L’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) va envoyer une délégation en Syrie pour enquêter sur la soi-disant attaque chimique qui aurait eu lieu dans la ville de Douma le samedi 7 avril.
Cette décision intervient à la demande de la Russie et de la Syrie qui ont invité de concert l’organisation internationale à venir enquêter sur place.
Damas avait adressé une « invitation officielle » par la biais de son ministère des Affaires étrangères à l’OIAC pour venir enquêter dans la ville de Douma, a rapporté mardi l’agence officielle Sana.
« Le ministère a adressé une invitation officielle à l’OIAC pour l’envoi d’une mission d’établissement des faits pour une visite à Douma et une enquête sur les allégations concernant l’utilisation présumée d’armes chimiques », selon la même source.
Le ministre russe des AE avait lui aussi indiqué avoir fait de même, se plaignant que la réponse tardait à venir. Il a aussi ajouté que son pays allait déposer mardi à l’ONU un projet de résolution pour exiger « une enquête » de l’OIAC.
L’attaque lors de l’accord
Le samedi 7 avril, alors qu’un accord venait d’être conclu entre le gouvernement syrien et la milice pro saoudienne Jaïsh al-Islam, les images d’une mise en scène d’une attaque chimique contre un hôpital de Douma, dans la Ghouta orientale ont été postées sur la Toile.
Ces allégations ont été reprises par les puissances occidentales, qui n’ont cessé depuis le début de la bataille de libération de l’enclave de la Ghouta orientale de mettre en garde contre une présumée attaque chimique.
La conquête de la Ghouta par Damas constitue un revers important pour les puissances occidentales et leurs alliés des monarchies arabes qui ont œuvré pour renverser le président syrien, en contribuant à la militarisation du mouvement de contestation pacifique qui avait éclaté dans la foulée du Printemps arabe.
Depuis 2013, Damas était sous la menace des rebelles de la Ghouta : ils ont essayé à plusieurs reprises de la conquérir et n’ont cessé de la bombarder occasionnant des centaines de tués et de blessés.
Pour sa part, la Russie a démenti l’information sur une bombe au chlore qui aurait été larguée par des militaires syriens sur Douma. Son ministère des AE l’a qualifiée d’ « intox destinée à justifier les actions des terroristes et les éventuelles frappes militaires étrangères ».
Alors que le ministère syrien des AE a taxé ces accusations infondées d' »ennuyeuses et peu convaincantes ». Pour Damas, ces accusations de recourir à l’arme chimique, alors qu’elle a démantelé son programme chimique sous la supervision de l’OIAC, interviennent en raison de l’exploit qu’elle a réalisée.
Moscou ne croira plus sur paroles
S’exprimant sur la nécessité que l’OIAC enquête sur place, M. Lavrov a affirmé que Moscou ne croira plus sur paroles des conclusions faites à distance.
«Nous ne pouvons plus croire sur parole des résultats obtenus à l’issue d’une enquête menée à distance, comme c’était le cas il y a un an à Khan Cheikhoun lorsqu’à la fin de cette enquête à distance on a eu un rapport flou, rempli de phrases comme « highly possible » ou « highly likely ». Nous connaissons la valeur de ces expressions et n’y croirons plus jamais», a tranché M. Lavrov.
Pour que « les enquêteurs de l’OIAC remplissent leurs obligations », ils doivent « nécessairement se rendre sur place », a poursuivi Sergueï Lavrov. Selon lui, les forces russes en Syrie et le régime syrien sont en mesure de garantir la sécurité des inspecteurs de l’OIAC.
Comme à Khan Cheïkhoune
Dans le même temps, M. Lavrov a souligné que cette situation à Douma rappelait celle qui a eu lieu à Khan Cheïkhoun.
«Comme il y a un an, lorsque nous avons refusé fermement d’accepter la résolution du Conseil de sécurité de l’Onu qui était basée sur des conclusions et appréciations très floues et brouillées», a-t-il conclu.
L’enquête s’était alors basée sur des échantillons, fournis par les rebelles qui étaient derrière l’accusation infondée imputée à l’armée syrienne, et qui avaient transité par la Turquie, un pays qui a joué un rôle destructeur contre la Syrie.
Dans 24 ou 48 heures
De son côté, le président américain Donald Trump fait monter les surenchères faisant planer le doute sur une frappe militaire contre la Syrie.
Lundi, il a dit que la Syrie devrait «payer le prix fort pour l’attaque chimique», assurant que sa décision sera arrêtée dans les 24 ou les 48 prochaines heures.
Ce mardi, la Maison Blanche a annoncé qu’il ne participera pas, comme initialement prévu, au Sommet des Amériques en fin de semaine au Pérou, mais restera à Washington pour gérer le dossier syrien. L’annonce de l’annulation de dernière minute de ce voyage intervient au lendemain d’une spectaculaire perquisition du FBI dans les bureaux et au domicile de Michael Cohen, avocat personnel de Donald Trump, une initiative qui a provoqué la colère du président américain.
Les Etats-Unis aussi doivent déposer mardi un projet de résolution instituant un mécanisme d’enquête international sur le recours à des armes chimiques en Syrie, mais il comprend des « éléments inacceptables » pour la Russie, selon l’ambassadeur russe à l’ONU, Vassili Nebenzia.
Mise en garde russe
Le diplomate russe a aussi mis en garde contre de graves conséquences en cas de frappes en Syrie
«Par les canaux appropriés, nous avons déjà informé la partie américaine qu’un recours à la force sous de faux prétextes contre la Syrie, où se trouvent des militaires russes à la demande du gouvernement légitime de ce pays, pourrait conduire aux conséquences les plus graves», a-t-il déclaré lors d’une réunion du Conseil de sécurité sur la Syrie.
Et l’Arabie aussi
Ce mardi, l’Arabie saoudite a elle aussi donné du sien dans cette affaire.
« Des consultations sont en cours avec un certain nombre de pays sur les mesures à prendre sur cette question », a dit son ministre des Affaires étrangères Adel Al-Jubeir, qui n’a pas exclu une action militaire.
Sachant que Riyad soutenait la milice Jaïsh al-Islam qui est sur le point d’être délogé de Douma.
Sources: AFP, Sputnik.
Source: Divers