Le 24 mai 2017 constitue un tournant dans l’histoire des conflits apparents entre les pays du Golfe. Deux ans et demi après l’entente « forcée » ayant conduit à la « réconciliation entre les pays du Golfe », la crise s’est envenimée à nouveau entre le Qatar et ses voisins.
Tout a émergé lors de l’accueil pompeux réservé au président américain Donald Trump en Arabie Saoudite, un accueil qualifié de «festival » par un journal pro-qatari.
Frapper la domination saoudienne
D’une part, le Qatar et son allié turc n’admettent pas que l’Arabie Saoudite soit la seule destination de Trump et des dirigeants des pays arabo-islamiques. Un tel événement signifie que Riyad est devenu le leader du « projet arabo-islamique-golfique » dans la région.
Pourtant, le Qatar a tout fait pour briser la domination saoudienne dans la région: en Syrie à travers le soutien aux factions armées opposées à Riyad ; en Irak, en s’efforçant d’arracher à Riyad la représentation des sunnites, au Yémen, en laissant l’Arabie Saoudite s’engloutir dans le bourbier toute seule ; en Libye, en poursuivant le soutien des groupes alliés dans la guerre civile en cours, et en Egypte, allié de Riyad et des Emirats, où la campagne contre le régime se poursuit.
Guerre médiatique qatarie contre l’Arabie
D’autre part, les médias qataris ont mené une campagne féroce contre Riyad, avant même l’arrivée de Donald Trump. Riyad s’est transformé en « un chantier exceptionnel » pour préparer l’arrivée de Trump, ont souligné les médias audio-visuels qataris, tournant en dérision les « verbiages et promesses saoudiens » qui ont été faits au président US.
A ces critiques médiatiques acerbes adressées à l’Arabie Saoudite s’ajoute la publication par un journal pro-qatari d’un article du ministre iranien des Affaires étrangères Mohammad Jawad Zarif à la veille des trois sommets à Riyad.
Campagne contre le Qatar
Pendant ce temps, des déclarations qataries officielles ont condamné la campagne contre Doha, sur fonds de son « soutien aux organisations terroristes ». Les institutions de propagande émiraties opérant aux Etats-Unis et dans les pays occidentaux seraient derrière cette campagne.
Ceci démontre que la campagne émirati-saoudienne a été préparée depuis un certain temps en attendant le moment propice pour la lancer.
Le communiqué « bombe »
La colère saoudienne face à la campagne médiatique qatarie est restée latente jusqu’à la publication du communiqué attribué au prince du Qatar, dans lequel il critique l’Arabie Saoudite et l’administration US et flatte l’Iran. Ce communiqué a été en effet la goutte qui a fait déborder le vase.
Malgré le démenti qatari de la teneur du communiqué attribué à Tamim, alléguant le piratage du site de l’agence de presse officielle qatarie (Qana), les médias saoudiens et émiratis ont poursuivi la couverture de cet incident. Au long des heures dans la nuit de mardi à mercredi, les médias saoudiens et émiratis ont accueilli en direct des analystes égyptiens, saoudiens et bahreinis, qui ont longuement attaqué le Qatar et ses politiques.
La chaine de télévision à capitaux saoudiens al-Arabiya est allée jusqu’à rediffuser des enregistrements de l’ancien prince qatari Hamad, l’accusant de comploter avec le régime libyen déchu de Mouammar Qadhafi pour renverser l’Arabie Saoudite.
Par ailleurs, le site de ladite chaine a publié un rapport accusant Doha de « consacrer tous ses potentiels pour jouer le rôle du porte-parole des groupes extrémistes », et de « mélanger les cartes dans la région au lendemain des révolutions du printemps arabe ».
Pour sa part, le journal saoudien Okaz a intitulé les propos rapportés de Tamim : « Propos étonnants qui défient la volonté internationale : le Qatar divise les rangs…et prend le parti des ennemis de la nation ».
Des sites qataris bloqués
Dans le contexte de la guerre médiatique en question, l’autorité de régulation des télécommunications émiraties a bloqué le site « al-Jazeera net », une mesure adoptée par les autorités compétentes en Arabie Saoudite, qui ont bloqué « al-Jazeera net, l’agence QNA, ainsi que les journaux al-Watan, al-Raya, al-Arab et as-Sharq , ainsi que « le groupe médiatique d’al-Jazeera », « al-Jazeera documentaire », et « al-Jazeera anglophone ».
De son côté, l’Egypte, alliée de Riyad, a emboité le pas aux Emirats et à l’Arabie Saoudite, bloquant près de 21 sites d’informations qataris.
En tout état de cause, ce climat tendu entre Doha et Riyad laisse présager que la page de « la réconciliation golfique » a été tournée à jamais et qu’une nouvelle page de tensions et de conflits sera ouverte. La conjoncture de la guerre au Yémen reflètera prochainement les aspects de ce conflit, décelés d’ailleurs depuis un certain temps dans le champ de la bataille.
Traduit par notre rédaction à partir du journal al-Akhbar
Source: Traduit du journal AlAkhbar