Le mouvement de résistance palestinien Hamas va bientôt changer de chef et devrait achever son rapprochement avec l’Iran. Dès le mois prochain, c’est Ismaïl Haniyeh qui présidera son bureau politique,lequel était depuis une vingtaine d’années dirigé par Khaled Méchaal. Celui-ci s’était considérablement approché des monarchies du Golfe depuis que le siège du mouvement a déménagé Damas vers le Qatar.
Selon le journal libanais al-Akhbar, les élections primaires au sein du Hamas sont sur le point de s’achever et les noms des membres du bureau politique devraient être annoncés au début du mois d’avril. Mais on sait déjà que M. Haniyeh figure en tête.
Dans un premier moment, c’est le nom du dirigeant Moussa Abou Marzouk qui avait été suggéré pour ce poste. Mais depuis que le journal pro saoudien Ashark al-Awsat a publié une sonore qui lui est attribué et dans lequel il attaque l’Iran, il a été écarté.
C’est le signe que le Hamas veut à tout prix ramener le niveau des relations avec Téhéran à celui d’avant la crise syrienne, le sujet sur lequel les deux protagonistes sont tombés en désaccord.
Selon Al-Akhbar, la direction du Hamas est parfaitement consciente que cette décision serait mal digérée par sa base, mais elle n’a aucune autre alternative. Sa branche armée a pressement besoin de cette relation, car seul l’Iran est disposé à lui fournir des armes.
« Certains Etats arabes soutiennent le mouvement avec de l’argent, mais certains se trouvent dans l’embarras de nous soutenir. Mais l’Iran est le seul pays qui nous donne des armements et nous transmet son expertise militaire », a expliqué une source du Hamas sous le couvert de l’anonymat au journal libanais.
Après son élection à la tête du Hamas, il est prévu que M. Haniyeh fasse une tournée dans un certain nombre de capitales arabes et islamiques, dont Téhéran. « La visite sera couronnée par une rencontre avec le guide suprême de la révolution islamique Ali Khameneï», a poursuivi la source du Hamas.
Le prochain chef du Hamas devrait aussi quitter la bande de Gaza pour s’installer dans un pays arabe. Doha, la capitale du Qatar, et Beyrouth la capitale libanaise pourraient toutes les deux lui servir de lieu de résidence. Une disposition qui lui permettrait de rester ouvert à tous les antagonistes dans le monde islamique.
Le mois prochain, le Hamas va aussi publier sa nouvelle charte politique et dans laquelle elle va reformuler son identité par rapport au conflit avec l’ennemi sioniste et sa relation avec la nation arabe et islamique.
L’appartenance du Hamas à la confrérie des Frères Musulmans y a été abandonnée. Elle lui avait causée bien du tracas avec les Egyptiens, depuis le renversement du gouvernement de Mohammad Morsi et l’avènement d’Abdel Fattah Al-Sissi.
En revanche, la question des Chrétiens palestiniens y est mise en exergue : ils sont présentés comme étant une composante essentielle de la société palestinienne.
Un texte est aussi consacré au statut de la femme palestinienne.
Or un changement majeur y est introduit : il n’est plus question de « libérer la Palestine de la mer au fleuve », un slogan qui avait orné son premier pacte. Le Hamas y admet un Etat palestinien dans les frontières de 1967. « Cette reconnaissance est formulée dans le contexte de la nécessité de libérer toute la Palestine … mais nous avons dit que nous ne rejetons nullement un Etat instauré dans les frontières de 1967, et dont la capitale serait Jérusalem Al-Quds. En échange, nous ne reconnaissons pas Israël, ce qui préserve notre droit à la résistance », a expliqué la source du Hamas. Selon elle cette disposition permet « d’ouvrir des perspectives avec nos partenaires », en allusion sans doute à l’OLP qui a depuis bien longtemps renoncé à cette exigence.
« Mais nous ne changerons certainement pas nos convictions sur la nécessité de combattre l’ennemi israélien et de libérer toute notre terre », a objecté la source. Assurant que la désignation de Yahia Sinwar à la tête du bureau politique de Gaza devrait dissuader quiconque que le Hamas voudrait changer sa peau. Celui-ci étant connu pour son attachement indélébile à l’option de la résistance