La présidence syrienne, qui cherche à redorer son image après les tueries commises sur la côte syrienne, a annoncé lundi un accord pour « intégrer » au sein de l’Etat toutes les institutions civiles et militaires relevant de l’administration autonome kurde du nord et de l’est de la Syrie.
Accueilli dans plusieurs villes syriennes par des manifestations de joie selon les médias d’Etat, l’accord a été signé par le président par intérim, Ahmad Charaa, et le chef des Forces démocratiques syriennes (FDS), dominées par les Kurdes, Mazloum Abdi, pour une application prévue d’ici à la fin de l’année.
Il intervient alors que la Syrie a connu ces derniers jours dans l’ouest du pays ses pires violences depuis la chute de l’ancien président Bachar Assad en décembre. 745 civils alaouites ont été tués par les forces de sécurité et groupes alliés.
Le porte-parole du FDS, Ferhad Chami, a affirmé que « l’accord avec le gouvernement de Damas est préliminaire et a été parrainé par les USA ».
Et d’ajouter : les USA sont considérés comme une partie clé de cet accord.
Chami a expliqué que « les informations qui ont circulé sur le déploiement des forces gouvernementales syriennes dans la ville de Hassaké sont inexactes ».
« Il est possible que les forces de Damas se déploient uniquement à la frontière », a-t-il dit.
Pour sa part, la présidence syrienne a publié lundi un communiqué signé par les deux parties, précisant que l’accord prévoit « l’intégration de toutes les institutions civiles et militaires du nord-est de la Syrie au sein de l’administration de l’Etat syrien, y compris les postes-frontières, l’aéroport ainsi que les champs pétroliers et gaziers. »
L’accord affirme également que « la communauté kurde est une composante essentielle de l’Etat syrien », qui « garantit son droit à la citoyenneté et l’ensemble de ses droits constitutionnels », tout en rejetant « les appels à la division, les discours de haine et les tentatives de semer la discorde entre les différentes composantes de la société syrienne. »
Il stipule aussi « le soutien à l’Etat syrien dans sa lutte contre les résidus du régime Assad et toutes les menaces pesant sur sa sécurité et son unité. »
L’administration autonome kurde, soutenue par les Etats-Unis, contrôle de vastes territoires dans le nord et l’est de la Syrie, riches en blé, pétrole et gaz, des ressources cruciales pour les autorités de Damas dans cette période de reconstruction.
L’accord intervient près de deux semaines après un appel historique du leader du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK, kurde turc), Abdullah Öcalan, à la dissolution du parti et à l’abandon de la lutte armée. Cet appel a été salué par les Kurdes de Syrie.
La Turquie, alliée des nouvelles autorités de Damas, accusait les Unités de protection du peuple (YPG), la principale composante des FDS, d’être affiliées au PKK, classé comme organisation « terroriste » par Ankara, mais aussi la Suède, l’Union européenne ou les Etats-Unis.