Les informations divulguées le 30 avril par Benjamin Netanyahu au sujet du programme nucléaire iranien n’ont aucune valeur en elles, mais jouent la carte de Washington qui cherche à annuler l’accord nucléaire avec l’Iran. Les USA chercheront à en profiter pour faire changer l’Europe d’attitude sur cette question.
La déclaration de Benjamin Netanyahu accusant Téhéran d’avoir dissimulé la composante militaire de son programme nucléaire, violant ainsi ses engagements internationaux, intervient au moment où la rupture de l’accord nucléaire iranien est une des principales priorités de la politique étrangère de Donald Trump et de son administration. Le Président américain a qualifié à maintes reprises cet accord, jusque-là considéré comme l’un des principaux acquis de Barack Obama, comme inutile et devait rendre son verdict définitif à ce sujet le 12 mai, rappelle dans son éditorial l’observatrice de Sputnik Irina Alksnis.
«L’ordre du jour des rencontres entre les chefs d’État les plus influents du monde de ces derniers jours est largement consacré à cette question. Washington s’obstine à faire liquider l’accord, les puissances européennes, sans même mentionner la Russie, s’y opposent», explique-t-elle.
Compte tenu de ses relations avec Téhéran, Tel Aviv soutient absolument l’attitude de Washington vis-à-vis de l’Iran et de son programme nucléaire et cette dernière déclaration ne fait qu’apporter sa pierre à l’édifice, consolidant la position des États-Unis, pointe Mme Alksnis.
Les milieux politiques et ceux d’experts se penchent activement sur les analyses, les pronostics et les simples spéculations au sujet du nouveau facteur lié à l’Iran et son programme nucléaire. Et des avis absolument opposés — allant des rappels de la nécessité de vérifier l’authenticité des archives en question aux assertions que les informations divulguées par Benjamin Netanyahu ont porté un coup dur à l’accord nucléaire et à la réputation des pays participants — s’affrontent, indique-t-elle dans son éditorial.
«Il semble que la réalité soit beaucoup plus prosaïque: les documents qu’Israël a présentés n’ont aucune signification réelle vu que dans la situation actuelle, les faits et la vérité en tant que tels n’ont aucune influence sur les décisions prises par l’Occident», souligne l’auteur de la publication, ajoutant que Benjamin Netanyahu aurait également pu présenter un tube contenant une substance lumineuse et dire qu’il s’agissait de l’uranium produit par l’Iran, l’effet aurait été le même.
L’intrigue de toute cette histoire consiste à savoir si Washington parviendra à persuader les pays européens de renoncer à l’accord nucléaire avec l’Iran, estime-t-elle.
«Comme nous le savons, l’Europe est en fait le principal obstacle dans le chemin de Trump et les visites de Macron et de Merkel dans la « cité lumineuse sur la colline » ne les ont pas fait changer d’attitude. Le Vieux Monde s’obstine à se faire sacrifier au nom du salut de l’économie américaine».
Or, indique Mme Alksnis, Washington profitera au maximum des informations divulguées par Netanyahu pour obtenir le soutien de l’Europe sur la sortie de l’accord nucléaire avec l’Iran. Quand, en soi, cette information n’a aucune valeur réelle.
La question la plus intéressante est de savoir si les États-Unis parviendront à atteindre leur but. Si ce n’est pas le cas, ceci signifiera que le monde est définitivement entré dans une nouvelle époque, conclut-elle.
S’exprimant à l’approche de la date butoir du 12 mai fixée par le Président Donald Trump pour décider ou non de dénoncer l’accord nucléaire iranien conclu en 2015, le Premier ministre israélien a affirmé le 30 avril que son pays disposait de nouvelles «preuves convaincantes» d’un programme secret iranien pour se doter de l’arme nucléaire.
Selon Netanyahu, le renseignement israélien a réussi à se procurer 55.000 pages et 55.000 documents conservés sur 183 CD qui étaient stockés dans un entrepôt secret dans le sud de Téhéran.
Benjamin Netanyahu assure que ces archives démontrent que l’accord nucléaire conclu le 14 juillet 2015 à Vienne entre l’Iran et les puissances du P5+1 (les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l’Onu, États-Unis, Russie, Chine, France et Royaume-Uni, ainsi que l’Allemagne) est «fondé sur des mensonges».
Source: Sputnik