Le chef de l’opposition chiite à Bahreïn, cheikh Ali Salmane, qui purge déjà une peine de prison de neuf ans, a été inculpé pour « intelligence » avec le Qatar, a indiqué mercredi le parquet de Manama.
Le vice-Secrétaire général de l’Association AlWifac, cheikh Hussein Aldayhi a affirmé Jeudi que « l’accusation portée contre le chef de l’opposition Cheikh Ali Salman est absurde et non professionnelle, son but est de régler des comptes entre le Bahreïn et le Qatar dans le cadre de la crise qui oppose certains Etats du Golfe et le Qatar », a rapporté la chaine satellitaire iranienne alAlam.
Il a souligné que « les contacts présumés étaient des contacts établis dans le cadre de l’initiative américano-saoudienne pour résoudre la crise politique du pays entre le peuple du Bahreïn et le gouvernement en 2011 après le lancement du mouvement populaire à Bahreïn ».
M. Aldayhi a affirmé : » je défie le régime du Bahreïn de publier les enregistrements audio au complet entre le Secrétaire général d’alWifaq et l’ancien Premier ministre qatari Hamad ben Jassem , sans censure, pour que l’opinion publique locale et internationale prennent connaissance des détails de l’initiative qatarie pour résoudre la crise, une initiative parrainée par l’Arabie et les américains ».
Et de poursuivre : »l’exploitation politique des faits par la justice prouve le bons sens de la position de l’opposition qui réclame une justice indépendante et impartiale ».
Il a rapporté que « les contacts ont eu lieu à la demande du roi du Bahreïn et ce dernier était informé de tous les contacts et les réunions qui se sont déroulées en sa qualité de partie clé dans ces contacts. Le roi et le prince héritier saoudien étaient des partenaires représentant la famille regnante dans le dialogue avec cheikh Ali Salman qui représentait l’opposition nationale ».
Il a souligné que « le gouvernement a enregistré les conversations télephoniques et en a coupé certaines parties , pour tenter de condamner le Qatar en raison de sa crise avec certains Etats du Golfe. Pour ce faire, le régime bahreinite a accusé Cheikh Ali Salman de cette accusation dans le but de convaincre le public que ces contacts étaient dans un but conspirateur ou similaire, ce qui est absurde surtout, après sept ans écoulés depuis ces contacts ».
Dans ce contexte, une enquête a été ouverte en août sur les liens de cheikh Salmane avec le Qatar après l’embargo décrété contre cet émirat par quatre pays arabes, dont le Bahreïn, qui l’accusent de soutenir des mouvements « terroristes » et de se rapprocher de l’Iran.
L’enquête a été ouverte sur la base d’une conversation téléphonique datant de 2011 entre l’opposant bahreïni et l’ancien Premier ministre du Qatar, cheikh Hamad ben Jassem Al-Thani.
Un enregistrement de la conversation avait alors été diffusé par les autorités de Bahreïn. Le responsable du Qatar y montrait de la sympathie pour un mouvement de protestation contre les autorités de Bahreïn qui était conduit par le mouvement Al-Wefaq de cheikh Salmane.
L’opposant bahreïni, dont le mouvement a depuis été dissous, a été inculpé d' »intelligence avec un pays étranger (…) en vue d’entreprendre des actions de subversion contre Bahreïn et de nuire à ses intérêts nationaux », selon le communiqué du parquet de Manama qui n’a pas précisé la date d’ouverture d’un procès relatif à cette affaire.
Cheikh Ali Salmane a également été inculpé pour « avoir révélé des secrets défense à un pays étranger et avoir diffusé des informations de nature à nuire au statut et à la réputation de Bahreïn ».
L’opposant bahreïni a été condamné en juillet 2015 à quatre ans de prison pour « incitation à la haine confessionnelle ». La cour d’appel a ensuite alourdi cette peine à neuf ans en retenant aussi le chef d’accusation de « complot contre le régime ».
Source: Médias