Le conseiller du président américain Donald Trump, Jared Kushner, qui effectue une tournée dans la région, s’est interrogé dimanche sur la capacité mais aussi la volonté du président palestinien Mahmoud Abbas de faire des concessions en vue d’un accord de paix avec Israël, assurant que le plan de paix américain pourrait être présenté sans le consentement des Palestiniens.
Dans une rare interview, accordée au journal palestinien Al-Qods, le gendre pro israélien de Donald Trump a réaffirmé la volonté des Etats-Unis de relancer le processus de paix israélo-palestinien, avec ou sans les Palestiniens à la table des négociations, a rapporté l’AFP.
Depuis le 19 juin, M. Kushner a rencontré différents dirigeants régionaux, dans le cadre d’une discrète tournée effectuée en compagnie de l’émissaire spécial de Donald Trump pour le Moyen-Orient, Jason Greenblatt.
Aucune rencontre n’est toutefois prévue avec les responsables palestiniens.
« Le président (Mahmoud) Abbas dit qu’il est attaché à la paix et je n’ai aucune raison de ne pas le croire », a déclaré Jared Kushner dans cette interview à Al-Qods. « Cependant, je me demande dans quelle mesure le président Abbas a la capacité ou la volonté de s’engager afin de conclure un accord ».
« Il discute des mêmes points depuis 25 ans. Aucun accord de paix n’a été conclu pendant cette période », a-t-il ajouté.
Selon M. Kushner, « afin de parvenir à un accord, les deux parties devront faire un pas en avant et se retrouver à mi-chemin de leurs positions officielles. Je ne suis pas sûr que le président Abbas soit en mesure de faire cela ».
Jared Kushner et Jason Greenblatt ont rencontré le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu. Ils se sont aussi rendus en Jordanie, en Arabie Saoudite et en Egypte.
Les contacts sont en revanche gelés entre les Palestiniens et les autorités américaines depuis la reconnaissance par l’administration Trump de Jérusalem comme capitale d’Israël, en décembre dernier.
Les Palestiniens considèrent Jérusalem-Est comme leur future capitale, insistant sur le fait que le statut de la ville doit être négocié dans le cadre d’un accord de paix, comme le préconise la communauté internationale.
Le porte-parole de la présidence palestinienne, Nabil Abou Roudeina, a estimé que les efforts américains, qui « ignorent » les positions palestiniennes sur des questions telles que Jérusalem, la création d’un Etat palestinien et les réfugiés, étaient voués à l’échec.
Après son arrivée à la Maison blanche en janvier 2017, Donald Trump a chargé Jared Kushner de formuler un plan en vue de parvenir à un « accord ultime » entre Israël et les Palestiniens.
Au journal Al-Qods, Jared Kushner a affirmé que ce plan, dont aucun détail précis n’a filtré, était « presque prêt », et qu’il pourrait être présenté sans le consentement des Palestiniens. Il est présenté sous l’appellation le Deal du siècle.
« Si le président Abbas est prêt à revenir à la table (des négociations), nous sommes prêts à discuter, sinon nous publierons probablement le plan », a-t-il dit.
Selon le journal libanais al-Akhbar, l’administration américaine a suggéré aux responsables jordaniens et saoudiens un plan destiné à empêcher les factions de la résistance palestinienne dans la bande de Gaza de toute réaction lors de l’annonce du Deal du siècle.
Ce plan préconise l’octroi d’une aide humanitaire comprenant entre autre des usines de désalinisation de l’eau et une centrale électrique solaire. Cette aide devrait bien entendu être financée par les pays arabes.
« La résistance ne permettra pas de faire passer le deal qui est mort-né et aucun protagoniste palestinien ne lui accordera son consentement », a affirmé une source palestinienne proche des factions de résistance dans la bande de Gaza.