Le premier ministre israélien refuse de céder l’axe de Philadelphie alors qu’il fait l’objet d’une importante révolte populaire, depuis l’annonce de la récupération des 6 captifs israéliens retrouvés tués dans un tunnel à Rafah au sud de la bande de Gaza.
« Si nous sortons de Philadelphie le monde ne nous permettra pas d’y retourner », a-t-il affirmé ce lundi. « Tous ceux qui disent que nous pouvons sortir de l’axe de Philadelphie pour 42 jours savent que ce sera pour 42 ans ».
Gallant a perdu la tête
Le bureau du Premier ministre s’en est pris au ministre de la Défense Yoav Gallant en disant qu’ «il a perdu la tête ».
Selon la chaine israélienne Kan, l’entourage de Netanyahu est irrité en raison des demandes récurrentes de Gallant d’abroger la décision du Cabinet restreint, prise le jeudi dernier en faveur du maintien des troupes israéliennes sur l’axe de Philadelphie. Il a accusé Gallant qui prône la nécessité que la priorité soit accordée à la restitution des captifs israéliens au maintien de l’axe d’enflammer la rue israélienne dont il a soutenu les manifestations de dimanche.
Celle-ci semble surtout irritée par la nouvelle de la récupération des dépouilles de 6 captifs israéliens. Dimanche avait eu lieu une manifestation monstre à Tel Aviv et dans plusieurs villes israéliennes pour réclamer la conclusion d’un accord d’échange des détenus. C’est la plus importante depuis le déclenchement de la guerre. Il est question que 770 mille Israéliens y ont participé dont 300 mille à Tel Aviv.
Bibi tue les otages
« Bibi tue les otages » scandaient dimanche les manifestants qui l’ont accusé ainsi que le cabinet de « renoncer aux otages et de perdre entièrement son parcours éthique et moral en privilégiant ses intérêts politiques au détriment de la vie des otages ».
Une manifestation a eu lieu ce lundi.
« Nous arrêtons tout pour que notre voix soit entendue, pour dire que nous ne voulons rien faire tant qu’ils (les otages) ne sont pas là », a déclaré lundi à l’AFP Michal Hadas-Nahor, 34 ans, lors d’une manifestation à Tel-Aviv.
« J’espère vraiment que cela fera une différence, sinon je ne sais pas comment je peux vivre dans ce pays et élever mes enfants ici », a ajouté cette manifestante.
La grève amplement observée
Ce lundi, la grève générale décrétée la veille par le syndicat des travailleurs israéliens Histadrout à partir de 6 :00 (heure locale) a été amplement observée notamment dans les secteurs de hi tech, certaines autorités locales, les services municipaux, les universités, les écoles, les transports publics, et un certain nombre de ministères.
Dans l’aéroport de Ben Gourion la situation était plutôt chaotique après que les travailleurs des compagnies aériennes ont décidé de suivre la grève pendant deux heures.
Les travailleurs du port de Haïfa ont également suivi la grève en suspendant les travaux des services liés au chargement et au déchargement des navires.
Selon l’AFP, la municipalité d’al-Qods n’a pas répondu au mot d’ordre.
N’ayant pu se faire entendre, le ministre des Finances Bezalel Smotrich s’est adressé à un tribunal du Travail à Tel Aviv, pour écourter la grève. Ordonnant son arrestation à 14 :30 de l’après-midi de ce lundi.
Selon le site d’actualité israélien Ynet, le président de la Histadrout, Arnon Bar-David, a informé le tribunal que la grève se poursuivrait seulement jusqu’à 18H00 (15H00 GMT), soit 12 heures plus tôt que ce qui était initialement prévu.
Soutien à Sinwar
Après cette décision, Netanyahu a déclaré que « la grève constitue un soutien à Yahia al-Sinwar », le chef du Bureau politique du Hamas, récemment élu après l’assassinat de son ex-chef Ismail Haniyeh.
De l’autre côté de l’Atlantique, le président américain Joe Biden a critiqué l’entêtement de Netanyahu à vouloir garder l’axe de Philadelphie
Après avoir déclaré que les parties sont « très proches » d’un accord de cessez-le-feu, il a répondu par un « non » sans ambages à la question de savoir si Netanyahu en faisait assez pour conclure un accord.
Le journal américain Wall Street Journal a révélé dans son édition de ce lundi que le président américain hésite à faire pression sur Netanyahu pour faire des concessions au Hamas par crainte que cela n’éprouve la campagne présidentielle de Kamala Harris.
Selon le journal libanais al-Akhbar, la mort des 6 captifs a plus que jamais boosté le mouvement de contestation estimant que s’il persévère jusqu’à la cristallisation d’un accord, il pourrait être le prélude d’une transaction pour mettre fin à la guerre.
« Nous voulons que ce gouvernement cesse d’exister, nous voulons des élections, et avant tout nous voulons qu’il signe un accord pour libérer les otages et mettre fin à cette guerre qui est terrible pour les deux camps », a dit à l’AFP Barak Hadurian, un ingénieur de 56 ans.
Source: Divers