamin Netanyahu et son cabinet de guerre. « Israël ne pourra le faire » sont persuadés des responsables américains et israéliens qui ont confié pour le New York Times que le mouvement « restera une puissance à Gaza, même après la guerre ».
Au bout de 200 jours de guerre, les Israéliens semblent toujours incapables d’ouvrir une brèche dans les rangs de la résistance, leur permettant d’assassiner ses dirigeants. Surtout Mohamad Deif et Yahia al-Sinwar. Ce dernier « est sorti voir le soleil », ont commenté des médias israéliens les informations de presse palestiniennes qui ont assuré ce mercredi qu’il a fait récemment une tournée. Manifestement agacés que leur armée n’ait pu encore l’éliminer.
Entre 4 à 5.000 combattants du Hamas sont, d’après le NYT, encore actifs dans le nord, où l’armée israélienne avait déclaré, depuis des mois, y avoir achevé ses opérations. Mardi, elle a annoncé la mort d’un 261eme militaire israélien depuis le lancement de l’offensive terrestre et le 606eme depuis le 7 octobre. Un major de réserve, abattu par un sniper palestinien à Beit Hanoune, au nord de Gaza où des combats et les bombardements se poursuivent également à Beit Lahia.
Ces derniers jours, après le retrait des 4 divisions de l’armée d’occupation, les combats se concentrent aussi sur le passage de Nevatim qui divise l’enclave en deux et dans le camp de Nusseirat au centre.
Pendant 200 jours, la menace pour les colonies de l’enveloppe en provenance de Gaza n’a pu être éradiquée. Mardi encore, une salve de roquettes a visé celles de Sderot, Avivim, et Nir ‘Am où des sirènes d’alerte ont retenti. Il en découle que les dirigeants israéliens sont toujours incapables de ramener les plus de 50 mille colons chez eux.
40 captifs israéliens encore vivants
Les captifs israéliens non plus n’ont pas été restitués, hormis les 112 qui ont été libérés dans le cadre d’un accord d’échange avec des détenus palestiniens dans les prisons israéliennes. Le revers est flagrant : les Israéliens n’ont pu recueillir des informations pour atteindre les 133 restants. Les appels successifs de ces derniers en vue de leur libération dans le cadre d’un accord avec le Hamas, enregistrées dans des vidéos soigneusement diffusées, n’ont pu persuader Netanyahu. Ni les manifestations quotidiennes de leur proches à Tel Aviv.
Un certain nombre d’entre eux ont péri dans les raids israéliens sur Gaza. Une information non étayée rapporte qu’ils ne sont plus que 40 captifs vivants. Il est sur que leur sort est compromis. Dont celui qui a lancé un dernier appel, rendu public ce mercredi, le jeune de 24 ans, Hersh Goldberg-Polin. Apparaissant avec une main amputée, qu’il brandit de temps à autre, il raconte avoir été blessé et capturé durant le festival Nova, « où il n’y avait personne pour nous protéger ». Assurant que « 70 captifs ont été tués par l’armée de l’air israélienne », il somme Netanyahu et son cabinet de faire ce qu’ils se doivent pour les libérer. Dans la vidéo, le jeune captif désemparé assure qu’il se trouve dans un tunnel.
Encore les tunnels. Des armements utilisés pour la première fois
En effet, autre constat d’échec : les réseaux des tunnels où les combattants Palestiniens de la résistance prennent refuge et lancent leurs attaques n’ont pas été tous découverts ni tous éliminés. Ce fut aussi l’un des objectifs israéliens.
« Le réseau des tunnels s’étend sur des centaines de kilomètres et dans certains points, ils se trouvent à 15 étages au sous-sol et comprend des complexes plus grands que les salles utilisées pour les centres de commandement », toujours selon les sources du NYT.
Pourtant, pendant ces 200 jours, « Israël » a eu recours à son arsenal le plus sophistiqué, le plus moderne. Certains équipements ont été utilisés pour la première fois. Des bombes anti fortifications souterraines, abris et tunnels compris, dont des GBU-28, BLU-113, BLU-109, SDBS, et celles dotées du système GPS. Toutes dernier cri. On ne sait pas si Israël a utilisé des bombes éponges qu’il avait récemment conçues et qui disséminent des outils chimiques destinés à sceller les fentes et les entrées dans les tunnels.
Pour réduire en miettes les tours résidentielles, il a utilisé les versions les plus avancées des bombes à vide, thermobarique.
Plus de 45 mille bombes et missiles ont été larguées sur l’enclave, via des F35, des F16. l’équivalent de 65 mille tonnes, selon le gouvernement de Gaza. « C’est la campagne aérienne la plus intensive et la plus destructrice dans l’histoire moderne », constate la BBC.
Pour les combats, ont été investis dans la bataille la dernière génération des chars Merkava 2 et 4, celle des véhicules Panthers, des obus de mortier d’une haute précision Iron Sting, utilisés pour la première fois pour frapper les plateformes des roquettes, deux nouvelles générations des missiles portables sur le dos : Leo et MGM- Matador etc…
L’unité du génie est aussi entrée en action pour la première fois pour les combats dans les tunnels et les combats entre les bâtiments. Avec les chiens !
Mort ciblée… Mort en gros
Il y a aussi les armes assistées par l’intelligence artificielle (IA) qui sont entrées en action pour la première fois: entre autres le système Lavandre, qui utilise une base de datas pour viser les individus et celui de Habsora qui vise les installations civiles. Il est question de drones américains de reconnaissance de courte portée qui se déplacent à l’IA. Et des drones auto pilote. Elles ont visé des cibles choisies d’avance.
N’est certes pas fortuite l’élimination de centaines de journalistes et de professionnels des médias, de médecins et des professionnels du secteur médical et sanitaire, de professeurs universitaires et d’autres professionnels hautement qualifiés dont grouillaient cette petite enclave. Le dévoilement sur les réseaux sociaux de leur identité après leur martyre a aussi bien surpris que désemparé l’opinion publique.
Sans compter les armes traditionnelles qui tuaient a bout portant : les Apaches, les drones de reconnaissance et d’attaque dont les Eitan avec des missiles de 1000 kg, les Hermes-450 avec des missiles de 150 kg et les minuscules Nexus… Mais aussi les bombes à phosphore blanc, à fragmentation, à vide (ou thermobarique) et à l’uranium appauvri qu’Israël a le plus souvent utilisées dans toutes ses précédentes guerres, contre les Palestiniens ou les Libanais surtout.
200 vols aériens d’armes américaines
Ce sont aussi 200 jours d’aide américaine et occidentale à « Israël » en continuité, à tous les niveaux, surtout militaire. Via entre autres un pont aérien entre les USA et la Palestine occupée. Depuis le déclenchement de la guerre et jusqu’en janvier, au moins 200 vols aériens ont été réalisés pour transférer des missiles d’interception pour les antis aériens et antis missiles Dôme de fer, la Fronde de David et Hetz. Les Américains ont dépêché des équipes Patriot pour protéger les cibles de grande valeur en « Israël ». La majeure partie des armes citées ci-dessus sont d’origine américaines.
Deux porte-avions américains ont été arraisonnés en Méditerranée pour empêcher la guerre de s’élargir, surtout du côté libanais de la frontière. D’autres missions leur sont attribuées, celle entre autres de pallier aux destructions des équipements d’observation et d’espionnage par la résistance libanaise, à la frontière avec le pays du cèdre.
A noter sur le plan diplomatique, les deux vetos américains au sein du Conseil de sécurité de l’ONU pour empêcher une trêve humanitaire. Tous les discours critiques ou blâmant les dirigeants israéliens que les dirigeants américains ont prononcés solennellement n’ont nullement été étayés par la suspension de l’aide militaire. Force est de constater qu’ils annonçaient immédiatement un nouveau lot après chacun d’entre eux. Le tout, de concert avec les autres puissances européennes, surtout la France, la Grande Bretagne et de l’Allemagne.
Sans oublier le soutien des médias mainstream occidentaux qui ont œuvré à pleine vitesse, pour justifier, couvrir, minimiser ou dissimuler les atrocités commises par Israël contre la population civile. Et juguler une opinion publique occidentale horrifiée par leur férocité inouïe. Informée à leur insu grâce aux sites anti mainstream et surtout aux réseaux sociaux.
Les armes de la résistance : d’origine israélienne !
A la surprise générale, pendant ces 200 jours de guerre intrépide, les opérations de résistance n’ont pas connu de répit dans la bande de Gaza. Leur décomptage est presque impossible. Entre les tirs contre les chars et les blindés et les embuscades contre les militaires infiltrés et les tirs contre les colonies.
Face à l’arsenal super sophistiquée chez les Israéliens, les armes des résistants palestiniens sont certes sans aucune mesure. Les petits obus TBG anti char du Hamas, al-Yassin 105, d’une portée de 100 mètres, devenus célèbres, les petits engins anti-personnel, des anti blindées RPG à 2 phases, des RPG F-7, des Kornet anti chars de 5km de portée et les roquettes Katiouchas pour les tirs contre les colonies de l’enveloppe…
Les sources de la résistance assurent qu’ils ont tous été fabriqués localement. Un exploit compte tenu que la bande est entièrement assiégée depuis 2006.
Une découverte inattendue pour les israéliens, rapportée par le NYT : l’origine d’un grand nombre des armes que le Hamas a utilisées le 7 octobre était israélienne ! Via le recyclage des munitions des bombes israéliennes larguées sur la bande et qui n’ont pas explosé. Une seule bombe de 750 livres pourrait être transformée en plusieurs centaines de roquettes et d’obus. Les Israéliens croyaient auparavant que leur origine provenait exclusivement de la contrebande.
Le triangle de marque
Les vidéos qui filmaient les opérations ont aussi été une arme de guerre autant que de propagande pour la résistance. Car une confirmation de ses opérations continues. Elles ont illustré une grande bravoure chez les combattants, qui les ont réalisés à la distance zéro. Un aller au bout-de-soi héroïque. Et le petit triangle rouge clignotant pour marquer les cibles frappées, il est devenu emblématique de cette résistance. Son image de marque.
La version officielle israélienne rend compte pour les médias de plus de 600 militaires tués depuis le 7 octobre et de plus de 3000 blessés. La censure ne permettant pas de tout publier, les chiffres réels pourraient être bien supérieurs.
1998 opérations de soutien de la part de l’Axe
Fait saillant de ces 200 jours de guerre, la résistance palestinienne n’est pas seule dans sa résistance.
Tous les acteurs de l’Axe de la résistance ont mis du leur. Une première. Depuis le Liban, le Yémen et l’Irak. 1.998 opérations. Sans compter celle de l’Iran, la seule certes mais la plus spectaculaire de toutes. Avec ses plus de 330 drones et missiles qui ont traversé le ciel de 3 pays.
C’est le Hezbollah qui est en tête du palmarès. Il a été le premier à intervenir dès le 8 octobre avec 1.637 opérations.
La Résistance islamique en Irak lui emboitera le pas, avec 243 opérations, en visant des positions américaines et Irak et en Syrie (178) et 65 en direction de l’entité sioniste.
Et l’armée yéménite de Sanaa, quoique classée troisième, mais ses 118 opérations ont défrayé la chronique. 18 d’entre elles ont visé l’entité à partir de fin octobre, pourtant située à plus de 1.000 km. Les 100 autres ont fermé l’accès de la mer Rouge aux navires israéliens ou à destination des ports israéliens et visé les navires des flottes américaines et britanniques, dépêchées pour la première fois, sous prétexte de préserver le trafic maritime international.
Des massacres … et la lutte
Ce sont aussi 200 jours de massacres israéliens sans répit qui ont fait vivre l’enfer aux Palestiniens dans la bande de Gaza : plus de 34 mille Palestiniens martyrs, dont près de 15 mille enfants et 10 mille femmes ; quelque 10 mille autres sous les décombres ; près de 3 mille enlevés ; plus de 80 mille blessés et plus de 2 millions déplacés vers le sud.
Elle a privé 75% des survivants de leurs domiciles en réduisant en miettes 318.500 bâtiments et unités résidentielles.
Toutes les conditions de vie ont été éradiquées : 244 hôpitaux et centres médicaux, 412 écoles, 553 mosquées et lieux de prière… Toutes les infrastructures ont été éventrées, privant les gazaouis d’eau, d’électricité. « 65 stations de pompage des eaux usées ont été détruites », menaçant d’une catastrophe environnementale et sanitaire, selon le ministère de la Santé de Gaza.
Et le spectre de la famine qu’Israël a utilisé en imposant un blocus maritime et terrestre hermétique sur l’enclave, imposant ses conditions draconiennes pour l’entrée des denrées alimentaires et des besoins de première nécessité. Il a dû relâcher prise ces dernières semaines.
Ces massacres et ces destructions, semblant être le seul atout de force d’Israël, sont paradoxalement devenus son principal point de faiblesse. Leurs images diffusées à grande échelle ont offusqué toute la planète. Pour la première fois dans l’histoire, les manifestations ont été si importantes, si mondiales, si révoltées.
Ces 200 jours de guerre ont monté à la surface ce dont Israël a toujours été capable de faire, avec sa férocité aussi violente qu’indifférente. Et l’arrogance d’une caste qui se prend pour « le peuple élu » et se croit tout permis. Un pécher originel, inhérent à la création de cette entité depuis plus de 75 années sur la terre des autres.
Point de faiblesse, car au lieu de faire peur, elle a révolté les esprits libres et éveillé les plus ignorants. Mêmes des juifs. En dépit des mesures répressives dans les pays renommés démocratiques, surtout dans les universités.
En 200 jours, Israël a perdu la compassion des peuples, d’un grand nombre d’élites et d’innombrables gouvernements, d’autant plus que sa supériorité sanguinaire ne lui a pas été d’une grande utilité. Même au sein des Israéliens, elle n’est plus garante de leur sécurité depuis le 7 octobre.
Et pour les palestiniens qui ont tout perdu, leurs proches et leurs biens, entassés une enieme fois dans des camps, la lutte demeure leur unique refuge. En dépend que sa perte ne soit plus grande, celle de sa patrie! D’autant qu’elle a fait ses preuves!
La futilité de la supériorité
Singulièrement, Israël avait tout pour gagner. Une suprématie dans tous les domaines de la vie et le soutien intégral des plus puissants du globe. Ses échecs pendant ces 200 jours, annoncent déjà sa défaite, alors qu’il est encore, admettons-le, au sommet de sa puissance. Car, plus il en use, plus il perd! C’est comme si ses ennemis puisaient leur force de la sienne.
L’équation pourrait rendre perplexe. Un sujet de réflexion peut-être, mais une leçon à tirer surtout . Autant pour les puissances dominatrices que pour les opprimés de la terre.
Source: Divers