L’Iran a « catégoriquement » rejeté jeudi dans un communiqué les prétentions de l’ambassadrice américaine à l’ONU Nikki Haley sur l’origine iranienne d’un missile tiré par les forces yéménites sur l’Arabie saoudite, jugeant ses « supposées preuves fabriquées ».
A nouveau, Haley a accusé l’Iran d’avoir fourni le missile qui a touché l’Arabie saoudite le 4 novembre, « une accusation que nous rejetons catégoriquement comme infondée, irresponsable, provocatrice et destructive », indique ce communiqué de la mission iranienne à l’ONU.
Ses « supposées preuves, diffusées publiquement aujourd’hui, sont autant fabriquées que d’autres présentées précédemment lors d’autres occasions », indique le communiqué.
Le gouvernement américain « passe son temps à tromper le public avec des affaires » destinées à alimenter son agenda politique, a rétorqué la mission iranienne dans son communiqué.
Haley : L’Iran est beaucoup plus important que Jérusalem pour nos alliés
« L’Iran n’a pas fourni au Yémen des missiles ». « Ce n’est pas un hasard si cette conférence de presse survient deux jours après une interview sur CNN au cours de laquelle elle a affirmé que le combat commun contre l’Iran était bien plus important pour les alliés des Américains dans la région que l’état critique des Palestiniens et la reconnaissance de Jérusalem comme capitale d’Israël », ajoute le communiqué.
« Ces accusations cherchent aussi à couvrir les crimes de guerre de l’Arabie saoudite au Yémen, avec la complicité américaine », dénonce enfin la mission iranienne.
Peu avant, lors d’une conférence de presse à Washington, Nikki Haley avait prétendu que le missile tiré du Yémen sur l’Arabie saoudite avait été « fabriqué en Iran avant d’être envoyé à des rebelles Houthis au Yémen ».
Dans un récent rapport sur des tirs de missiles yéménites vers l’Arabie saoudite, l’ONU précise toutefois n’avoir pas été en mesure d’identifier le fournisseur des missiles ou les intermédiaires éventuels et souligne poursuivre son travail d’enquête.
Téhéran compare ces prétentions aux mensonges de Colin Powell sur les ADM
Pour sa part, le ministre des Affaires étrangères iranien, Javad Zarif, a tweeté l’image de l’ambassadrice en regard de celle de l’ex-secrétaire d’État Colin Powell exhibant une fiole devant le Conseil de sécurité de l’ONU, censée prouver que l’Irak produisait des armes bactériologiques, en février 2003, quelques semaines avant le déclenchement de la guerre d’Irak. Les preuves en question s’étaient avérées fausses.
Zarif a écrit en haut de cette image: « Quand je travaillais aux Nations Unies, j’ai vu ce genre de spectacle et à ce qu’il a engendré ».
Les Etats-Unis tentent de cacher leur rôle dans la guerre au Yémen
Le ministre iranien des Affaires étrangèresa en outre déclaré, en référence au soutien militaire américain à l’Arabie saoudite, « alors que l’Iran appelle depuis le début à un cessez-le-feu (…) et au dialogue au Yémen, les Etats-Unis ont vendu des armes permettant à ses alliés de tuer des civils et d’imposer la famine » .
« Aucune quantité de preuves ou de faits +alternatifs+ ne masqueront la complicité des Etats-Unis dans cette guerre », a poursuivi le chef de la diplomatie iranienne.
L’Arabie saoudite appelle à agir « immédiatement » contre l’Iran
Réagissant aux prétentions américaines, l’Arabie saoudite a appelé vendredi à agir « immédiatement » contre l’Iran.
« Il est nécessaire de prendre des mesures immédiates contre les activités terroristes du régime iranien », a indiqué un communiqué officiel saoudien publié par l’agence SPA.
De leur côté, les Emirats arabes unis et Bahreïn, des proches alliés de l’Arabie saoudite, ont aussi appelé à agir contre l’Iran.
La communauté internationale « doit lutter avec une plus grande force à la menace de l’Iran », ont dit les Emirats dans un communiqué. Bahreïn a de nouveau accusé l’Iran « d’entraîner des terroristes et de créer des groupes terroristes ».
Ansarullah : On aurait demandé des systèmes de défense antimissile
Côté yéménite, le président du Comité révolutionnaire a balayé d’un revers de main les allégations des États-Unis.
Sur son compte Twitter, Mohammed Ali al-Houthi a rejeté, jeudi, les allégations infondées des États-Unis selon lesquelles l’Iran aurait fourni des missiles aux Houthis.
« Si nous avions reçu des missiles de l’Iran, nous leur aurions demandé aussi de nous fournir des systèmes de défense antimissiles pour nous protéger des bombardements de la coalition saoudienne. C’est vraiment ridicule ! Ces accusations viennent de la part des États-Unis qui fournissent, eux mêmes, aux agresseurs, une importante quantité d’armes prohibées. Les États-Unis ont subi un échec cuisant sur tous les plans dans la guerre au Yémen, qu’il soit politique ou militaire; ce qui prouve à quel point sont inefficaces leurs armements dont et surtout le système de défense antimissile Patriot », a-t-il ironiquement lancé.
Détourner l’attention de l’opinion d’AlQuds
Par ailleurs, Abdel Malek al-Adjari, un membre du Conseil politique d’Ansarullah, s’est étonné dans un tweet des allégations de Washington.
« Trois ans après le début de la guerre au Yémen, les Américains prétendent avoir trouvé soudainement des documents montrant le soutien de l’Iran aux Houthis. Ils n’ont encore rien découvert au sujet des missiles tirés du Yémen. Les Américains entendent faire oublier leur décision sur la ville d’AlQuds et manipuler l’opinion publique en propageant l’iranophobie », a-t-il indiqué.
Source: Médias