Le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Zarif a estimé que « la réunion d’urgence du Conseil de sécurité, demandée par les USA, constitue un nouvel échec de la politique étrangère de l’administration de Trump » ajoutant que » cette réunion est une grosse erreur » a rapporté la chaine satellitaire iranienne alAlam.
S’exprimant sur son compte Twitter, M. Zarif a écrit que « le Conseil de sécurité a neutralisé la tentative des États-Unis de détourner la mission principale de cet organe onusien. La majorité des membres ont prôné le respect de l’accord nucléaire et rejeté toute ingérence dans les affaires intérieures des autres pays. Encore un échec de plus dans la politique étrangère de Donald Trump ».
En effet, les États-Unis se sont retrouvés isolés diplomatiquement lors de la réunion du Conseil de sécurité dédiée à la République islamique, qu’ils avaient convoquée.
Lors du Conseil de sécurité de l’ONU, l’Iran a pu compter sur le soutien de son allié russe : « C’est à l’Iran de régler ses propres problèmes », a insisté l’ambassadeur russe à l’ONU, Vassily Nebenzia, en évoquant « une situation interne [qui] est en train de se normaliser ». Le diplomate russe a évoqué des « prétextes fantaisistes » pour la tenue de cette session, en évoquant une « ingérence dans les affaires intérieures iraniennes ». Et d’accuser Washington de « gaspiller l’énergie du Conseil ».
La Russie a notamment été soutenue au Conseil par la Bolivie, l’Éthiopie et la Guinée équatoriale.
L’Iran a rappelé la longue histoire de l’ingérence américaine dans les affaires de l’Iran
Pour sa part, le représentant de l’Iran à l’ONU,Gholamali Khoshroo, avait déclaré, lors de réunion, que « les USA ont dépassé les limites de leurs pouvoirs en tant que membre permanent du Conseil de sécurité, à cause de leur demande de tenir une réunion pour discuter des manifestations »ajoutant que « c’est une insulte au Conseil », selon la chaine libanaise alMayadeen.
Il a souligné que « le gouvernement iranien détient des preuves irréfutables que ces protestations qui ont eu lieu en Iran étaient dirigées de manière évidente de l’extérieur ».
Il a signalé que « ‘ingérence dans la politique de démocratisation » en Iran remonte à 1953, l’année d' »un coup d’État, orchestré par les États-Unis, contre le Premier ministre iranien légalement élu », en allusion à Mohamad Mossadegh . Selon le diplomate, « les actions agressives s’étaient multipliées quand les Iraniens s’étaient dressés contre le régime dictatorial lequel, comme ce n’est pas étonnant, était si cher au gouvernement américain ».
« Dès lors, les États-Unis ont soutenu des tentatives de putsch et de sabotage en Iran, ont introduit des sanctions unilatérales inhumaines et illégitimes contre ses habitants, ont soutenu inconditionnellement Saddam Hussein pendant les huit années de sa guerre dévastatrice contre les Iraniens, en lui fournissant des armes chimiques, voire en s’engageant dans une confrontation directe avec l’Iran pour défendre Saddam », a martelé le diplomate iranien.
La réunion du conseil de sécurité: réactions internationales
De son côté, l’ambassadrice américaine à l’ONU, Nikki Haley, a affirmé que « le monde regardait » ce que font les autorités en Iran.
« Le régime iranien bafoue les droits de son peuple », a-t-elle ajouté, en dénonçant les dépenses d’armement iraniennes aux dépens selon elle du bien-être de la population. « Le message de ce peuple, c’est cessez de soutenir le terrorisme », a dit la diplomate en réclamant le rétablissement de l’internet en Iran.
Elle a ajouté: »les droits de l’homme ne sont pas un droit privilégié des gouvernements, car si les gouvernements ignorent ces droits cela menace la paix et la sécurité internationale comme cela s’est passé en Syrie ».
Et de poursuivre : « nous ne comptons pas garder le silence. Les tentatives malhonnêtes de qualifier les manifestants comme des marionnettes entre les mains de forces étrangères ne changera pas nos convictions. Le peuple iranien connait la vérité. Et nous aussi nous la connaissons ».
« Ils (ndlr: les manifestants) réagissent de leur plein gré et se défendent pour leur avenir. Rien n’empêchera les USA de les soutenir. En 2009, le monde est resté les bras croisés face à l’oppression du gouvernement iranien envers le peuple. En 2018, il n’est pas question pour nous de garder le silence », a-t-elle martelé.
Le représentant de la GB, Mathew Rycroft a affirmé que « le transfert d’armes viole la résolution 2231 et prolonge la souffrance du peuple iranien » ajoutant qu' »il est du droit du conseil de se réunir pour n’importe quel conflit qui menace la paix et la sécurité internationales ».
Il a, toutefois, noté que « l’Iran a des préoccupations sécuritaires justifiées dans la région surtout après avoir subi la guerre contre l’Irak ».
Le représentant de la France, François Delettres, a exprimé « le souhait de la France d’entamer un dialogue avec l’Iran sur plusieurs questions notamment ses activités balistiques » insistant sur le fait que « nous voulons préserver l’accord nucléaire ».
L’adjoint secrétaire général de l’ONU, chargé des affaires politiques , Tayyep Zerihoun, a indiqué que » plus de 20 civils et militaires iraniens ont été tués et la majorité des détenus ont été liberés » et que « les manifestations ont dégénéré en la destruction des biens publics » soulignant que c’est la police iranienne qui a dispersé les manifestations et non l’armée.
Le représentant de la Bolivie, Sacha Sergio, a accusé les USA « d’exploiter la situation en Iran à des fins politiques privées », appelant « à ne pas s’ingérer dans les affaires intérieures des autres pays ».
Le représentant du Koweit, Mansour alOteybé a appelé » au respect du droit à l’expression et aux manifestations pacifiques » assurant que » le soutien diplomatique du Koweit pour empêcher l’explosion des conflits qui menacent la paix et la sécurité internationales ».
Il a insisté sur « le respect de la souverainneté de l’Etat et le respect du principe de non-ingérence dans les affaires internes du pays » rappelant « les manifestations pacifiques qui ont éclaté dans d’autres pays et qui ont dégénéré en violences ».
Source: Médias