En marge du forum international Club de Discussion Valdaï, le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif a évoqué avec Sputnik l’accord sur le nucléaire conclu à Vienne, une question toujours «chaude» entre l’Iran et les États-Unis.
Cette question préoccupe depuis longtemps le Président américain, qui avait auparavant demandé à ses alliés européens de prendre part à la révision de l’accord nucléaire avec Téhéran. En cas de refus, il avait menacé de renoncer à ce traité.
En réponse, le ministère iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, a promis que Téhéran riposterait si ses intérêts n’étaient pas assurés dans le cadre de l’accord de Vienne sur le nucléaire iranien. Dans une interview accordée à Sputnik en marge du forum international Club de Discussion Valdaï, M. Zarif a déclaré que «les accords internationaux ne pouvaient être modifiés d’une façon unilatérale».
«La situation est telle que toute la communauté internationale, y compris les Américains, à l’exception du gouvernement de Trump, d’Israël ainsi que de deux-trois pays du Moyen-Orient, reconnaissent le fait que l’accord nucléaire est un accord international et non pas un accord bilatéral entre l’Iran et les États-Unis. Les accords internationaux ne peuvent pas être modifiés d’une façon unilatérale par ceux qui les ont signés. Si cette pratique [de la résiliation des accords de façon unilatérale, ndlr] devient universellement admise à l’échelle mondiale, il sera bien plus compliqué de se mettre d’accord. Les pays qui ont conclu un accord avec les États-Unis penseront qu’il faudra revoir cet accord en cas de changement de gouvernement américain», a-t-il déclaré à Sputnik.
Ce qui se passe actuellement dans la communauté internationale autour de l’accord nucléaire est en réalité bien plus important, car cela touche l’ordre mondial, souligne le chef de la diplomatie iranienne. Un accord international ne verra jamais le jour si un pays, même s’il s’agit d’une superpuissance, est capable de négliger ses engagements et de résilier l’accord.
«Aujourd’hui, compte tenu des besoins de la communauté internationale dans le règlement d’un certain nombre de problèmes, les pays ont un intérêt commun qui fait qu’ils ne soutiennent pas l’approche américaine sur l’accord nucléaire. Au contraire, ils se prononcent contre. Il est clair que si les États-Unis décident de quitter de façon unilatérale cet accord ou de le résilier, ils vont s’isoler et deviendront des parias de l’arène mondial», a souligné M. Zarif.
D’après le chef de la diplomatie iranienne, il reste encore à voir comment l’opposition des pays européens à l’encontre de la position américaine sera mise en pratique: «Lors des négociations, les Européens insistent sur le fait qu’ils entreprendront toutes les démarches nécessaires [pour conserver l’accord, ndlr]. Même dans les discours publics, ils insistent sur le fait qu’ils refusent de revoir l’accord déjà signé. De plus, ils prônent la protection de leurs propres intérêts et le maintien des engagements déjà atteints par l’accord. Il nous reste à voir ce que les Européens vont entreprendre concrètement et à quel point ils manifesteront leur volonté politique.»
En cas de révision ou de rupture de l’accord, quelles contre-mesures les autorités iraniennes peuvent-elles prendre? Dans son interview à Sputnik, M. Zarif a prévenu que «l’Iran avait préparé une liste de mesures qui déplairont certainement aux Américains».
«Bien sûr, nous ne voulons pas faire peur à qui que ce soit. Cependant, nous souhaitons que tout le monde réfléchisse raisonnablement et prenne avec une attention particulière des décisions équilibrées. Malheureusement, les États-Unis n’ont jamais respecté leurs engagements dans le cadre de cet accord. Mais dans le cas où les États-Unis rompent de manière unilatérale cet accord, où ils violeraient les lois, l’Iran a préparé une liste de mesures qui déplairont certainement aux Américains. Le scénario que l’Iran mettra en place ne dépend que de la sagesse des autorités américaines. Je vais dire une chose: ceux qui ont du bon sens doivent craindre ces actions [de la part de l’Iran, ndlr]», a-t-il déclaré.
Le plan d’action conjoint sur le programme nucléaire iranien a été conclu entre Téhéran et les puissances du groupe P5+1 (États-Unis, Allemagne, France, Grande-Bretagne, Russie et Chine) le 14 juillet 2015, après douze ans de crises diplomatiques et d’âpres négociations.
Qualifié à l’époque d’«historique», le texte, qui encadre les activités nucléaires iraniennes en contrepartie d’une levée progressive des sanctions frappant la République islamique, est profondément fragilisé depuis la décision de Donald Trump de ne pas certifier au Congrès que Téhéran en respecte les termes.
Source: Sputnik