En août 2017, CNN recevait une vidéo tournée clandestinement, attestant de la tenue de marchés aux esclaves en Libye. En octobre dernier, une équipe de la chaîne s’est rendue sur place et a pu filmer une mise aux enchères similaire, dans un lieu qui n’a pas été précisé. «Un homme grand et fort pour les travaux fermiers», vante la voix d’une personne hors-champ, vraisemblablement un vendeur. Le jeune homme noir en question sera finalement vendu pour sa force de travail pour 1 200 dinars libyens, soit environ 740 euros. D’autres sont vendus pour l’équivalent de 400 euros.
Outre les bandes armées et les milices takfiristes qui sévissent en Libye, l’esclavage est l’un des nombreux fléaux auxquels peuvent faire face les candidats à l’émigration de l’Afrique vers l’Europe. C’est notamment le cas de ceux qui ne peuvent payer leur hébergement dans des entrepôts insalubres, dans l’attente de pouvoir traverser la Méditerranée, ou qui, à court d’argent, ne sont plus en mesure de payer les passeurs. Certains rescapés de cette traite d’être humains ont témoigné auprès des journalistes de CNN des sévices et des tortures que ces esclaves du XXIe siècle ont pu subir.
La Libye sous le régime de l’anarchie
Après la mort du colonel Kadhafi à Syrte en 2011, lynché dans des circonstances encore floues à ce jour, l’effondrement de l’Etat libyen a livré le pays à l’anarchie et permis à l’organisation terroriste Daesh de s’implanter. Peu avant que la France et le Royaume-Uni interviennent militairement en Libye, CNN consacrait un article à la dénonciation du «régime» de Kadhafi, évoquant un dictateur «s’accrochant» au pouvoir. Après la chute du chef d’Etat, la chaîne d’informations internationale britannique consacrait un reportage exclusif en août 2011 au «luxe» et à «l’horreur» du complexe résidentiel de la présidence libyenne.
Six ans plus tard, en octobre 2017, une quinzaine d’associations africaines déposaient plainte contre Nicolas Sarkozy pour son action en Libye en tant que président de la République. Celles-ci lui reprochent notamment un changement de régime qui serait responsable de la mort de 50 000 personnes et de désordres majeurs dans la région. Jusqu’en 2011, la Libye contribuait en outre, notamment avec ses gardes-côtes, à la maîtrise des flux migratoires en provenance de l’Afrique noire et à destination de l’Europe.
Selon les chiffres du Département libyen de lutte contre la migration illégale, cités par l’ONU, 19 900 personnes se trouvaient dans ces centres de rétention début novembre 2017.
Source: RT