Retour aux persécutions, les Emirats arabes unis ont arrêté un activiste lauréat d’un prix pour la défense des droits de l’Homme, a rapporté l’AFP.
Selon la version officielle véhiculée par l’agence de presse officielle émiratie WAM, M. Ahmed Mansour est accusé d’avoir utilisé les réseaux sociaux pour « publier de fausses informations et des rumeurs et pour avoir propagé des idées tendancieuses de nature à semer la sédition, le sectarisme et la haine », et d’avoir porté atteinte à « l’unité nationale et à la paix sociale et d’avoir nui à la réputation de l’Etat et incité à la désobéissance ».
Cette version est aussitôt démentie par une ONG régionale de défense des droits de l’Homme, le Gulf Center for Human Rights (GCHR), selon laquelle son arrestation est liée à de récents tweets appelant à la libération d’un autre militant émirati, Osama Al-Najjar, ou à une lettre qu’il a signée avec d’autres activistes pour demander au prochain sommet arabe, prévu fin mars en Jordanie, « la libération de tous les prisonniers d’opinion au Moyen-Orient ».
Amnesty International a aussi réagi à l’arrestation de Mansour , d’autant qu’il est le lauréat 2015 de son prix Martin Ennals, du nom d’un ancien secrétaire général d’Amnesty International, récompensant des défenseurs des droits de l’Homme.
« Amnesty International est consternée par le raid nocturne qui a entraîné l’arrestation d’Ahmed Mansour, un courageux défenseur des droits de l’Homme », a déclaré, dans un communiqué, Lynn Maalouf, responsable de l’organisation basée à Beyrouth,
« Nous pensons qu’Ahmed Mansour a été arrêté pour avoir exprimé de manière pacifique ses convictions et nous appelons à sa libération immédiate et inconditionnelle », a-t-elle ajouté, exigeant sa libération immédiate.
Amnesty International a indiqué qu’une équipe de 12 policiers, dont deux femmes, avaient pris d’assaut l’appartement de M. Mansour vers minuit dimanche et mené une perquisition pièce par pièce, y compris dans la chambre de ses enfants, avant de l’interpeller.
M. Mansour a été condamné à trois ans de prison en 2011 dans un procès jugé par les groupes de défense des droits de l’Homme comme « manifestement injuste ».
Il avait été jugé coupable, avec quatre autres personnes, d’avoir « utilisé internet pour insulter les dirigeants des Emirats arabes unis et appeler au boycott d’élections ». M. Mansour fait partie des dizaines de militants qui ont agi dans le sillage du Printemps arabe afin de réclamer des réformes politiques vers une démocratisation de la vie politique.
Accusés d’être proches de la confrérie des Frères Musulmans, qui avait pris le pouvoir en Egypte à l’issue d’un scrutin électorale, ces militants ont alors subi toutes sortes de persécutions : tortures, déchéance de nationalité, et d’aucuns ont vu leurs biens confisqués ou volés.
Pardonné par l’émir des Emirats la même année, M Mansour a été privé de son passeport et interdit de voyage à l’étranger.
Malgré son répertoire sombre sur les droits de l’homme, les EAU n’ont jamais été inquiétés.
Selon Human Rights Watch, ils ont pu sauvegarder une image positive en s’achetant les faveurs des Etats-Unis et de la Grande Bretagne, via des dépenses astronomiques dans ces pays, en finançant des hôpitaux et des équipes de football, en l’occurrence Manchester City, ainsi que d’autres projets.