Dans un entretien fleuve accordé au Figaro après sa visite à Versailles le 29 mai, le président russe a prôné le dialogue entre Moscou et les pays membres de l’OTAN, et est revenu sur sa vision d’Emmanuel Macron et de Donald Trump.
Problème N 1 : le djihadisme
«Arrêtez d’inventer des menaces imaginaires provenant de la Russie […] Vous vous effrayez vous-même. Vous vous basez sur des données imaginaires», a déclaré Vladimir Poutine à l’adresse des pays membres de l’Alliance atlantique, lors d’un long entretien au Figaro mené le 30 mai, après sa rencontre avec le locataire de l’Elysée à Versailles.
Dans cette interview, le maître du Kremlin a rappelé sa volonté de coopération avec les pays membres de l’OTAN, en particulier dans la lutte contre leur ennemi commun : le djihadisme.
«La seule perspective, c’est la coopération dans tous les domaines. Y compris pour la sécurité. Quel est le problème numéro un pour la sécurité, aujourd’hui? C’est le terrorisme islamiste», a martelé le chef d’Etat russe.
Or, selon lui, la bonne coopération de Moscou et des Occidentaux est entravée par les fantasmes que ces derniers entretiennent sur la supposée «menace» russe. Ces fantasmes ont été invoqués pour justifier l’extension de l’OTAN en Europe de l’Est et l’établissement d’un bouclier anti-missiles américain aux portes de la Russie – des mesures régulièrement dénoncées par le Kremlin. «Ce [bouclier anti-missiles] crée forcément une menace pour nos forces et rompt avec l’équilibre stratégique, ce qui est extrêmement dangereux pour la sécurité internationale», a souligné le président russe.
Emmanuel Macron : Un président «pragmatique»
Revenant sur sa rencontre avec son nouvel homologue français, Vladimir Poutine a jugé que ce dernier avait «sa propre vision des choses dans le domaine international», c’est-à-dire, globalement, une vision très «pragmatique». Il a en outre noté qu’il existait des points de convergence entre eux, ce qui devrait leur permettre de travailler ensemble sur les dossiers internationaux.
Bachar el-Assad : son sort du ressort du peuple syrien
Concernant la crise syrienne, Vladimir Poutine a souligné «l’approche constructive» de la Turquie et de l’Iran et a expliqué qu’il souhaitait s’appuyer sur le cessez-le-feu et les zones de désescalade comme fondements du processus de paix.
Sur l’avenir de Bachar el-Assad, le président russe a été très clair : «Je ne me crois pas en mesure de décider de l’avenir politique de l’État syrien, que ce soit avec ou sans Bachar el-Assad. C’est une question qui revient au peuple syrien.»
Il a ensuite rebondi sur les accusations visant le gouvernement syrien sur l’emploi d’armes chimiques, rappelant que «les Américains et toutes les parties intéressées» avaient refusé d’inspecter aussi bien l’aérodrome d’où auraient supposément décollé des avions portant des missiles chimiques que l’endroit où l’incident chimique est survenu.
«Selon nos informations, il n’y a aucune preuve de l’utilisation d’armes chimiques par Assad», a affirmé Vladimir Poutine.
Ukraine : attribuer l’autonomie légale aux régions en révolte
Sur la question ukrainienne, le président russe a estimé que la balle était du côté des autorités de Kiev pour la réalisation des accords de Minsk, qui doivent aboutir à «l’attribution d’une autonomie légale aux régions en révolte contre Kiev». «Il faut introduire la loi déjà adoptée par le Parlement ukrainien sur le statut spécial de ces territoires», a-t-il dit aux journalistes du Figaro, rappelant qu’elle avait été adoptée mais pas signée par le président, et donc pas entrée en vigueur.
Evoquant les républiques autoproclamées de Lougansk et Donetsk, il a insisté sur la nécessité de travailler à la rénovation «sociale et économique des républiques non reconnues».
Trump: «Je ne m’attendais à rien de bon»
Le président russe a également confié au Figaro qu’il ne s’était fait aucune illusion sur l’évolution de la relation russo-américaine après la victoire de Donald Trump, alors même que celui-ci avait fait campagne sur un réchauffement des relations bilatérales : «Je ne m’attendais à rien de bon de la part du [nouveau] président des États-Unis.»
Il estime qu’une amélioration est difficilement envisageable dans la mesure où «les personnes qui ont perdu les élections présidentielles» continuent à jouer la carte antirusse.
Ingérence russe dans les élections : «une fiction»
Interrogé sur les accusations d’ingérence russe dans la campagne présidentielle américaine, Vladimir Poutine a affirmé que celles-ci se fondaient sur de la «fiction».
Le président russe a en outre estimé qu’il était inutile pour quiconque d’essayer de truquer l’élection américaine, étant donné que la «bureaucratie» en Amérique était très puissante. «La personne élue a son opinion, ses idéaux, sa vision des choses, mais le lendemain des élections, des personnes avec des attachés-cases, des costumes-cravates et des chemises blanches viennent lui expliquer comment il doit agir en bon président», a-t-il fait remarquer.
Elections en 2018 : Poutine garde le secret
Enfin, à l’approche des élections législatives et présidentielles russes (en 2018), Vladimir Poutine n’a pas levé le voile sur ses intentions : «En ce qui concerne ma candidature, pour moi, il est trop tôt pour en parler.»
Le président russe en a profité pour rappeler que toutes les dernières campagnes électorales s’étaient tenues dans le cadre de la législation en vigueur dans le pays. «Toutes les personnes qui emploieront des moyens légaux pourront participer aux élections [de 2018] à tous les niveaux», a-t-il ajouté.
Source: RT