Dans un livre intitulé « Accord Poutine/Soleimani », l’analyste Shoaib Bahman revient sur l’un des tournants les moins médiatisés des relations russo-iraniennes et écrit : depuis l’effondrement de l’URSS, les relations Moscou/Téhéran, axées sur des affinités géographiques, historiques et économiques, n’ont cessé d’être au centre des intérêts des grandes puissances. Les deux États occupent une place de choix sur la scène internationale. C’est sur la base de cet intérêt croissant des milieux politiques internationaux qu’une nécessité se pose désormais dans toute son acuité aux politiques et experts iraniens et russes : la Russie et l’Iran ont besoin l’un de l’autre en termes tactiques et stratégiques, autant se concentrer sur des défis communs auxquels Moscou et Téhéran se devront d’affronter.
La crise en Syrie et l’émergence du fléau terroriste sous forme de Daech et autres groupes armés ont fait sortir les relations historiques irano-russes de leur posture passive pour les ancrer dans un schéma super actif avec en filigrane l’émergence du facteur « Téhéran/Moscou » soit un facteur qui a pris corps autour des nécessités géopolitiques qui rapprochent les deux pays.
Le livre ajoute : » la Syrie a donc marqué un tournant dans les liens politiques Téhéran/Moscou : c’est un rapport gagnant-gagnant qui vient d’être tracé, qui élargit le poids de l’Iran sur la scène internationale et régionale tout en fournissant à la Russie l’occasion de peser plus sur les rapports de forces géopolitiques par rapport aux rivaux occidentaux. C’est pourquoi la moindre coopération, la moindre concertation Téhéran/Moscou devient un événement aux yeux des milieux politiques occidentaux. Mais il y un chapitre dans cette relation qui en a totalement changé la direction vers une forme d’alliance indéfectible » : Aucun événement n’a été aussi décisif pour les deux parties que la visite non officielle du commandant en chef de la Force d’élite du Corps des Gardiens de la Révolution islamique, Qassem Soleimani à Moscou. La rencontre entre le général iranien et le président Poutine et l’accord « tacite » qui en est sorti a eu deux effets immédiats : une nette amélioration des relations irano-russes sur tous les plans et ce, sur fond de profonds impacts sur les développements au Moyen-Orient et dans le monde ».
Shoaib Bahman affirme dans son livre : « le 24 juillet 2015, un avion de ligne iranien s’est posé à l’aéroport de Moscou avec un invité spécial à son bord qu’un convoi a escorté jusqu’à un hôtel de luxe à Moscou. Aussitôt après l’invité s’est rendu au bureau du président Poutine où il a été chaleureusement accueilli par le ministre russe de la Défense, Serguei Choïgou. L’homme qui représentait le Guide suprême de la révolution islamique n’a été personne d’autre que le général Qassem Soleimani »
L’auteur souligne : « Le haut commandant est en charge des dossiers délicats au Moyen-Orient : de la Syrie à l’Irak en passant par la Palestine, l’Afghanistan, le Yémen bref toute la région de l’Asie de l’ouest. Mais Soleimani s’était rendu cette fois à Moscou pour une seule mission : la formation d’une coalition connue sous le nom de « 4+1″. C’est une coalition qui réunit aux côtés de la Russie, l’Iran, la Syrie, l’Irak et le Hezbollah et dont la conviction consiste à combattre la forme la plus dangereuse de terrorisme qui soit : le takfirisme »
« Après cette visite, les relations irano-russes ont pris une forme stratégique et les deux États ont pour la première fois commencé à travailler à un partenariat militaire et sécuritaire avec les conséquences qu’un tel partenariat pourra avoir pour les États-Unis et l’Otan ».
Source: PressTV