Le dernier discours du secrétaire général du Hezbollah a de quoi inquiéter aussi bien les dirigeants israéliens qu’Américains, sous oublier leurs alliés arabes, trempés sans la normalisation.
Il ressuscite une rhétorique que le Hezbollah avait mise en demeure pendant de longues années. Voire depuis la dernière guerre avec Israël de 2006.
Haut et fort, sayed Hassan Nasrallah y a exprimé l’attachement inaliénable du Hezbollah à la cause palestinienne, à Jérusalem al-Quds et son entière disposition à lutter pour elle.
Les stratèges de Herzlia ne s’y détrompent pas d’ailleurs.
Pour eux, sayed Nasrallah a « mis fin à tous les plans américains et saoudiens destinés à paralyser l’action du Hezbollah via la manœuvre que le Premier ministre Saad Hariri »
Ayant été contraint à la démission par Riyad, celui-ci a stipulé pour qu’il se désiste que le Hezbollah admette de se démarquer des crises de la région.
Or, au lendemain de la décision du président américain de déclarer al-Quds comme capitale d’Israël, M. Hariri n’a pu qu’exprimer son entière désapprobation.
Il était d’ailleurs en phase avec les réactions qui ont émané de nombreux dirigeants sunnites au Liban, à leur tête le mufti e la république cheikh Dariane. Sans oublier les positions aussi solidaires exprimées par le président libanais et le ministre des Affaires étrangères.
Pas de distanciation sur al-Quds, avait justement diagnostiqué sayed Nasrallah, dans son discours
Tout le concept, destiné à mettre le Hezbollah hors d’état de nuire, pour Israël, est tombé à l’eau.
« C’est une coup qui est infligé à nos plans communs avec la famille de Saoud au Liban. Il est presque décisif », ont estimé les stratèges israéliens, selon lesquels il ne reste plus à Israël que de réactiver leurs services des renseignements, de concert avec ceux des Américains, des Saoudiens et des autres pays du Golfe pour déstabiliser le Liban. Bien entendu, la liquidation du numéro un du Hezbollah figurant en tête.
La situation est d’autant plus grave pour eux que la décision américaine a soulevé un tollé de protestations dans tout le monde arabo islamique et à l’échelle mondiale.
L’ampleur de la riposte semble avoir été sous-estimée par les meneurs de jeu israéliens et américains, lesquels devaient croire que les années de haines intercommunautaires attisées entre sunnites et chiites surtout, par les conflits syrien et irakien durant ces dernières années, étaient suffisantes pour l’étouffer dans l’œuf. Ils doivent être bien déçus
Plus encore, les experts israéliens s’attendent à ce que les derniers évènements aient un impact sur le processus de normalisation avec l’entité sioniste accéléré par les régimes arabes. L’un d’entre eux a même prévu un conflit sanguinaire au sein de la dynastie saoudienne.
Signe de préoccupation accrue, les tractations entre des hauts-fonctionnaires du département des affaires étrangères, à leur tête Eliot Abrahms avec leurs homologues israéliens ont repris de nouveau.
Deux choses les inquiètent le plus.
La première étant l’appel lancé par sayed Nasrallah aux factions de la résistance dans la région afin de mettre au point une stratégie d’action commune en vu d’un programme de libération.
La seconde étant le soutien iranien qui s’est illustré récemment par les contacts entrepris par le chef de l’Unité al-Quds des gardiens de la révolution islamique en Iran, le réputé général Qassem Suleimani, avec les chefs des factions de la résistance palestinienne.
Les stratèges américains et israéliens sont d’accord pour déduire que le chef du Hezbollah a réalisé des acquis importants pour la résistance. D’aucuns parlent d’un renversement de la table.
Depuis sa création, le Hezbollah parait plus que jamais comme une force capable de faire preuve de capacité à diriger un mouvement de résistance régional unifié.
Opérationnellement, il s’est de nouveau impliqué dans la bataille de libération de la Palestine, après avoir longtemps concentré son discours sur les objectifs de défense du Liban, pui sur la lutte contre les mouvement terroristes takfiristes.
Leur hantise semble se concrétiser. Le Hezbollah qui combat Israël est de retour !
(Avec Bassam Abou Chrif, Al-Akhbar)