Donald Trump s’est opposé lundi à tout « enrichissement d’uranium » dans le cadre d’un éventuel accord sur le nucléaire iranien, après que Téhéran a exclu de se voir privé de ses « activités pacifiques », les négociations entre les deux pays butant sur ce point clé.
« Nous n’autoriserons aucun enrichissement d’uranium dans le cadre d’un potentiel accord » avec l’Iran, a assuré Donald Trump sur son réseau Truth Social.
Le message du président américain arrive après que le site Axios a révélé que la dernière proposition faite par les Américains, samedi, permettait aux Iraniens de procéder à un enrichissement d’uranium limité, ce que le gouvernement américain a toujours exclu jusqu’ici.
L’Iran avait indiqué avoir reçu des « éléments » d’une proposition américaine pour un nouvel accord sur son programme nucléaire à l’issue de cinq cycles de négociations menés sous la médiation d’Oman.
« Si l’objectif des négociations est de garantir que l’Iran ne cherche pas à se doter de l’arme nucléaire, alors un accord me semble possible », a affirmé lundi le chef de la diplomatie iranienne Abbas Araghchi.
Mais si « le but est de priver l’Iran de ses activités pacifiques, alors il n’y aura certainement aucun accord », a-t-il insisté au Caire, avant une réunion tripartite avec son homologue égyptien Badr Abelatty et le chef de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) Rafael Grossi.
Ce dernier a de son côté appelé l’Iran à « plus de transparence ».
En vue d’un éventuel accord, Téhéran veut « des garanties que les sanctions soient bien levées », a par ailleurs déclaré le porte-parole de la diplomatie iranienne Esmaïl Baghaï. « Jusqu’à présent, la partie américaine n’a pas voulu clarifier cette question ».
« Rien à cacher »
Selon le New York Times, la proposition américaine prône la création d’un groupe régional pour produire de l’énergie nucléaire au bénéfice de l’Iran. Un projet « acceptable » et dans le « meilleur intérêt » des Iraniens, a estimé la Maison Blanche, citée samedi par les médias américains.
Après la divulgation samedi d’un rapport de l’AIEA montrant que l’Iran a intensifié sa production d’uranium enrichi à 60% – un niveau proche des 90% nécessaires à la fabrication d’armes atomiques – Abbas Araghchi a aussi affirmé au Caire que son pays n’avait « rien à cacher » sur son « programme nucléaire pacifique ».
« Il faut plus de transparence – c’est très, très clair – en Iran, et rien ne nous apportera cette confiance (à part) des explications complètes d’un certain nombre d’activités », venait d’affirmer Rafael Grossi.
Il a défendu le rapport « impartial » de son agence, dont l’Iran avait rejeté les conclusions, les qualifiant de « politiques » et fondées sur des informations « non fiables et trompeuses ».
« Guerre régionale »
L’AIEA doit tenir du 9 au 13 juin à Vienne, en Autriche, un Conseil des gouverneurs, une importante réunion trimestrielle durant laquelle seront notamment passées en revue les activités nucléaires de l’Iran.
Dénonçant des « pressions exercées sur l’Agence par certains pays européens », Abbas Araghchi les avait menacés dimanche d' »une réponse proportionnée de la part de l’Iran », s’ils voulaient « exploiter davantage ce rapport politique ».
La France, le Royaume-Uni et l’Allemagne sont avec la Russie et la Chine membres de l’accord pour encadrer le programme nucléaire iranien conclu avec la République islamique en 2015. Les Etats-Unis s’en sont retirés unilatéralement trois ans plus tard durant le premier mandat de Donald Trump.
Le Kremlin a défendu mardi le « droit » de l’Iran à développer son énergie nucléaire civile.
« Les pays ont le droit à l’énergie nucléaire civile (…) et nous estimons bien évidemment qu’ils doivent garder ce droit », a déclaré le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, interrogé, lors de son briefing quotidien, sur l’opposition exprimée par le président américain Donald Trump à tout « enrichissement d’uranium » en Iran.
Lundi, Abbas Araghchi et Rafael Grossi ont tous deux rencontré le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi, qui, selon son porte-parole, a appelé à la « désescalade » pour éviter « une guerre régionale généralisée ».
« La région en a assez des crises et des défis sécuritaires », a aussi mis en avant le chef de la diplomatie égyptienne, alors que le président Donald Trump a à plusieurs reprises menacé l’Iran d’un recours à l’option militaire en cas d’échec des pourparlers sur ce dossier.
Source: Avec AFP