Moscou et Téhéran proposent de mettre en place une nouvelle équipe chargée d’enquêter sur l’attaque chimique présumée en Syrie début avril, sur laquelle l’Organisation internationale pour l’interdiction des armes chimiques doit voter jeudi, a appris l’AFP de sources proches de l’OIAC.
Un projet de texte, dont l’AFP a pris connaissance, appelle à une investigation « pour établir si des armes chimiques ont été utilisées à Khan Cheikhoun et comment elles ont été livrées sur le site de l’incident présumé », alors qu’une enquête est pourtant déjà en cours.
Cette proposition russo-iranienne demande également aux enquêteurs de se rendre sur la base aérienne de Chaayrate, frappée par les Etats-Unis après l’attaque chimique présumée du 4 avril, pour « vérifier les allégations concernant le stockage d’armes chimiques » à cet endroit.
Cette initiative russo-iranienne intervient après une annonce de l’OIAC mercredi faisant état de preuves « irréfutables » sur l’utilisation de gaz sarin ou d’une substance similaire lors de l’attaque qui a fait 87 morts, dont 31 enfants.
« S’il y avait vraiment eu du gaz sarin à Khan Cheikhoun, alors comment l’OIAC peut-elle expliquer les charlatans des Casques blancs sautillant dans les émanations de sarin sans équipement de protection? », a interrogé jeudi le porte-parole du ministre russe de la Défense Igor Konashenkov.
Il a également réclamé une « investigation objective de l’incident sur site », dénonçant que « pas un seul représentant de l’OIAC ne se soit rendu sur place en deux semaines ».
Analysés par quatre laboratoires désignés de l’OIAC, les prélèvements réalisés sur trois personnes tuées et sept personnes hospitalisées « témoignent d’une exposition au gaz sarin ou à une substance similaire », a déclaré Ahmet Uzumcu, directeur turc de l’OIAC. La Turquie est un principal soutien militaire et politique des rebelles en Syrie.
Les Occidentaux, allié des rebelles en Syrie, ont accusé le pouvoir syrien d’avoir mené le raid aérien qui a frappé cette petite ville dans la province d’Idleb (nord-ouest), contrôlée par des rebelles et des jihadistes takfiristes, notamment le front al-Nosra.
Mais Moscou, proche allié du président Bachar al-Assad, continue d’écarter la mission d’enquête actuelle de l’OIAC, réclamant une nouvelle « investigation approfondie et minutieuse ».
Ses responsables ont relevé des lacunes importantes dans le rapport adopté par l’OIAC, dont celui de se fier à la version vehiculee par les Casques Blancs et aux éléments qu’ils fournissent dont les photos.
Cette requête a mis à jour des tensions au sein du Conseil exécutif de l’OIAC cette semaine à La Haye, où de nombreux Etats ont exprimé leur soutien à l’équipe existante.
La mission d’enquête actuelle « (mérite) notre confiance », a indiqué le représentant belge auprès de l’OIAC lors d’une réunion mercredi.
« Nous ne voyons pas dès lors la nécessité de mettre en place une nouvelle structure », a-t-il ajouté.
Le projet de texte russo-iranien invite également les Etats membres à « fournir des experts nationaux pour participer à l’investigation ».
Une telle décision irait à l’encontre de la Convention sur l’interdiction des armes chimiques « étant donné qu’il est du rôle même de l’OIAC de mener indépendamment toute investigation », a souligné auprès de l’AFP une source proche des discussions.
Dans l’après-midi de ce jeudi, l’OIAC a rejeté lors d’un vote la proposition de Moscou et Téhéran.
Source: Avec AFP