Au moins deux nouvelles personnes ont été arrêtées vendredi à Al-Hoceïma, épicentre de la contestation qui secoue depuis sept mois le nord du Maroc, a-t-on appris de sources concordantes.
Un journaliste sur place a fait état de trois arrestations au cours de la journée, dont celle du directeur du site d’information RifPress, Mohammed Al Hilali.
Une source au sein de l’exécutif local a confirmé à l’AFP deux arrestations.
Plus d’une centaine de personnes ont été interpellées depuis fin mai à Al-Hoceïma, dans une vague d’arrestations visant le noyau dur d’un mouvement de contestation populaire réclamant depuis des mois le développement du Rif.
Ces principaux meneurs du « hirak » (la mouvance, nom donné au mouvement localement), dont son leader Nasser Zefzafi, ont été emprisonnés à Casablanca et sont accusés notamment « d’atteinte à la sécurité intérieure ».
Cinq d’entre eux, parmi lesquels Zefzafi et Nabil Ahamjik, protestent contre leurs conditions de détention et ont menacé d’entamer une grève de la faim de trois jours, a-t-on appris vendredi auprès de leurs avocats.
« Nourriture de mauvaise qualité, isolement, durée des visites limitée à 10 minutes… Les droits fondamentaux des prisonniers ne sont pas respectés », a accusé Me Rachid Benali, coordinateur du Comité de défense des détenus d’Al-Hoceïma.
« Ils sont en cellule d’isolement, ce qui s’apparente à une mesure punitive alors même qu’ils n’ont pas été jugés », a dénoncé Abdessadek El Bouchtaoui, un autre avocat des détenus.
Le militant Rabii Elablak est lui déjà en grève de la faim depuis dix jours, et « son état de santé s’est beaucoup détérioré », a affirmé Me Benali.
Un proche de l’un de ces détenus a dénoncé auprès de l’AFP des « conditions de détention déplorables », même si le prisonnier en question « n’a pas subi de violences physiques ».
« Il porte les mêmes vêtements depuis son arrestation (…), il a beaucoup maigri », a accusé ce proche, affirmant que les gardiens de la prison
interdisent aux détenus de parler rifain (dialecte local) avec leurs visiteurs.
Contactée par l’AFP vendredi, l’administration pénitentiaire n’a pas fait de commentaires.
Dans un communiqué mercredi, elle avait assuré « respecter scrupuleusement » les droits des détenus, rejetant les « rumeurs selon lesquelles ils seraient en grève de la faim ».
Les premières audiences débuteront lundi à Casablanca et s’étaleront sur près d’un mois, avec une comparution de Zefzafi le 10 juillet. La défense demandera la remise en liberté provisoire des militants, selon Me Benali.
Vendredi, deux personnes ont été remises en liberté après leur audition à Casablanca, toujours selon les avocats.
Source: AFP