Elle n’a pas encore de nom, mais aura pour mission d’incarner le futur de l’Égypte. Elle, c’est une ville, et même la nouvelle capitale administrative du pays, qui, aujourd’hui, émerge progressivement du désert. Des milliers de camions et des dizaines de milliers d’ouvriers participent au plus grand chantier d’Afrique. La ville, grande comme sept fois Paris intra-muros, regroupera bientôt toutes les institutions égyptiennes : les ministères, le palais du gouvernement ou encore un parlement trois fois plus grand que le parlement actuel. Les ouvriers s’y relaient 24 heures sur 24 ; le déménagement est prévu dès l’an prochain.
Pour arriver jusqu’ici, les habitants emprunteront des autoroutes à 12 voies. Un aéroport sera construit, et 1 200 lieux de culte sont également prévus, comme une cathédrale copte ou une mosquée impressionnante. Plusieurs centaines de milliers de fonctionnaires s’installeront dans d’immenses quartiers résidentiels. La ville doit, à terme, accueillir six millions de personnes.
Le Caire, suffocante, encombrée est, elle, souvent paralysée par les perpétuels embouteillages. La nouvelle capitale s’en éloignera de 60 kilomètres et promet des espaces verts ainsi qu’une architecture rappelant celle de Dubaï. Les panneaux sont installés le long de la route et vantent les mérites de la future ville à coup de noms ronflants censés convaincre les Égyptiens de rejoindre le désert.
Certains urbanistes critiquent le projet et estiment qu’il est voué à l’échec. Depuis plusieurs décennies, les villes nouvelles construites en Égypte ont presque toutes été des fiascos. Pas de transports en commun, pas d’énergie verte, 75% de logements vides à Al Shorouk, par exemple. La nouvelle capitale semble trop proche de l’ancienne et pourrait vite être avalée par l’expansion du Caire. Le projet à 40 milliards d’euros tournera-t-il alors au fiasco ? Le président s’installera dans la ville l’an prochain dans un palais qui, dit-on, est digne des pharaons.
Par Bob Woodward
Source: Decrypt news online