La politique actuelle du gouvernement d’Erdogan et le statut géopolitique de la Turquie dans la région sont deux bonnes raisons pour que Washington décide de se tourner à nouveau vers Ankara.
Les États-Unis ont fait une nouvelle tentative de réduire de nouveau les distances avec la Turquie dans l’espoir de pouvoir se servir de la carte « turque » pour réduire le poids de l’Iran et de la Russie en Syrie. C’est un jeu gagnant-gagnant puisque la Turquie espère, elle aussi pouvoir, à l’appui des Américains, étendre sa suprématie sur la rive orientale de l’Euphrate, quitte à empêcher à jamais l’émergence d’une entité kurde sur ses frontières sud.
Dans un article publié par le journal Al-Araby Al-Jadeed, Khorchid Dali, lève le voile sur des rapports secrets qu’entretiennent Washington avec Ankara sur fond de ce que les médias dominants qualifient de « tensions américano-turques ».
Pour justifier sa déclaration, l’auteur présente des preuves d’un réchauffement ces dernières semaines des relations États-Unis/Turquie.
Comme première preuve, l’auteur évoque l’accord Washington/Ankara dans la ville syrienne de Manbij, contrôlée pour l’instant par les Forces démocratiques syriennes (FDS), et ce, malgré l’objection turque contre le soutien des États-Unis aux Kurdes de Syrie. Or les Kurdes de Syrie ne se sentent plus autant que par le passé « appuyés » par les Américains : Ils se voient trahis par la coalition américaine, notamment après que celle-ci a décidé de les abandonner face à l’armée turque à Afrin.
Le deuxième indice qui renforce l’hypothèse des tractations en coulisse entre les États-Unis et la Turquie et ce, à la défaveur des liens d’Ankara avec l’Iran et la Russie reste l’annonce par le Pentagone de la vente des chasseurs F-35 à la Turquie. Washington n’irait même pas demander l’aval du Congrès pour cette vente. Plusieurs analystes politiques croient que Washington cherche à persuader Ankara de revenir sur le contrat d’achat des systèmes russes de missiles sol-air S-400 et de les remplacer par les missiles US Patriot.
Le récent choix de David Satterfield, ambassadeur US à Ankara est également vu comme un soutien explicite de la Maison Blanche au président turc qui vient de remporter une large victoire aux législatives anticipées. Le diplomate est un spécialiste du Moyen-Orient et sa nomination s’inscrit dans le sens de nouvelles tentatives US de revenir à l’option turque, quitte à travailler avec son ex-partenaire dans la guerre contre Assad. L’objectif US est des plus clairs : contrer l’Iran. Une chose est sûre : l’alliance Iran/Russie/Turquie en Syrie ne sortira pas indemne de ces tentatives américaines. Reste à savoir si oui ou non Ankara est prêt à se laisser une nouvelle fois berner par les promesses US. Après tout, Erdogan revient de loin, et ce serait une grave erreur que de faire confiance une nouvelle fois aux Américains.
Source: Press TV