Ce n’est pas une plaisanterie cette affaire de cartel du gaz. La crise en rapport, entre la Russie et l’Ukraine un certain hiver 2005 fait penser au pire. Les plus avertis des géants gaziers européens y voient une affaire plus grave que le nucléaire iranien. Il y va de la sécurité de toute l’Europe occidentale, et aussi, de celle des Américains. Avec une Russie réveillée d’un long sommeil, une Algérie prospère et riche, libérée de ses créanciers et du complot terroriste, et un Iran très avancé dans le domaine nucléaire et majestueusement riche en gaz, le rapport des forces appelle à la révolution. Apparemment, l’Union européenne n’est pas prête à digérer la chose !
Un cartel gazier entre l’Algérie, la Russie et l’Iran est en voie de formation. Vladimir Poutine juge l’idée intéressante et qu’il allait y réfléchir. « L’Opep du gaz est une idée intéressante, nous allons y réfléchir ». Et d’ajouter : « Nous sommes d’accord avec les spécialistes iraniens et d’autres pays, gros producteurs et exportateurs d’hydrocarbures sur les marchés internationaux, et nous essayons déjà de coordonner nos efforts sur les marchés des pays tiers », a-t-il affirmé.
« Nous allons-y réfléchir « , n’est qu’une expression diplomatiquement nécessaire pour tempérer la grogne européenne. Pour en arriver là, un long chemin a été parcouru et les consommateurs sont avertis. L’Algérie après de longues discussions est arrivée à signer le mois dernier avec la Russie, un protocole d’accord pour renforcer la coopération des deux pays dans le domaine énergétique. D’autres accords sont en vue avec l’Iran avec qui les discussions ont été fructueuses. Le récent déplacement en Algérie du ministre russe de l’Industrie et de l’Énergie, Viktor Khristenko, n’a pas manqué de susciter de graves préoccupations en Occident. La réaction de l’Union européenne a été brutale et les autorités européennes multiplient les déclarations hostiles à ce sujet. Le commissaire européen à l’énergie, Andris Piebalgs, a demandé à Alger et Moscou d’expliquer leurs « intentions » et s’interroge sur les conséquences de cette jeune entreprise pour les consommateurs européens. À rappeler que la Russie et l’Algérie sont les principaux fournisseurs de gaz de l’Union européenne. La Russie qui produit 20% du gaz mondial, en possède près de 30% des réserves mondiales, est suivie par l’Iran et par l’Algérie, troisième producteur dans le monde. La Russie et l’Algérie contrôlent plus de 40% de la consommation de l’Europe. Il y a de quoi s’alarmer !
Pour les donneurs de leçons de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), » une Opep du gaz serait contre-productive pour les pays producteurs », comme s’ils avaient pitié de nous ! Leur explication est plutôt enfantine. Cette organisation si elle est formée, » elle se traduirait par une réduction de la consommation et une substitution par d’autres énergies « , ont-ils affirmé. N’est-ce pas une bonne chose de réduire la consommation après avoir augmenté les prix bien sûr ? Les peuples producteurs n’en seront pas gênés, en tout cas ! Ce ne sera qu’une petite justice rendue. Tout de même, il est de l’intérêt des producteurs d’assurer la sécurité énergétique des consommateurs.
Pour l’Algérie, la Russie et l’Iran, second producteur du gaz, cette sécurité en est une pour leurs économies en plein essor. Le mémorandum algéro-russe ne doit pas être une source de problèmes pour la région. D’autant plus que les deux pays ont fixé les résultats accomplis et les perspectives de la coopération bilatérale dans l’énergie et le génie minier. Les accords signés portent sur l’exploitation de gisements d’hydrocarbures et la coopération dans le domaine de l’électricité. À noter que nos deux pays disposent d’un réseau de gazoducs et de transports maritimes reliant toute l’Europe. L’Algérie ravitaille le côté sud de l’Europe à raison de 10 à 15%, et la Russie s’occupe du nord avec 20 à 25%. Ce qui intéresse de plus les Russes, c’est l’investissement à long terme, notamment chez les voisins d’Alger, dont la Mauritanie et le Mali où Sonatrach est déjà opérationnel.
Ceci explique les préoccupations des Européens qui en plus de leurs craintes du monopole gazier, ils ont à céder une grande partie de leurs rentes qui provenaient de leurs positions d’investisseurs directs. » Si, naguère, les pays consommateurs contrôlaient, la production d’hydrocarbures à l’étranger à l’aide de leurs compagnies, celles-ci se voient, de plus en plus activement, évincer non seulement par des monopoles locaux, mais aussi par des concurrents chinois, indiens, vénézuéliens, Indonésiens et Russes « . Pour les Américains aussi, cette évolution des choses menace la stratégie commune euro-américaine. C’est pourquoi on peut affirmer qu’une guerre économique est en train de se préparer pour saborder les efforts fournis jusqu’à présent pour réaliser ce cartel tant attendu. Nous comptons sur la bonne volonté d’Alger, de Moscou et de Téhéran pour parvenir à un accord en avril prochain à Qatar, d’autant que toutes les chances sont de leurs côtés. D’ici là, beaucoup de choses sont appelées à évoluer dangereusement, notamment des attaques contre l’Iran !
Laïd DOUANE
Source : www.alterinfo.net