Alors que l’attention mondiale reste focalisée sur l’Iran, l’une des réalités les plus dangereuses du Moyen-Orient continue d’opérer dans l’ombre : le programme nucléaire israélien. Protégé par les États-Unis et une politique délibérée d’ambiguïté, cet arsenal échappe à tout contrôle, inspection ou obligation de rendre des comptes.
Aujourd’hui, alors qu’Israël intensifie les tensions avec l’Iran sous prétexte de son programme nucléaire pacifique, le monde se voit une fois de plus confronté à une menace silencieuse au cœur de la région.
Un haut responsable iranien a averti que si les États-Unis entrent en guerre aux côtés d’Israël, l’Iran pourrait directement viser le site nucléaire de Dimona, dans le sud d’Israël.
Cette menace braque les projecteurs sur Dimona, le cœur de l’empire nucléaire secret d’Israël.
Cinquième puissance nucléaire, hors du TNP
Selon les estimations de la Fédération des scientifiques américains (FAS), Israël posséderait entre 80 et 400 ogives nucléaires, ce qui le place parmi les cinq premières puissances nucléaires mondiales.
Pourtant, contrairement aux autres nations dotées de l’arme nucléaire, Israël a refusé de signer le Traité de non-prolifération nucléaire (TNP) de 1968. Comme l’a souligné l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), cela signifie que les installations nucléaires d’Israël ne sont pas soumises aux inspections internationales.
Le réacteur de Dimona : une bombe à retardement ?
Le Centre de recherche nucléaire du Néguev, communément appelé Dimona, a été construit à la fin des années 1950 avec l’aide de la France, selon des accords franco-israéliens déclassifiés. Dissimulée au cœur du désert du Néguev, cette installation est en grande partie souterraine et protégée par des batteries de missiles antiaériens, des clôtures et la plus grande confidentialité.
D’une puissance initiale de 26 mégawatts, Dimona a vu ses capacités tripler ces dernières années, lui permettant de produire chaque année suffisamment de plutonium pour fabriquer jusqu’à deux bombes nucléaires.
Une analyse satellite réalisée en 1999 par Jane’s Intelligence Review a averti que les radiations neutroniques avaient affaibli les murs en béton de Dimona, augmentant le risque de défaillance structurelle.
En 2004, Channel 2 Israël a révélé que des dizaines d’anciens travailleurs de Dimona sont morts d’un cancer causé par l’exposition aux radiations. En 2015, Channel 10 a diffusé “The Dark Secret: The Dimona Oven”, un reportage révélant des centaines de cas supplémentaires. Le gouvernement a nié toute responsabilité.
Un empire nucléaire dans l’ombre
Dimona n’est qu’une partie de la vaste infrastructure nucléaire secrète d’Israël. Israël exploite au moins sept installations liées au nucléaire, dont beaucoup sont situées à proximité de villages palestiniens. Il s’agit notamment de :
Nahal Soreq (au sud de Ramla, ville occupée)
Kishon (au nord de Haïfa, ville occupée)
Kfar Zakaria (entrepôt de missiles près de la ville occupée de Hébron)
Be’er Yaakov (fabrication de missiles)
Eilabun (entrepôt tactique souterrain)
Rafael et Wing 20 (assemblage et recherche sur les ogives)
Palmachim (site d’essai de missiles)
Certains de ces sites sont construits sous des villages dépeuplés durant la Nakba de 1948, notamment Nimrin près d’Eilabun.
Missiles Jericho : vecteurs d’ogives nucléaires
Israël a déployé une gamme de missiles balistiques capables de transporter des charges nucléaires. La série Jericho comprend :
Jericho I : portée de 500 km
Jericho II : jusqu’à 1 500 km
Jericho III : portée intercontinentale de plus de 7 000 km
Ces missiles peuvent transporter des ogives conventionnelles et nucléaires. Israël utilise également des avions F-15 et F-35 et disposerait de sous-marins nucléaires.
En 1986, Mordechai Vanunu, un technicien de Dimona, a divulgué au Sunday Times des preuves de l’arsenal nucléaire d’Israël. Il a été enlevé par des agents du Mossad, renvoyé en Israël et condamné à 18 ans de prison, dont une grande partie en isolement cellulaire.
Ses révélations ont confirmé l’existence de centaines d’ogives, de laboratoires de production de pointe et d’installations de retraitement.
Essais nucléaires
Israël n’a jamais officiellement admis avoir procédé à des essais nucléaires, mais les analystes citent plusieurs incidents suspects :
Participation aux essais nucléaires français en Algérie (1960), rapportée par Le Monde Diplomatique.
Un essai souterrain présumé près de la frontière égyptienne (1966).
Un double flash mystérieux détecté par des satellites américains dans l’océan Indien en 1979, qui serait un essai conjoint israélo-sud-africain, comme l’a noté le Wilson Center.
Depuis 1969, Israël bénéficie d’une politique du silence de la part des États-Unis. Des documents déclassifiés du gouvernement américain révèlent un accord secret entre le président Nixon et la Première ministre Golda Meir autorisant Israël à conserver son arsenal sans inspection ni déclaration.
Cette politique se poursuit encore aujourd’hui. Bien que membre de l’AIEA depuis 1957, Israël a refusé de signer le TNP et reste en dehors des autres accords de contrôle des armements, notamment :
La Convention sur les armes biologiques (1972)
Le Code de conduite de La Haye contre la prolifération des missiles balistiques (2002)
Dangereux double standard
Israël continue de s’opposer au développement nucléaire, même pacifique, dans les pays voisins. Il a bombardé le réacteur d’Osirak en Irak en 1981, assassiné des scientifiques nucléaires en Iran et mène une guerre contre le programme nucléaire iranien.
Pendant ce temps, son propre arsenal se développe sans contrôle. En 2008, l’ancien président américain Jimmy Carter a déclaré qu’Israël possède “au moins 150 armes nucléaires”.
Le monopole nucléaire d’Israël déstabilise la région. Son manque de transparence, son refus de signer des traités internationaux et ses puissants alliés lui permettent d’ignorer les normes mondiales.
Avec l’intensification des tensions et la multiplication des menaces, Dimona n’est plus seulement un symbole de puissance, mais l’épicentre potentiel d’une catastrophe.
Si l’installation était touchée ou si ses infrastructures vieillissantes venaient à défaillir, les conséquences environnementales et humaines seraient catastrophiques. Une fuite radioactive pourrait tuer des centaines de milliers de personnes, contaminer les États voisins et bouleverser la région pour des générations.
Sources: Quds News Network, le 21 juin 2025 ; Traduit par Spirit of Free Speech