Un récent sondage israélien révèle que la majorité des israéliens sont mécontents de la politique du Premier ministre Benjamin Netanyahu. Réalisé par la chaine publique Kan, il indique qu’ils sont 64% de cet avis. 46% d’entre eux estiment que les chefs de l’état-major et de la Savak, Herzi Halevi et Ronan Bar devraient démissionner.
La principale source de préoccupation des Israéliens est sans doute le sort des captifs israéliens. Malgré les massacres et les destructions commis par l’armée israélienne contre les Palestiniens dans la bande de Gaza, présentés comme des exploits, l’armée d’occupation est toujours incapable de ramener les captifs israéliens que le Hamas avait enlevés pour les échanger contre les milliers de détenus palestiniens qui croupissent par milliers dans les prisons israéliennes. 100 captifs israéliens sont encore séquestrés dans la bande de Gaza, dont un nombre inconnu ont été tués dans les frappes israéliennes sur l’enclave.
Le chiffre des détenus palestiniens depuis octobre 2023 s’élève à 11.700, selon l’organisation ad-Damir qui précise que ce chiffre comprend uniquement les Palestiniens de la Cisjordanie et d’al-Qods. Ceux qui ont été enlevés dans la bande de Gaza durant cette date n’ont pas encore été recensés. La dernière vague d’enlèvement a touché le personnel de l’hôpital Kamal Adwan qui a été incendié par les forces d’occupation. Son directeur Dr Houssam Abou Safiya se trouverait dans la prison à la sinistre réputation de Sdei Teiman où il subirait des sévices et des tortures.
Face à l’impasse dans les négociations sur un accord d’échange des détenus, la radio militaire israélienne estime que la politique suivie par le gouvernement de l’occupation pour libérer les captifs israéliens est « inefficace ». « On ne peut pas dire que les négociations sur l’accord d’échange sont gelées, mais il n’y aucune évolution jusqu’à présent », a-t-elle rapporté. Et de préciser : « L’armée tente de faire pression militairement sur le Hamas pour l’achever en dépit de l’échec de cette politique dans les mois passés ».
Danny Yatom, l’ex-chef du Mossad a confié au Maariv que « nous aurions dû déduire depuis longtemps que le recours à la force compromet la vie des otages ».
L’affaire de corruption, de fraude et d’abus de confiance qui éclabousse le Premier ministre israélien semble aussi occuper le centre d’intérêt des Israéliens. Ils sont nombreux, 54%, pour soutenir l’enquête pénale lancée contre son épouse, accusée entre autres de harcèlement contre des témoins dans cette affaire et dont certains dessous ont été révélés dans un programme télévisé. Seuls 23% se sont exprimés contre cette enquête.
77% des sondés ont aussi appuyé la commission d’enquête sur les évènements du 7 octobre Des chiffres à la hausse par rapport au mois précédent qui laissent transparaitre une crise de confiance chez la population israélienne qui insiste pour savoir ce qui s’est passé ce jour-là. La guerre et les exploits dont se targue Netanyahu n’ayant parvenu à les dissuader. Le sondage de Kan rapporte aussi que 70% des Israéliens sont favorables à des élections à la fin de la guerre.
Autre source d’inquiétude, la poursuite de la guerre contre l’enclave pendant que les factions de la résistance annoncent tous les jours des opérations. Et l’armée israélienne de faire état de tués et de blessés dans les rangs de militaires. Après 15 mois de guerre génocidaire contre la bande de Gaza qui a fait au moins 55 mille martyrs et disparus palestiniens, des médias israéliens appréhendent « qu’Israël ne soit enlisé dans le bourbier de Gaza qui coûte très cher », selon le Maariv.
« Chaque fois que l’armée réalise un pas en avant, elle revient deux pas en arrière. Chaque fois que l’armée déclare avoir nettoyé une région, les terroristes reviennent », constate pour sa part le Yedioth Ahronoth. « N’est-ce pas un crime que d’envoyer nos fils à tous les coups dans les mêmes régions pour qu’ils perdent la vie » s’irrite le quotidien selon lequel « les Israéliens méritent de grands dirigeants qui savent assumer leurs responsabilités et qui savent définir les politiques sans excuse ni occultation ».
Un décompte officiel estime que 800 militaires israéliens ont été tués depuis le 7 octobre 2023 et plus de 5.000 ont été blessés. Un chiffre inédit depuis la guerre de 1973. 40 ont perdu la vie depuis le lancement de l’opération terrestre contre le nord, début octobre dernier.
Fin novembre, un sondage réalisé par la chaine 12 de télévision israélienne révélait que 71% des israéliens sont en faveur d’un accord pour les détenus en échange de l’arrêt définitif de la guerre. 15% seulement se sont prononcés contre. Ils étaient 20% le mois passé. Force est de constater que dans les sondages, les Israéliens ne semblent pas outrés par la guerre génocidaire menée par Netanyahu en leur nom, contre les Palestiniens. Un mutisme aussi complice que cruel.
Netanyahu semble jusqu’à présent peu soucieux de ces tendances défavorables au sein de l’opinion israélienne. Comme il l’a été avec les mandats d’arrêt de la Cour pénale internationale. Une fois rétabli de son hospitalisation dimanche, il devra certes comparaitre devant le tribunal de Jérusalem, mais il continuera, sans se soucier, son va-t-en-guerre frénétique.