Un hôpital de la bande de Gaza a affirmé mardi que 21 enfants étaient morts de malnutrition ou de faim dans le territoire palestinien, où Israël étend ses opérations meurtrières sous un flot de condamnations internationales.
Assiégés par Israël depuis le début de la guerre en octobre 2023, les 2,4 millions d’habitants de Gaza sont soumis à des pénuries sévères de nourriture et de biens de première nécessité, tandis que les centres de distribution d’aide humanitaire sont régulièrement la cible de tirs de l’armée d’occupation.
Selon le directeur de l’hôpital al-Chifa à Gaza-Ville, Mohammed Abou Salmiya, les décès de 21 enfants « morts de malnutrition ou de faim » ont été enregistrés en 72 heures dans différents établissements y compris le sien, l’hôpital des Martyrs d’al-Aqsa à Deir el-Balah et l’hôpital Nasser à Khan Younès.
« A chaque moment, de nouveaux cas de malnutrition et de famine parviennent aux hôpitaux de Gaza », a ajouté le médecin.

A l’hôpital Nasser, dans le sud de Gaza, des images de l’AFP ont montré des parents pleurant sur la dépouille de leur fils de 14 ans, Abdul Jawad al-Ghalban, mort de faim, dont le corps squelettique venait d’être enveloppé dans un sac mortuaire blanc.
Le cas de Raheel Mohammed Rasras, une Palestinienne de 32 ans décédée lundi soir au complexe médical Nasser à Khan Younès, au sud de la bande de Gaza, est aussi douloureux.
Elle pesait 50 kg il y a quelques mois. Elle n’en faisait que 25 kg lors de son décès. Portant à 20 cas ceux qui ont succombé à la faim et à la malnutrition durant les dernières 8 heures, selon des sources médicales.

Des enfants veulent aller au paradis
Subissant le supplice de la faim, les survivants sont de plus en plus nombreux à souhaiter la mort pour « aller au paradis ».
C’est le cas de cet enfant dont la mère, au bord du désespoir le préparait à mourir.
« Moi je vais aller au paradis parce que j’ai patienté lorsque mon père est tombé en martyr … Mon Dieu, je veux aller chez mon père…j’ai envie de manger du chocolat… il y a aussi du poulet, de la viande… »
22 martyrs dans les centres de GHF
En même temps, les tirs meurtriers contre les Palestiniens qui attendent la distribution de l’aide humanitaire dans les centres de la Fondation humanitaire de Gaza (GHF) ne connaissent pas de répit.
Des sources médicales ont recensé 22 martyrs et 120 blessés depuis l’aube de ce mardi.
L’ONU a accusé mardi l’armée israélienne d’avoir tué depuis fin mai plus de 1.000 personnes qui attendaient de l’aide.
« Moralement inacceptable »
La situation humanitaire à Gaza est « moralement inacceptable », a affirmé mardi le patriarche latin de Jérusalem, Pierbattista Pizzaballa.
« Nous avons vu des hommes attendre pendant des heures sous le soleil dans l’espoir d’un simple repas », a-t-il ajouté.
« Sans équivalent dans l’histoire récente »
Le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres a fustigé mardi « l’horreur » dans la bande de Gaza.
« Il suffit de regarder l’horreur qui se déroule à Gaza, avec un niveau de mort et de destruction sans équivalent dans l’histoire récente. La malnutrition explose. La famine frappe à toutes les portes », a-t-il déclaré lors d’une réunion du Conseil de sécurité.
« Dans un cauchemar »

En outre, la Défense civile a annoncé mardi que des frappes israéliennes avaient fait 15 martyrs, dont 13 dans le camp d’Al-Shati, dans le nord de Gaza, qui abrite des milliers de déplacés.
Raed Bakr, père de trois enfants âgé de 30 ans, a décrit « une explosion massive » qui a soufflé leur tente en pleine nuit.
« J’ai cru être dans un cauchemar. Du feu, de la poussière, de la fumée et des morceaux de corps projetés en l’air, des débris partout. Les enfants criaient », a témoigné à l’AFP Bakr, dont la femme a été tuée l’année dernière.
Muhannad Thabet, 33 ans, a décrit « une nuit de terreur » dans ce camp, « des frappes aériennes et des explosions ininterrompues ».
Raids sur les 80.000 Palestiniens de Deir al-Balah
La Défense civile a également fait état mardi de la mort de deux personnes à Deir el-Balah, dans le centre du territoire, où Israël avait annoncé la veille étendre ses opérations et appelé la population à l’évacuer.
L’armée israélienne a argué que ses soldats avaient « identifié des tirs dans leur direction dans le secteur de Deir el-Balah et avaient riposté » en visant l’origine des tirs.
Selon le Bureau des affaires humanitaires de l’ONU (Ocha), entre 50.000 et 80.000 personnes se trouvaient alors dans la zone et près de 88% du territoire de Gaza est désormais soumis à un ordre d’évacuation israélien ou inclus dans une zone militarisée israélienne.
Le Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’homme, Volker Türk, a alerté sur le risque « extrêmement élevé » de violations graves du droit international après l’extension des opérations israéliennes.
« Situation effroyable »
L’Organisation mondiale de la Santé avait annoncé lundi que son principal entrepôt à Deir el-Balah avait été attaqué et que des soldats israéliens étaient entrés dans la résidence de son personnel dans ce secteur.
« Le personnel masculin et des membres de leur famille ont été menottés, déshabillés, interrogés sur place et contrôlés sous la menace d’une arme », a déclaré le directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus.
Sous prétexte de riposter à l’attaque menée le 7 octobre 2023 par le mouvement Hamas contre Israël, qui a déclenché la guerre, au cours de laquelle 1.219 israeliens ont été tués et à la capture de 251 personnes pour les échanger contre des milliers de Palestiniens détenus par Israël, l’armée d’occupation israélienne a lancé une guerre dévastatrice, tuant plus de 59.106 Palestiniens, en blessant plus de 140 mille et détruisant la majeure partie de l’enclave.
Source: Divers