Les récentes déclarations du chef du bureau politique du mouvement palestinien Hamas Ismail Haniyeh par rapport à la crise syrienne ne sont pas passées inaperçu.
« Jamais le Hamas n’a nourri d’hostilité envers l’État syrien qui a toujours soutenu la Résistance à des moments sensibles et déterminants », a-t-il affirmé avant de souligner que l’Iran « est un pays clé dans la région dont les relations avec le Hamas sont stratégiques ». Rejoignant la position du numéro un du Hamas, Yahya Sinwar, qui a lui aussi insiste pour tourner la page.
Lors de l’éclatement de la crise syrienne, le Hamas s’était rangé au côté de l’insurrection d’autant qu’elle était dirigée par le Confrérie de Frères Musulmans, dont il est issue.
« La révolution en Syrie est devenue une fitna (zizanie) ,.., la Syrie est devenue le théatre de règlements de compte internationaux. Nous espérons que les combats prendront fin et l’effusion de sang s’arrêtera… car (cette situation, ndlr) nuit énormément à la conjoncture nationale et à la cause palestinienne en particulier », a déploré aussi M, Haniyeh.
La profondeur sunnite
Au sein des rebelles en Syrie, les réactions ne se sont pas fait attendre.
La plus virulente est sans doute celle exprimée par le prédicateur saoudien wahhabite Abdallah al-Mohaycini. Celui-ci est le chef spirituel du front al-Nosra, branche d’Al-Qaïda en Syrie, rebaptisée front Fatah al-Cham et combattant dans le cadre de Hayat Tahrir al-Cham. Il s’est installé dans la province d’Idleb, région du nord-ouest de la Syrie, occupée par le Nosra et Cie avec le consentement turque.
« Les dirigeants du Hamas, que Dieu leur pardonne et nous pardonne, devraient prendre en compte que leur profondeur sunnite vient directement après Dieu, comme cause essentielle de leur résistance », a-t-il écrit sur son compte Twitter.
Il a ajouté : « vous ne devez pas miser sur le soutien politique et matériel seulement mais aussi sur votre profondeur sunnite. Nous savons les difficultés que vous traversez et nous nous fions à Dieu contre tous ceux qui ont abandonné notre cause et la vôtre ».
La branche militaire , axe de la résistance
Selon le rédacteur en chef du site en ligne londonien arabophone ar-Raï al-Yaoum (L’opinion du jour), Abdel Bari Atwane, toutes les composantes du Hamas ne sont pas responsables de la brouille qui a éclaté en 2011 entre le mouvement et Damas.
« Il y a là une part non-négligeable qu’ont joué certains éléments du Hamas, trop proches des monarchies arabes du golfe Persique; soit ce camp qui a été le fer de lance du projet américano-arabe lequel cherche à démembrer tous les pays de la région notamment l’Irak et la Syrie et à balayer d’un revers de main la cause palestinienne », a-t-il précisé.
M. Atwane estime toutefois que « l’aile militaire du Hamas s’est toujours considérée avec force et conviction comme faisant partie de l’axe de la Résistance et croit à la nécessité d’un renforcement des liens entre le Hamas et le Hezbollah libanais ».
La grande inconnue n’en demeure pas moins la réaction de la direction syrienne laquelle boude toujours le Hamas et refuse toute réconciliation.
« La Syrie est un grand pays dont les dirigeants se comportent de façon responsable face à ceux qui s’opposent au monde musulman. Nous estimons qu’il est l’heure d’évaluer les positions et de reconnaître des erreurs du passé et de rétablir les ponts d’amitié et de fraternité avec le mouvement national palestinien. L’heure est grave, c’est l’existence même du monde musulman qui est en cause. La Résistance est une stratégie de libération qui n’a désormais plus aucune alternative », a conclu le rédacteur en chef de Rai al-Youm.
Sources : Al-Dorar al-Chamiyat ; Press TV; Ar-Raï al-Yaoum