Un ex-diplomate syrien a été tué ce mercredi dans la province de Deraa, au sud de la Syrie, deux semaines après son retour.
Selon les médias syriens, Noureddine al-Labbad et son frère ont été assassinés par des hommes armés qui ont ouvert le feu sur eux dans leur maison dans la ville al-Sanamine. Cette ville a été le théâtre d’affrontements entre des forces de sécurité et le groupe de Mohsen al-Hamid qui faisait partie des services de sécurité militaires de l’ancien régime.
Diplomate de carrière pendant l’ancien régime syrien ayant fait défection en 2013, Al-Labbad s’était réfugié en France où il était le représentant de la Coalition nationale. Il était revenu pour s’installer au pays depuis deux semaines.
Entre 1300 et 4000 martyrs alaouites
Dans les régions côtières de l’ouest syrien où des massacres ont été perpétrés contre les civils alaouites, des chiffres non officiels et non définitifs rendent compte de 4000 civils martyrs, selon le journal libanais al-Akhbar. Alors que l’Observatoire syrien des droits de l’homme parle de plus de 1383 tués. Des familles entières ont été décimées. Les massacres ont été accompagnés de pillages, de destruction et de mises à feu prémédités des biens. Des milliers de familles refusent de rentrer chez elles par crainte de nouveaux massacres.
Les tueries ont été commises par des éléments qui appartiennent au service de Sécurité générale du nouveau pouvoir en place et par des factions jihadistes qui lui sont alliés, selon l’OSDH.
La commission d’enquête mise au point par le gouvernement suscite bien des doutes quant à son sérieux de parvenir à des conclusions objectives, d’autant qu’elle comprend des personnalités connus pour leurs positions extrémistes qui apostasient les musulmans non sunnites. L’une d’entre elles, Joumaa al-Dbeisi al-Aanzi, a publié des articles dans lesquels il qualifie les Alaouites d’apostats et leur destin est la Géhenne, selon al-Akhbar.
Ce mercredi, la défense civile en Syrie a indiqué que ses équipes ont évacué 26 dépouilles dont 9 dans la ville de Banias et 17 dans la province de Lattaquié.
La répression a précédé les attaques
Interrogé sur les circonstances de ces tueries, le directeur de l’OSDH, Rami Abdel Rahman a confirmé qu’avant la campagne de carnage, des attaques avaient été perpétrées par des éléments du l’ex-régime déchu contre des check-points des ministères actuels de la Défense et de l’Intérieur.
Mais d’après lui, le terrain était propice à ces attaques en raison de la répression dont a été victime la communauté alaouite depuis la chute du régime des Assad.
Il décrit l’environnement qui a sévi avant ces attaques et les massacres qui les ont suivies, en énumérant : «une ségrégation communautaire, des persécutions, des révocations de la fonction publique, le fait de considérer chaque alaouite qu’il est le reste du régime déchu jusqu’à preuve du contraire, le vocabulaire communautaire qui s’est propagé à grande dimension dès le premier mois ».
Selon Abdel Rahmane, 24 mille fonctionnaires ont été démis de leur fonction dans la province de Lattaquié le mois passé ce qui en a découlé une véritable crise économique.
Il a aussi rappelé que plus de 9.000 ex-militaires de l’armée syrienne sont toujours incarcérés après s’être rendus en échange de régler leur situation.

Des médias occultent les massacres
S’ajoutent des assassinats ciblés qui ont éliminé plus de 500 civils alaouites, d’après Abdel Rahman selon lequel ils ont été perpétrées en toute impunité durant ces trois derniers mois. Il déplore des tentatives de certaines médias d’occulter ces infractions et de mettre l’accent sur les aspects positifs seulement du nouveau pouvoir en place.
Il accuse le pouvoir en place d’avoir laissé faire volontairement ces assassinats.
« Directement après les attaques contre les check-points des deux ministères, les appels au jihad ont été lancés dans les mosquées du pays appelant à attaquer les civils alaouites », a aussi révélé le directeur de l’OSDH, indiquant que les autorités n’ont pris aucune mesure pour les empêcher.
Interrogé sur le sérieux du président actuel Ahmad al-Charaa (Al-Chareh) de mener à bien l’enquête afin de débusquer les auteurs des massacres, Abdel Rahman a assuré qu’il faut voir les actes et non se fier aux promesses. « Ce qui s’est passé contre les Alaouites est méthodique et non pas individuel », a-t-il taclé.
L’OSDH a mis en garde contre l’enterrement des victimes dans des charniers « de crainte qu’ils ne soient exploités ultérieurement pour promouvoir des récits au service d’objectifs politiques et humanitaires, pour accuser les prétendus restes du régime de commettre des crimes de guerre. »
Sunnite ou alaouite?
Selon les récits de survivants, des témoignages recueillis par l’AFP et d’éléments collectés par des organisations de défense des droits humains, des hommes armés se sont livrés à une véritable frénésie de violence depuis le 6 mars contre des civils alaouites dans les localités côtières où cette minorité musulmane est concentrée.
« Dans un certain nombre de cas extrêmement troublants, des familles entières – y compris des femmes et des enfants – (…) ont été tuées », ont souligné mardi les Nations unies.
L’ONU a indiqué avoir recueilli des témoignages selon lesquels les auteurs des massacres « ont effectué des descentes dans les maisons, demandant aux habitants s’ils étaient alaouites ou sunnites avant de les tuer ou de les épargner en fonction de leur réponse ».
Un témoin qui a requis l’anonymat a affirmé à l’AFP avoir vu un homme, son épouse et leurs deux enfants, être contraints de sortir de leur maison et alignés devant un mur avant d’être fusillés dans un village alaouite de la région de Lattaquié.
Un habitant d’un quartier alaouite de la ville de Banias a raconté à l’AFP que des combattants avaient rassemblé tous les hommes de l’immeuble de son frère sur le toit avant de les exécuter.
Source: Divers