Selon l’opposant saoudien, Fouad Ibrahim,la campagne de Mohammad Ben Salman comprend plusieurs signes indicateurs.
Certes, elle a débuté dès son arrivée au pouvoir avec la mise à l’écart de toute l’équipe politique de l’ancien roi, y compris son conseiller Khaled Tuwaijri (actuellement en détention), et le gouverneur de Riyad Turki ben Abdallah (actuellement détenu), et le prince de La Mecque Mechaal ben Abdallah (actuellement détenu).
Premier signe sans précédent de la campagne est que Ben Salman ne veille plus à présérver l’unanimité au sein de la famille royale encore moins à partager le pouvoir avec les princes. Au contraire, il a annoncé une rupture complète, accompagnée de la construction de nouvelles alliances en dehors de la famille.
Deuxièmement, la campagne s’inscrit dans le contexte de la restructuration du pouvoir. Il s’agit d’une opération peu commune, car elle ressenble à une confronation avec les lois de l’histoire, avec des coutumes en vigueur depuis soixante ans. Pour comprendre la nature de mesures adoptées par le roi Salman et son fils depuis de deux ans, il faut savoir que si ce genre de processus avait lieu avec quelqu’un dautre que Mohammed ben Salman (par exemple: le frère du roi, Ahmad ben Abdel Aziz,), les événements auraient évolué d’une autre manière, différemment des cadences des époques précédentes.
Dans la forme, une opération de cette ampleur ne peut seulement être de nature financière, sa dimension politique étant nécessairement à son origine.
Il en est de même des accusations qui ont été lancées contre des princes, des ministres et des entrepreneurs afin de les discréditer. Comme cela a été le cas avec le prince Mohammad ben Nayef, dont la réputation a été ternie par des accusations de toxicomanie pour justifier sa mise à l’écart. Cependant, ces accusations n’épargnent ni le roi et ni son fils car elles impliquent que la corruption touche les sphères les plus hautes du pouvoir du haut jusqu’à la base.
Par ailleurs, les investisseurs étrangers risquent de mal interpréter cette campagne anti-corruption, : comment peuvent-ils faire confiance en un pays où la corruption est répandue sous tous ses aspects? Et qu’est-e qui garantit que le roi et son fils ne trempent pas aussi dans cette corruption? Et donc, la campagne d’arrestations des princes, des ministres et de leurs adjoints, des entrepreneurs et des commeçants risque fort de ne pas être interprétée comme une lutte contre la corruption, mais plutôt comme un réglement de comptes politiques internes, une liquidation des centres de pouvoir au sein de la famille royale, qui pourraient à un stade ultérieur se rassemblaient en un bloc.
Concernant la démission de Saad Hariri, certains la lient à la liquidation des centres de pouvoir au sein de la famille royale, tout comme cela a eu lieu dans la crise qatarie, exploitée pour exécuter la décision de supprimer le prince Mohammad ben Nayef. En fait, le plan prévu pour préparer l’arrivée de Mohammad ben Salman au trône, a commencé à être appliqué depuis le premier jour de l’accession de Salmane au trône. Certaines décisions ont été adoptées dans ce contexte , soit afin de préparer le terrain à l’intronisation de mohammad ben Salmane au moment propice.
Quels sont les scénarios possibles et les défis qui guettent Ben Salman:
-Corrosion de la famille royale.
-Affaiblissement systématique des princes et des branches rivales.
-Réformer les alliances. Ben Salman ne compte plus sur la famille royale pour s’imposer au pouvoir, mais il recourt à d’autres forces sociales (autres tribus ou même à des puissances étrangères).
-Le manque d’harmonie familiale peut ouvrir la voie à de nouvelles forces concurrentes.
-Les princes mécontents pourront-ils organiser un mouvement rebelle avec d’autres parties tribales et sociales?
-Accélérer le processus d’intronisation de Mohammad ben Salman après avoir éliminé ses concurrents
-Est-ce que le projet « Arabie Saoudite 2030 » évolue comme prévu? Quelles en sont les garanties: la force de l’économie, le soutien de Washington, un consensus de l’intérieur (forces sociales, clergé, libéraux …).
-La réforme politique est-elle possible maintenant?
-Ben Salman affronte les dignitaires religieux : il change les programmes, transgresse les tabous, libère les femmes, autorise les chants et les fêtes …
-Il ne s’accorde pas avec les composants internes: Chiites, Soufis et Ismaïlis …
-Il confronte les princes.
-Il dirige des conflits dans la région: Qatar, Yémen, Syrie, Iran et Liban.
Traduit par notre rédaction du journal al-Akhbar