Quelques heures avant l’interview du Premier ministre libanais Saad Hariri qui a eu lieu dimanche soir, l’ancien ministre et ex-chef de la Sureté générale libanaise le général Achraf Rifi avait assuré qu’il ne reviendra pas d’Arabie saoudite au Liban.
Selon le site d’information libanais Lebanon Debate, citant des sources non identifiées, le Premier ministre libanais démissionnaire est accusé d’avoir participé à une tentative de coup d’Etat qui aurait eu lieu en Arabie et qui serait derrière la campagne de purge menée par le clan du roi Salmane et de son fils prince héritier Mohammad Ben Salmane contre des princes, des ministres, des hommes d’affaire et des entrepreneurs.
« Le royaume ne permettra plus jamais le retour de Hariri au Liban », a rapporté cette source, selon laquelle M Rifi est en contact permanent avec le frère aîné du chef du cabinet, Bahaa Hariri et avec l’Arabie saoudite en même temps.
Selon Rifi, les préparatifs vont bon train afin de livrer à M. Bahaa le leadership du courant du Futur au Liban et la succession de M. Saad.
Force est de constater que le du ministère libanais des Affaires étrangers a lui aussi fait part de son scepticisme quant au retour de M. Hariri. Dans son communiqué publié ce lundi, au lendemain de l’entretien réalisé avec la télévision Futur TV , il est écrit : « Notre position est stable . Nous ne pouvons nous fier à quoique ce soit qui puisse émaner du Premier ministre Saad Hariri avant son retour à Beyrouth… et nous ne sommes pas surs qu’on lui permettra de retourner comme il a promis de faire ».
Dimanche, après la décision du ministre de l’intérieur Nouhad al-Machnouk d’oter les banderoles et les portraits dédiés au prince héritier saoudien MOhamad Ben Salmane, Rifi l’a accusé de vouloir séduire le Hezbollah.
Arrogance de Sabhane
En outre, et d’après le journal libanais al-Akhbar, un proche du Premier ministre démissionnaire a révélé que ce dernier était très mal à l’aise avec le ministre saoudien pour les Affaires du Golfe Thamer al-Sabhane, lequel est « sécuritaire dans sa réflexion et son mouvement, parle directement et fait preuve d’insolence lorsqu’il parle aux dirigeants libanais en les appelant par leur prénom»
Selon ce proche, c’est le responsable médiatique de l’Ambassade d’Arabie saoudite à Beyrouth Ghassane Eskandarani qui est le guide de Sabhani.
Dès leur première rencontre autour d’un dîner organisé dans la maison du Premier ministre, la rencontre en M. Hariri et Sabhane « a été houleuse en raison des expressions dures qu’il a utilisées dans l’expression de ses points de vue politiques et la façon avec laquelle il a parlé avec les autres invités », indique ce proche de M. Hariri.
Détruire le monde arabe
Le samedi 11 novembre dernier, l’opposante saoudienne vivant en Grande Bretagne, Mme Madaoui Al-Rachid a violemment critiqué M. Sabhane, le qualifiant de « l’émissaire des Saoud pour détruire le monde arabe ».
Sur son compte Twitter, elle a écrit : « La tentative de diviser les rangs des chiites en Irak s’est soldé par un échec. Et celle de diviser ceux des Hariri au Liban échouera aussi ».
Lors de son mandat en Irak, il avait soulevé un tollé général au sein de la classe politique qui l’a accusé de vouloir attiser les divisions sectaires dans ce pays, avant d’en être expulsé.
Selon Mme Al-Rachid, même le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi « s’écarte des politiques dévastatrices de Ben Salmane au Liban et au Yémen et n’est d’accord avec lui que pour liquider les Frères Musulmans».
Colère chez le Futur
Dans les milieux du courant du Futur, parti des Hariri au Liban, le sentiment anti saoudien est fortement exacerbé, gagnant aussi bien sa base que nombreux de ses dirigeants, depuis la démission de M. Hariri.
« De nombreux responsables du Futur sont totalement absents des médias car ils ne pourront exprimer franchement les opinions qu’ils disent dans les coulisses. Surtout que les gens ne cessent de les enquérir sur le sort de Hariri. Ils leur disent franchement n’est-ce pas que l’Arabie saoudite qui est responsable des compromis et des concessions faits par Hariri au Liban…. et que ce dernier n’aurait jamais pu les admettre sans feu vert saoudien. N’est-ce pas l’Arabie saoudite qui a laissé Hariri s’empêtrer dans sa crise financière sans vouloir l’aider, et la preuve n’est autre que la faillite de sa société Oger », rapporte le journal libanais Addiyar.
Source: Divers