Le président libanais Michel Aoun fait l’objet d’une campagne de pressions internes et externes depuis qu’il a exprimé son soutien à la Résistance et à son armement. Selon le journal libanais al-Akhbar, Washington qui figure en tête de ces meneurs de pression serait même en train de préparer de nouvelles mesures contre les banques libanaises dans le cadre de cette campagne.
Le 12 février dernier, le chef de l’Etat libanais avait dit lors d’un entretien avec la chaine de télévision égyptien CBC : « tant qu’il y aura un territoire occupé par Israël, et tant que l’armée libanaise ne dispose des atouts de force nécessaires pour l’affronter, l’armement du Hezbollah demeure une nécessité qui complète l’action de l’armée libanaise ».
Il aurait depuis réitéré cette même rhétorique devant le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi, puis le roi jordanien, sans compter le pape François II, lors de sa récente visite au Vatican. Et Washington est surement au courant de ces prises de position.
Le premier à avoir lancé la campagne a été le néoconservateur américain pro israélien Eliot Abrahms qui a écrit dans les pages du Newsweek : « Faut-il toujours que les Etats-Unis offrent une aide militaire a l’armée libanaise après que Aoun a qualifié le rôle militaire du Hezbollah comme étant indispensable pour la défense du Liban contre Israël et après lui avoir accordé une certaine légitimité ? »
Quelques jours plus tard, c’est le News York Times qui a pris le relais de la campagne, avec des méthodes certes bien plus sournoises. Arguant que « certains libanais craignent la hausse de la suprématie du Hezbollah sous le règne de Michel Aoun », il a signalé qu’il existe « plusieurs procédés à travers lesquels l’administration (américaine) pourrait faire pression sur le Liban, en visant entre autre les banques, en réduisant le financement de l’armée ou des réfugiés syriens ».
Selon Al-Akhbar, le gouverneur de la banque centrale du Liban Riad Salameh a bien été informé des préparatifs qui ont lieu à Washington pour mettre au point de nouvelles listes destinées à exercer des restrictions sur les banques libanaises, sous prétexte qu’elles facilitent les transactions du Hezbollah, c’est-à-dire en réactivant la loi de lutte contre le financement du Hezbollah.
Au Liban, la campagne contre le président libanais ne dit pas son nom. La semaine passée, en marge du débat socio-économique qui enflamme la rue libanaise, sur fond de la question de la hausse des salaires, des portraits de M. Aoun ont été déchirés dans plusieurs régions chrétiennes. En même temps, assure al-Akhbar, une société dont il n’a pas précisé l’identité a lancé sa machine médiatique sur les réseaux sociaux afin de diffuser des fake news liés à des revendications d’ordre social. L’information qui avait alors fait le buzz et s’est avérée être un gros mensonge a été celle qui fait état d’une hausse des taxes sur les produits de consommation de première nécessité, afin de financer la hausse des salaires.
Semble aussi faire partie de cette campagne contre le numéro un libanais sur le plan interne la multiplication des demandes de visite de la part de diplomates occidentaux et arabes au président libanais.
Jusqu’à la tenue de la prochaine réunion de la Ligue arabe, prévue en Jordanie à la fin de ce mois-ci, les observateurs s’attentent à ce que cette campagne se poursuive contre M. Aoun, d’autant qu’il compte y annoncer « une position hors du commun », conclut al-Akhbar.