Benyamin Netanyahou est un habitué des sorties musclées mais également un fervent lecteur de la Bible, citant régulièrement le Livre pour justifier la politique israélienne… Mais ne commettrait-il pas parfois des erreurs d’interprétation ?
Le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou aime à citer la Bible : elle lui permet d’appuyer la politique qu’il mène au Moyen-Orient. Lorsque Donald Trump a décidé de déplacer l’ambassade des Etats-Unis de Tel Aviv à Jérusalem, celui que l’on surnomme affectueusement Bibi en Israël n’a pas pu s’en empêcher… il a de nouveau évoqué l’Ancien testament. «Il y a un livre de très bonne qualité que vous pouvez lire. Il s’agit de la Bible», a-t-il expliqué le 10 décembre à Emmanuel Macron en affichant son soutien à la décision de Donald Trump.
Nous vivons aujourd’hui dans un autre monde
Cette déclaration fait écho à un long florilège d’autres allusions du Premier ministre israélien aux saintes écritures, notamment au cours de l’année 2017. Ainsi, au mois de mars, lors d’une visite à Moscou, il a cherché à convaincre Vladimir Poutine que l’Iran constituait une menace qu’il a reliée à l’antiquité perse.
Il a notamment estimé qu’il y avait «aujourd’hui une tentative de la part de l’Iran, les descendants des Perses, de détruire l’Etat hébreu», une allusion directe à la fête traditionnelle juive de Pourim qui célèbre la fin du joug d’un grand Vizir de la Perse Antique et que Vladimir Poutine venait d’évoquer en lui souhaitant un «joyeux Pourim». A cette occasion, le président russe a rappelé à Benyamin Netanyahou que le mythe biblique relatait une histoire censée s’être déroulée 500 ans avant notre ère et que «nous [vivions] aujourd’hui dans un autre monde.»
Au mois de juillet dernier, lorsque l’Unesco avait reconnu l’héritage palestinien des tombeaux des Patriarches dans la vieille ville d’Hébron, Benyamin Netanyahou avait décidé de répondre en lisant un passage de la Genèse au cours du Conseil des ministres, expliquant que ce passage précis mettait en lumière «le lien entre le peuple juif, Hébron et les tombeaux des Patriarches», un «exemple inédit dans l’histoire des peuples» selon lui.
La Bible : «quatre étoiles sur Amazon», selon Bibi
Benyamin Netanyahou a réitéré cette argumentation lors de l’Assemblée générale des Nations unies au mois de septembre : «En juillet, l’Unesco a placé les Tombeaux des Patriarches d’Hébron dans le giron du patrimoine palestinien. C’est pire que de la désinformation, cela relève de l’aberration historique. Sachez que si Abraham, père d’Ismaël et d’Isaac, y est effectivement enterré, on y trouve aussi les dépouilles d’Isaac, Jacob, Sarah, Rebecca […] et Léa, qui se trouvent être les patriarches et les matriarches du peuple juif. Alors, bien sûr, tout cela n’est pas mentionné dans le rapport de l’Unesco, mais si vous souhaitez vous renseigner, sachez que vous trouverez ces informations dans une publication autrement plus importante. Cela s’appelle la Bible. Je ne saurais vous la recommander assez chaudement. On m’a dit que l’ouvrage avait même reçu la note de quatre étoiles sur cinq sur Amazon. Pour ma part je le lis chaque semaine.»
Le goût visiblement immodéré de Bibi pour la Bible ne suffirait toutefois pas à lui en conférer une connaissance encyclopédique. Lors d’une interview accordée par le ministre des Affaires Etrangères iranien Mohammad Javad Zarif à la chaîne américaine NBC, ce dernier a assuré que le Premier ministre israélien commettait des erreurs dans son interprétation de l’Ancien testament : «Il déforme même ses propres textes sacrés ! Si vous lisez le Livre d’Esther, vous verrez qu’en fait, c’est le souverain iranien qui a sauvé les Juifs.»
Mohammad Javad Zarif a ensuite déploré l’attitude Benyamin Netanyahou et l’a renvoyé à l’histoire : «C’est vraiment très regrettable de pousser la bigoterie au point de proférer de telles allégations contre un peuple qui a sauvé les Juifs par trois fois au cours de l’histoire : une fois quand un Premier ministre voulait tuer les Juifs avant que le roi ne les sauve ; une autre fois à l’époque de Cyrus le Grand, quand il a sauvé les Juifs de Babylone ; et enfin pendant la Seconde guerre mondiale, quand l’Iran a sauvé les Juifs.»
Source: RT