Selon le président turc Erdogan, dont les forces occupent depuis un an une partie de la province de Ninive au nord de l’Irak, seuls devront rester dans la ville de Mossoul, après la bataille de sa libération de Daesh « les Arabes, les Kurdes et le Turcomans qui appartiennent aux écoles sunnites ».
Ces propos et la décision votée ultérieurement par le Parlement turc « de proroger la mission des forces turques en Irak » ont suffi pour mettre la puce à l’oreille des députés irakiens qui craingnent un plan qui a pour but la partition de l’Irak.
Lors d’une réunion parlementaire, mardi, ils ont voté une loi de sept clauses rejetant le vote du législatif turc et les propos d’Erdogan, « qui sèment la zizanie entre les différentes composantes du peuple irakien ».
Ils ont demandé au gouvernement de prendre les mesures nécessaires, juridiques et diplomatiques pour sortir les forces turques de Ninive. Il lui a ordonné aussi d’adresser un message de protestation à l’ambassadeur turc et de réclamer aux Nations Unies et au Conseil de sécurité de mesures nécessaires pour ceci et afin également de classer les forces turques parmi les forces occupantes.
Les élus irakiens sont d’autant plus inquiétés que le président turc avait assuré que ses forces allaient rester à Mossoul, sous prétexte de vouloir combattre Daesh, et ce aux côtés de l’Arabie saoudite et du Qatar, et de la coalition occidentale.
L’insolence avec laquelle il a évoqué l’avenir démographique de cette ville fait craindre des velléités de partition de ce pays dans le cadre d’un plan ourdi entre Ankara et Riyad et avec le soutien américain.
Comme d’habitude, au sein de la classe politique irakienne, il n’y a pas de consensus sur le comportement à suivre avec la Turquie. Surtout que les personnalités politiques irakiennes sunnites semblent la soutenir, à l’instar de l’ancien chef du Parlement, Oussama al-Najifi, ainsi que son frère, le préfet de Ninive, Assil, qui insistent sur la participation de la Turquie dans les combats contre Daesh.
En revanche, le président irakien Haïdar al-Abadi a fustigé tous ceux qui soutiennent la politique turque en Irak. « Nous en appelons à l’unité des positions politiques irakienne, d’autant que cela touche à la souveraineté de l’Irak, et pour ne pas que chacun de nous se transforme en un soutien à un Etat étranger surtout lorsqu’il a une forces militaire à l’intérieur de l’Irak », a-t-il dit durant le conseil des ministres.
Selon lui, « la Turquie n’a pas le droit de s’ingérer dans les affaires de Mossoul. Et La présidence turque se doit de s’occuper des problèmes turcs internes ».
Abadi a minimisé de l’importance des prétextes présentés par les Turcs pour justifier leur occupation des territoires irakiens, assurant que « Mossoul ne constitue pas de menace pour la Turquie car elle est loin de la frontière avec elle ».
Le scénario turc le plus attendu après la fin de Daesh est que les Turcs s’emparent de Mossoul sous prétexte de la débarrasser de Daesh.
Selon l’expert irakien Majed Al-Hasni « Erdogan a révélé les dessous de sa pensée surtout qu’il a évoqué pour la première fois l’Arabie saoudite et le Qatar, avec son pays. Ce qui veut dire que les régions nord-ouest feront l’objet de surenchères régionales qui attiseront les projets de partition de l‘Irak ».
Et Hasni de conclure : « Il est clair qu’Ankara et Riyad veulent se partager le contrôle des zones libérées de Daesh avec le soutien de certains hommes politiques irakiens ».
Avec Al-Akhbar